Qui connaît Benoît Hamon? On sait évidemment qu'il a remporté la primaire de la "Belle alliance populaire" mais sinon qui est-il vraiment, d'où vient-il, que veut-il, à part évidemment le "Revenu universel qui n'est, tel qu'il le présente, qu'une utopie attrape-voix ?
Nous allons essayer d'en savoir un peu plus.
Hamon, l’apparatchik
Nous allons essayer d'en savoir un peu plus.
Hamon, l’apparatchik
Disons-le tout net,
ce n’est pas un crâne d’œuf. Il n’est pas BAC + 12, n’est pas sorti de l’ENA ni
d’HEC comme Hollande, et cela vaut sans doute mieux. Il a fait ses (courtes) études
supérieures à l’Université de Bretagne occidentale dont il est sorti avec une
licence d’histoire. C’est là qu’il découvrit la pénibilité du travail.
Chez lui, la grosse
tête et le gros salaire sont chez sa compagne qui, sortie major de sa promotion
à Sciences Po. Paris, occupe aujourd’hui de hautes fonctions chez LVMH.
L’assistant
parlementaire, c’est lui. Dès l’âge de 20 ans, en 1987, il s’engage en
politique, au parti socialiste, dans le sillage de Rocard, se fait remarquer
dans les manifestations estudiantines, milite chez les jeunes rocardiens et s’engage
chez les Jeunes socialistes. En 1991, "le petit Hamon", comme on le
surnomme, est embauché par le député socialiste rocardien de Gironde, Pierre
Brana, comme assistant parlementaire. Première marche dans l’escalier du PS.
En 1993, il devient le
premier président du Mouvement des Jeunes Socialistes, alors que Michel Rocard
est premier secrétaire du PS. La même année, il rentre au bureau national puis
il devient conseiller pour la jeunesse auprès de Lionel Jospin lors de
l'élection présidentielle de 1995. En 1997, la gauche remporte les élections
législatives qui ont suivi la dissolution et Jospin est nommé premier ministre.
Lui-même candidat dans le Morbihan est battu mais il rejoint le cabinet de
Martine Aubry, Ministre de l’emploi.
Cette fois-ci ça y est, il est bien installé
dans la vieille maison. Il a 30 ans et dans les 30 ans à venir il va
progressivement gravir tous les échelons du parti jusqu’à ce dimanche dernier
où il a remporté la primaire socialiste, le désignant comme le candidat de son
parti à l’élection présidentielle de 2017.
Durant la période 2001-2004, c’est-à-dire après la
déroute du 21 Avril, il fait un passage dans la société de sondage IPSOS, tout
en continuant son engagement au PS. Il y aura accompli toute sa carrière sans
parvenir à réaliser son rêve de prendre la tête du parti. Mais ce sera, peut-
être, la prochaine étape s’il échoue à la présidentielle…
Durant toutes ces
années il aura noué et dénoué toutes les alliances (Valls, Montebourg, Peillon,
Emmanuelli, Mamère, Lienemann, Quilès, Mélenchon…) multiplié les ralliements et
les abandons (Rocard, Fabius, Aubry, Hollande…), navigué entre les motions
parfois dans le camp des vainqueurs, d’autres fois dans celui des perdants,
suscitant plus souvent méfiance ou ironie que soutien.
Mais il trace son
chemin : député européen entre 2004 et 2009, député des Yvelines depuis
2012, ministre délégué sous Ayrault, ministre de l’éducation nationale sous
Valls, poste qu’il occupera 147 jours, seul ministre de l’éducation à n’avoir
jamais fait une rentrée scolaire.
À force de fronder
avec les frondeurs et franchir la ligne jaune, arriva ce qui devait arriver :
il est débarqué du gouvernement en même temps que Montebourg et Filippetti pour
avoir par trop dépassé les bornes dans les critiques de la politique gouvernementale, faute sans doute aux effets éthyliques de la Cuvée du Redressement ?
Il va donc se
présenter à la primaire pour faire chuter Hollande avec la complicité de
quelques autres. Mais Hollande qui a vu le coup venir s’est défilé et Valls s’est
précipité pour prendre sa place. Hamon est donc candidat contre lui. De quoi se
faire de souci, une fois l’élan de vanité passé. Mais s’il ne devient pas président
(Hamon président ? On rêve !), peut-être sera-t-il enfin premier
secrétaire ? Il vaut bien Cambadélis.
