Après Hamon, il nous faut aujourd’hui
parler de Macron. Nous ne parlerons pas de l’homme, nous l’avons déjà fait en
avril dernier alors qu’il venait de créer son mouvement "En
Marche !" Il était alors ministre de l’Économie et ne s’était pas
encore lancé dans l’aventure présidentielle.
Si vous avez la curiosité de relire ce que nous écrivions, on peut y
accéder par le lien suivant :
Nous venons de le faire et nous nous sommes rendu compte d’une évidente
sympathie à son égard qui nous faisait écrire en conclusion : "Valls
a un successeur". N’est-ce pas ce qui s’est produit ?
Au début, que de sarcasmes ! Qui croyait alors que cette aventure
solitaire pourrait avoir un avenir au-delà du coup de pub ? Pourtant
depuis qu’il s’est mis à marcher, il ne s’est pas arrêté et, comme le Divin
enfant, il ne cesse d’être rejoint par des disciples de plus en plus nombreux,
une foule en marche ! Les ricanements se font de plus en plus jaunes. Il
faut dire qu’en plus du talent il a de la chance : le renoncement de
Hollande d’abord qui lui ouvre la voie, l’élimination de Juppé qui plaisait
bien aux centristes, puis les malheurs de Fillon dont une partie des
sympathisants regardent dans sa direction et enfin la victoire de Hamon à la
primaire de gauche qui va également envoyer vers lui les déçus de la sociale
démocratie.
Aujourd’hui, en cette période d’incertitude où les surprises se font
ordinaires, il figure parmi les présidentiables. D’ailleurs, certains le
placent en 2ème position face à Le Pen et largement vainqueur au second tour.
Nous n’y sommes pas encore et bien des choses peuvent se passer, la droite peut
se ressaisir, la gauche du PS et l’extrême gauche peuvent faire alliance,
Macron à son tour peut connaître des difficultés. Mais enfin, aujourd’hui, il
faut compter avec lui.
Si l’on sait d’où il vient et quel homme il est, on n’a toujours pas
bien compris quelle place il occupait sur l’échiquier politique. "Ni de
droite, ni de gauche" c’est un peu court surtout quand on ne se dit pas
non plus centriste.
En fait, La France a de la chance. Partout en
Europe fleurissent les candidats qui se veulent antisystème mais sont en
réalité démago-populistes. Tsipras et son parti Syriza ont détruit le parti
socialiste grec; en Angleterre un référendum a décidé pour toutes sortes de
raisons contradictoires de la sortie de l’Europe ce qui plonge le pays dans
l’incertitude et la division alors que les socialistes; le labor party, se voit
imposer par ses adhérents un dirigeant qui ne partage en rien les valeurs de
ses élus ce qui annonce des jours sombres; en Italie où le meilleur premier
ministre que le pays ait connu vient d’être poussé dehors après un référendum
perdu, on assiste à l’émergence d’un mouvement qui se rapproche du pouvoir, les
"5 Étoiles" du comique Beppe Grillo; en Espagne le mouvement
"Podemos" mange la laine sur le dos des socialistes et empêche la
constitution d’une majorité de gouvernement; on a vu ce qui s’est passé aux
US avec Trump … Partout émergent des mouvements qui suscitent une forte inquiétude. La France n’échappe pas à ce phénomène avec le FN, le socialisme cannabis
de Hamon et les délires de Mélenchon mais elle a aussi Macron, ce qui est plutôt
réjouissant.
En vérité, Macron n’est pas hors système, il est hors des partis. Il a
tout de même fini par soutenir un parti, le sien : "La France en
Marche !" Son analyse est que les idéologies anciennes et les partis
traditionnels ne sont plus du tout en adéquation avec le monde moderne et les
aspirations des citoyens.
Il n’a pas encore un programme achevé et chiffré mais il a des projets, il
écoute les gens et le pays, il est habile et il intéresse les sympathisants de
tous les partis traditionnels. En plus, il est bien élevé, ne méprise ni
n’injurie personne. Cela nous change.
En l’écoutant, lors de son meeting du 4 février au Palais des sports à
Lyon, nous avons compris que le "ni de droite ni de gauche" ne
correspondait pas à la réalité. Aujourd’hui, à l’écouter, on voit qu’il est
à la fois de droite, de gauche et du centre. Selon les sujets il dit à la
droite, à la gauche, au centre ce qu’ils veulent entendre.
Par exemples sur les grands hommes
qu’il admire :
« Pour s'émouvoir du grand discours
de François Mitterrand sur l'Europe, quelques semaines avant sa mort,
fallait-il être de gauche ? Pour éprouver de la fierté lors du discours de Jacques Chirac au Vel
d'Hiv, fallait-il être de droite ? Non, il fallait être Français.
Emile Zola (gauche) et Charles
Péguy (droite), unis dans leur combat en faveur du capitaine Dreyfus, de Gaulle qui a
fédéré communistes, chrétiens et francs-maçons. Une loi telle que celle autorisant
l'IVG, portée par Simone Veil, a pu être votée grâce au rassemblement de la droite et de la gauche. Aujourd'hui, gauche et droite sont divisées en leur sein sur des
questions fondamentales : la croissance, le travail, les inégalités, la
laïcité, le rôle de l'état ou l’Europe. Mais toutes les grandes choses, nous les avons faites à chaque fois en
apportant chacun ce qui nous faisait ».
Laïcité
Sur la
laïcité Macron n’accepte pas que des hommes refusent
de serrer la main à des femmes (droite)
mais à propos d’une jeune femme qui déplore de ne pas pouvoir porter son voile
au travail : "Qu'elle perde un peu de sa liberté et nous perdons de
la nôtre"(gauche).
