Avant d’aborder la dernière étape de la course présidentielle
nous devons revenir sur ce qui a été le sujet de nos blogs au cours des 7 années
pendant lesquelles nous n’avons cessé de nous demander pourquoi la France n’avait
pas, comme les autres démocraties occidentales, un vrai parti socialiste, social-démocrate,
moderne et réformateur. Avec l’élection de Hollande s'est posée la question :
sera-t-il le Schröder français ou un second Jospin ? Nous avons eu la
réponse. Accablante : il sera Hollande !
On nous rétorquera
que c’est un phénomène général qui frappe les grands partis de gouvernement. Il
est exact qu’ils sont atteints par le discrédit. Mais on ne peut comparer la
défaite des Républicains et la déroute des socialistes. D’abord, par son
ampleur : 20 % ce n’est pas 6% et surtout le parti de droite a été principalement victime
du suicide de son candidat mais il surmontera la guerre de succession et il finira
par avoir un nouveau chef. Ce ne sont pas tant les idées qui sont en cause que le
management qui a péché. On verra bien comment elle s’en sortira.
Le parti socialiste,
en revanche, a été frappé d’une longue maladie qui a fini par lui être fatale. Il
n’est plus qu’un champ de ruine. Il n’a plus de leaders, plus d’idées et plus
de projets. La situation est pire que ce que l’on redoutait.
Un premier défi se
présente à court terme : les élections législatives de 2017. Comment les
aborder ?
La division parait
la plus probable et les hypothèses d’éclatement sont fort nombreuses.
1/D’abord, pour aussi catastrophique qu’ait été le score de
Hamon, il n’a pas renoncé. Au contraire, il considère que sa campagne a été "fondatrice"
et qu’elle annonce le nouveau parti socialiste et écologiste (comment ne pas penser à Ségolène qui, sèchement battue, annonçait de nouvelles victoires ?) : « Vous
attendez une renaissance. Ce soir elle est douloureuse, demain elle sera
féconde. Je ne déserterai jamais ! » Voici donc un parti socialiste gauche ultra…
2/Rallier le parti de Macron "En Marche !" ?
Certains l’ont déjà fait mais ils risquent d’être déçus de l’accueil. La
vérité, c’est qu’ils ne sont pas aujourd'hui les bienvenus et que très peu ont une chance d’obtenir une investiture EM. Les militants de base, en revanche, et les élus des
collectivités territoriales, s'ils sont moins visibles politiquement ils conservent un ancrage réel
sur le terrain. Ce qui ne sera pas le cas de tous les candidats de "En
Marche" et Macron aurait bien tort de s’en priver. Une hémorragie à ce
niveau serait mortelle pour le PS. Mais enfin, ne vous inquiétez pas pour les transfuges on finira bien par trouver une cellule pour caser les socialistes macroniens.
3/ Présenter des candidats sur son nom, comme s’il ne
s’était rien passé, derrière une unité de façade selon la vieille méthode
socialiste du compromis ? Cela permettrait de faire comme si le parti n’était
pas mort et surtout de ramasser quelque argent de l’État, ce qui lui est
indispensable pour sa survie. Parce qu’avec le petit nombre d’électeurs qui ont
voté pour Hamon, le trésorier fait grise mine. Si le PS parvenait à faire
rentrer à l’assemblée quelques dizaines de députés il pourrait espérer négocier
avec Macron dans l’hypothèse où ce dernier serait contraint de constituer une
coalition de gouvernement. Beaucoup de "si" dont un, en particulier, qui rend la chose bien improbable : il faudrait d’abord ranger les longs couteaux
et que la nuit que tout le monde prévoit n’ait pas lieu.
Ce n’est pas gagné
car on voit bien les armées déjà en ordre de bataille. Ceux qui restent fidèles
à Hollande n’entendent pas se laisser voler le parti et les amis de Valls plus que jamais décidés à siphonner le PS. Il y aura donc un parti socialiste canal historique et un parti social démocrate hors les murs. « Ça
va être un beau bordel ! » a déclaré un dirigeant socialiste…
Il va aussi se poser
le problème des alliances. Celle qui a été négociée par Hamon avec EELV est
morte. Comment maintenir des engagements qui n’ont pas convaincu et surtout un
accord électoral portant sur une centaine de sièges ? Surréaliste ! Il n’est
plus temps d’être généreux. Les radicaux sont partis chez Macron et de toute
façon il faut un microscope pour les suivre. L’extrême gauche de Mélenchon
et du PC ? Tout s’y oppose, l’idéologie, la stratégie et les haines
individuelles. Mélenchon n’a plus qu’une obsession dans sa vie : détruire
le PS. Il ne va pas faire la courte échelle à la gauche du PS.
On peut donc imaginer que pourraient s’affronter au premier tour une
demi-douzaine de candidats de gauche. Une chance pour la droite ou pour Macron ?
Reste une question :
Macron tiendra-t-il son engagement de présenter partout un candidat "En
Marche" (dont 50% de femmes et 50% émanant de la société civile) et de ne pas
prendre de "sortants" (en même temps, certains …) ? Quelle
chance aurait-il alors d’obtenir une majorité absolue sur son nom et quelle
garantie, compte tenu de la diversité d’origines des candidats, qu’elle serait
unie ? Mais on sait maintenant qu’il y a toujours deux vérités chez Macron
("En même temps …).
Ainsi a-t-il déclaré,
dans l’euphorie de la victoire : « Je veux construire une majorité de
gouvernement et de transformation nouvelle. » Il se dit persuadé de
pouvoir obtenir seul la majorité absolue. Il exclut donc tout accord électoral
avec aucun parti, à l’exception du MODEM de Bayrou. Une façon de provoquer les
ralliements individuels, "maintenant" précise-t-il. C’est-à-dire sans
laisser le temps au PS de gérer sa décomposition.
Donc pas d’accord
électoral ! Mais en même temps, c’est-à-dire un peu plus tard, il envisagera des "majorités de
projet".
On a eu du mal avec
le hollandais, maintenant, il va falloir à apprendre parler le macron.
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