Un mandat de député
européen, grâce au suffrage proportionnel. Un seul mandat de député dans la foulée de la victoire de Hollande. Un
député baladeur, un sous-ministre, un ministère éphémère : le parti socialiste
n’avait-t-il pas un mieux à proposer aux français ? Il faut croire que non
mais si l’on devait ériger la statue représentant le socialiste type des temps
modernes, c’est sans doute lui que l’on choisirait comme modèle.
Hamon, le candidat
à la présidentielle
S’il y a une
cohérence chez Hamon c’est qu’il est de gauche, de la vieille gauche, celle qui
promet tout et ne tient rien. Pour lui le monde s’est arrêté en 1981, et il n'a pas su voir, ni surtout comprendre, le tournant de la rigueur de Mitterrand lorsque ce dernier décide, en 1983, de réduire le train de vie de l'Etat et de redresser la
compétitivité des entreprises. Mitterrand lui, venait de comprendre que la France allait
droit (plutôt gauche) dans le mur et que c’en était fini des promesses de
campagne, des lendemains qui chantent. Mitterrand ayant choisi l’Europe, il
devait rétablir les équilibres économiques de la France.
Mais "le petit Hamon" continuera
à croire au père Noël, normal il n’avait que 16 ans ; il n’a jamais cessé
d’y croire! Plus tard, quand il se mobilisera avec ses amis frondeurs
contre le même tournant du réalisme décidé par Hollande avec la
politique de l’offre, il fera mine d’oublier 1983. C’est un homme désormais !
Le père Noël ce sera lui. Il a compris qu’en politique il était plus gratifiant
de critiquer que de participer, de s’opposer que d’agir.
Son slogan est
éloquent : "faire battre le cœur de la France". À d’autres la responsabilité de réanimer la France quand, épuisé de tant d’excès,
de battre son cœur aura cessé. Au lieu d’une barbe blanche il a des
poils noirs jamais rasé de frais mais il a une très grande hotte. Sa spécificité
est qu’il est le seul de tous les candidats connus, même Mélenchon,
même les verts, à ne proposer que des mesures qui font plaisir et à ne demander
aucun ni effort ni sacrifice, sauf aux ménages aisés priés de payer plus et aux pays membres
de l’Europe enjoints d'assumer la dette de la France. Lui, c’est le matin qui
chante, annonciateur d’une journée sereine et ensoleillée.
Il faut se souvenir
qu’il est député d’une circonscription populaire où les électeurs sont en situation difficile et où les communautés sont nombreuses et actives. Son
programme est donc conçu pour répondre aux souhaits de ses électeurs.
Si vous
avez le courage d’aller sur son site, de relire ses discours, de réécouter les
débats de la primaire, vous ne trouverez rien évidemment en faveur des classes
moyennes et supérieures (elles auront droit à la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG accompagnée
d’une progressivité renforcée, ce qui va leur coûter bonbon !) rien (de positif)
sur les entreprises, rien sur les professions libérales, rien sur la sécurité, rien
sur les engagements militaires et la politique internationale (sauf la remise au
pas de l’Europe et de sa monnaie et la reconnaissance de l’état palestinien),
de même que vous ne trouverez rien qui ne déplaise à son électorat, aucun effort, aucune
obligation nouvelle, pas la moindre contrariété. Surtout ne pas parler de baisse des dépenses publiques, d’allongement
de la date de départ à la retraite, d’assouplissement du temps de travail, de laïcité
(il adore le burkini).
Contrairement à Kennedy, Hamon pourrait dire :
« ne vous demandez pas ce que vous pouvez faire pour votre pays,
demandez-vous ce qu’il peut faire pour vous.» C’est normal son électorat
est indifférent à ces questions et la France n’est pas le sujet. En réalité, il
n’avait jamais imaginé gagner la primaire et avait deux objectifs : garder
son siège et prendre la direction du PS. Président ? Vous imaginez Hamon
président ?
Voici donc ses
principales propositions classées en trois thèmes.