Travail
Il s’oppose à Hamon : "candidat du travail contre l'oisiveté" et
critique vigoureusement le revenu universel : "Je ne veux plus
entendre qu'il est intéressant de faire autre chose que travailler" (droite). Le revenu universel existe
déjà : "Ça s'appelle le RSA" …et s'il était possible de le
doubler, j'ose espérer que ce serait déjà fait" (gauche.)
"Les gens ne me demandent pas un revenu universel mais un
travail". "Lorsqu’un emploi décent est proposé, il doit être
accepté" (droite).
Alléger le coût du travail : Pour rendre plus simple la création d'entreprise et ainsi relancer
l'économie supprimer le RSI (Régime social des indépendants) (droite et gauche).
Favorable à la négociation au sein
même des entreprises concernant le temps de travail notamment, comme cela a été
initié avec la fameuse "loi travail", il entend adapter le droit du travail "pour
être au plus près du terrain". Il propose "un travail moins
cher, avec un allègement des charges patronales jusqu'à 2,5 SMIC et
un allègement de charges de 10 points au niveau du SMIC (droite).
Pour libérer le travail et qu'il
paie mieux : financer différemment la maladie et le chômage et alléger les cotisations payées par les
salariés afin d’améliorer le pouvoir d'achat" (gauche).
Priorité à l’innovation
Macron invite les
entreprises innovantes, les chercheurs et universitaires américains en butte
à l'administration de Donald Trump à venir en France. Plus particulièrement ceux qui luttent contre le
réchauffement climatique et la pollution, travaillent sur les énergies
renouvelables ou les perturbateurs endocriniens. Amusant ! Mais c’est aussi une façon de montrer l’appui qu’il
apportera à l’innovation (1) et cela peut intéresser les chercheurs et
créateurs de start-up à revenir en France (droite
et gauche).
Lutter contre le terrorisme
Faire de la lutte contre le
terrorisme la priorité : "Le budget de la Défense doit être
porté à 2% du PIB" 10.000 fonctionnaires seront recrutés dans le
quinquennat à venir. Réorganisation des services de renseignement
français : créer une police de sécurité quotidienne. "Non pas pour
jouer au foot avec les jeunes. Mais pour assurer la sécurité au
quotidien". (droite/gauche)
Mieux
rémunérer les enseignants en ZEP (plutôt de gauche)
"Je veux que dans nos écoles, nous
puissions diviser par deux le nombre d'élèves par classe. En CP et en CE1, dans
toutes les zones d'éducation prioritaire, je paierai beaucoup mieux les enseignants qui iront y travailler. Ils
auront plus d'autonomie pour conduire leur projet", a-t-il avancé.
Pass jeune (consensuel)
Il dotera chaque
jeune, dès sa majorité, d'une enveloppe de 500 euros destinés à être dépensés dans des activités culturelles.
Législatives : parité et exemplarité (consensuel)
Aux élections
législatives de juin 2017 des candidats "En Marche !" seront présentés dans toutes les
circonscriptions selon deux principes : la parité et l'exemplarité. "Aucun candidat ne sera investi avec un casier judiciaire ou des peines d'inéligibilité. Au
moins la moitié de nos candidats seront des femmes.
Les tensions
internationales (consensuel)
« Le contexte international est
grave : Je pense à ces puissances nouvelles, ces régimes autoritaires qui
émergent et aujourd'hui conduisent nombre de régions, la Russie, l'Iran la
Turquie, l'Arabie saoudite et plusieurs autres. Il nous faut dans ce contexte
tenir notre rang, savoir quelle est notre histoire et le fil de celle-ci. Non
pas aller conduire toutes les guerres lorsque nous n'en avons pas les
solutions. Savoir parler avec exigence avec chacune et chacun, ne jamais rompre
le dialogue mais toujours défendre nos intérêts et nos valeurs. »
Son slogan (des divergences à
droite et à gauche)
"La
France en Marche", évidemment qu’il décline selon la devise de la République : liberté, égalité, fraternité. La liberté est
notamment économique, l'égalité c'est aussi celle des chances, la fraternité
est européenne (il est le seul candidat à
s’afficher clairement européen) et écologique.
Au total, Droite ou Gauche ?
À la lecture
de ce qui précède, est-il plutôt de droite ou de gauche ? La question est
stupide, il veut le mieux pour la France. Pour franchir le premier tour, il
faut qu’il soit plutôt de gauche mais pour battre Le Pen au second tour, il
faudra qu’il entraîne la droite.
Il n’a peut-être pas encore un vrai programme mais
ce qu’il en a dévoilé y ressemble fort et cela devrait séduire une bonne partie
de l’espace politique. Et rassurer. Parce que, les programmes et les promesses...
(1)La loi Macron introduit "Le
principe d’innovation" (Art. L. 131-1.) : Dans
l’exercice de leurs attributions respectives et, en particulier, par la
définition de leur politique d’achat, les personnes publiques et les personnes
privées chargées d’une mission de service public promeuvent, mettent en œuvre
pour l’exercice de leurs missions et appuient toute forme d’innovation,
entendue comme l’ensemble des solutions nouvelles en termes de fourniture de
biens, de services ou de travaux propres à répondre à des besoins auxquels ne
peuvent répondre des solutions déjà
disponibles sur le marché. Elles s’attachent, à ce titre,
à exercer une veille sur les formes contemporaines d’innovation, y compris
celles émanant des petites et moyennes entreprises. »
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