1/Pour un progrès
social et écologique :
-Le travail, ou plutôt le non travail, parce que, vous ne
le croirez pas mais il n’y a aucune mesure pour lutter contre le chômage dont
il ne parle même pas.
Travailler plus pour
gagner plus ? Ça ne va pas la tête ? Assouplir les 35 heures pour améliorer la
compétitivité des entreprises ? Compétitivité, connais pas. De toute façon la
croissance, c’est démodé. On peut garder la référence aux 35 H pour calculer le supplément des salaires pour les éventuelles heures supplémentaires. Mais la priorité est d'encourager les 32 H sans baisse de salaire. En faire encore moins tout en gagnant autant.
Ce sera en fait, travailler
moins mais gagner plus grâce au REVENU UNIVERSEL.
Il ne l’a pas inventé mais il a tout de suite compris que ses électeurs
adoreraient. Oh, ce n’est pas compliqué, chaque français de plus de 18 ans
touchera une somme identique, 750 euros par mois par exemple, sans
contrepartie. Le travail doit devenir un choix, pas une obligation. Mais vous
pourrez si vous voulez, pas forcément les femmes qui seront plutôt incitées
à rester à la maison, mais on le pourra, au black de préférence. Les
riches aussi ? Oui, tout le monde. Evidemment, l’impôt sur le revenu sera toujours là
et de plus en plus progressif, ce qui fait que pour la plupart des
"riches" l’impôt risque d’augmenter plus que l’allocation universelle
mais tous n’ont pas encore compris. Nous connaissons des jeunes filles qui ont
déjà choisi la paire de Louboutin qu’elles allaient s’acheter…Et elles ont le
droit de vote ! Misère…
Combien cela va-il coûter et qui va payer ? Personne ne le sait mais sûrement plus, chaque année, que
le budget annuel de l’État. Et alors ? On vous a dit que l’on renégociera le
traité de stabilité et donc que le déficit publique on s’en moque, comme de la
dette d’ailleurs, que l’on va refiler aux autres pays européens qui pourront
ainsi nous témoigner leur solidarité.
Bon, parfois Hamon
se demande s’il n’y va un peu fort. Alors, il répond que non mais que,
peut-être, il va un peu vite. On va donc commencer par les allocataires de
RSA et les jeunes de moins de 25 ans. Vivement demain !
Ne vous faites pas de
soucis, de l’argent on en trouve toujours. Grâce notamment à la création d’une
taxe sur les robots, ces méchantes machines qui prennent le travail des hommes.
Mais qu’est-ce qu’un robot ? Un machine comme il en existe dans toutes les
usines sauf que celle-là est par définition mobile et qu’elle n’a pas de besoin
de visa pour s’expatrier. Ah, les dangers de la mécanisation ! Mais être
socialiste courant historique c’est lutter contre les machines comme Don
Quichotte luttait contre les moulins.
Pour le reste, voici
quelques-unes des très nombreuses propositions que Hamon a voulu, comme
Mitterrand, présenter, sans jamais, comme lui également, en évaluer les coûts et
les conséquences.
-On jette à la poubelle la loi travail El Khomry et, pour ne
pas faire de jaloux, on fera pareil avec la loi Macron.
-On nationalise les banques pour les contraindre à financer
tout et n’importe quoi comme le passé, dont nous continuons à régler le passif,
l’a démontré.
-On ne touche pas à la retraite sauf pour prendre en compte
la pénibilité et le temps consacré aux engagements associatifs (au PS, par exemple ?).
-Revalorisation immédiate de 10%, des minima sociaux, du
SMIC, et du point d’indice de la fonction publique. Garçon, l’addition !
-Baisse du temps de
travail par un droit inconditionnel au temps partiel accompagné d’une
compensation salariale. On arrive aux 32 H payées 35 ! Progrès.
-Droit de veto pour les représentants des salariés au comité d’entreprise lorsqu'il s'agit de choix stratégiques, par exemple délocalisation, digitalisation, utilisation
des fonds publics (CICE, CIR), robotisation fermeture d’usine... Du
jamais vu !
-Mise en place d'un chèque syndical pour renforcer le pouvoir syndical.
-Fermeture des centrales nucléaires les plus à risque en fin
de vie. Parce qu’il y a des cons qui veulent maintenir en activité des vieilles
centrales à risque ?
- Atteindre 50% d’énergies renouvelables en 2025. Super !
Mais d’énergies toutes formes confondues, d’énergie électrique, d’énergie
domestique ? Bof !
2/Pour une République bienveillante et humaniste :
-Droit de vote des étrangers aux élections locales (référendum
dès le second tour des élections législatives). Taxe halal pour financer le
culte musulman.
-Légalisation de la consommation du cannabis. Et de la
commercialisation ?
-Un 49.3 citoyen permettant
à 1% du corps électoral d’imposer au Parlement d’examiner une proposition de
loi proposée par les citoyens (droit d’initiative citoyenne) et de
suspendre l’application d’une loi adoptée par le Parlement pour que celle-ci soit soumise à référendum
(référendum d’initiative citoyenne). Le principe du 49.3 sera soumis à
référendum dès le 2nd tour des législatives. Cool, les français rejetteront toutes les réformes...
-Participation des
citoyens à l’élaboration de la loi de manière collaborative par l’écriture
d’“amendements citoyens” sur le modèle du projet de loi pour une République
numérique. Rien compris ? Nous non plus…
-Suppression de l’article 40 de la Constitution qui empêche
le Parlement de proposer toute dépense supplémentaire lors de l’examen du
budget ou d’un texte de loi. Là, il faut s’arrêter car c’est la fin d’un grand
principe de notre régime parlementaire
et surtout, c’est la porte grande ouverte à la dérive des déficits.
-Participation des citoyens à la répartition du budget :
pouvoir de décider de l’utilisation d’une partie du budget de l’Etat (jusqu’à 5
milliards d’euros) pour des grands projets. Pendant huit mois, les citoyens
pourront émettre des propositions de projets. Puis les projets seront soumis à
un vote en ligne dans chaque mairie. L’enveloppe sera dépensée sur les 3 à 5
projets préférés par les Français. Le bordel, quoi !
3/Une France indépendante et humaniste
Ici on parle de l’Europe
mais à partir d'un principe simple : tout demander, ne se laisser rien imposer et
faire payer les autres ! Au fond, c’est une religion. Citons :
-L’annulation de la dette contractée par les pays membres
les plus endettés et détenue par les Etats membres de l’UE. Un trait sur la
passé.
-Mutualisation de la dette européenne, les états étant
solidaires en se portant caution mutuellement sur leur dette actuelle et en
émettant pour l’avenir une dette commune. Une traite sur l’avenir…
-Réforme des statuts de la BCE pour faciliter le financement
direct de la dette des Etats. On vous l’avait dit, la dette, on s’en fiche !
Le crédit est un droit, le rembourser pas obligatoire.
-droit d’asile : instaurer une clé de répartition de
l’accueil des demandeurs d’asile entre les pays membres de l’UE en imposant la
participation de tous les Etats membres en fonction de leur capacité.
-décider un moratoire sur le Pacte de stabilité et le TSCG. Ce moratoire
durera jusqu’à l’approbation d’un pacte de stabilité réformé. Ce nouveau traité exclura les dépenses d’investissement du calcul du déficit et introduira une
logique de coordination et de coopération entre Etats pour tenir compte du
cycle économique. Bref, plus de règles!
-Faire de l’harmonisation fiscale dans l’Union européenne
une priorité pour une harmonisation de l’assiette, rapprocher les taux de
l’impôt sur les sociétés, instaurer un taux plafond de la TVA, harmoniser la
lutte contre la fraude et l’évasion fiscale. Fastoche ...
Allez, exécution,
pas de discussion ! Du pur Hollande avant sa soumission à Merkel. Mais c’est
sûr, face à Hamon elle va s’incliner…
Si l’on y croit, il
faut voter Hamon. Au moins, on sait pour quoi on vote : plein de dépenses et
pas de croissance. On ne pourra donc pas, ensuite, pleurnicher pendant cinq ans
comme on l’a fait avec Hollande avec un pays à la traîne.
Parce que, si par
malheur, il était élu, ou s’il faisait élire Marine Le Pen, qui est encore
meilleure que lui en matière de démago-populisme, il n’y aura plus de nouvelle chance.
Et le cœur de la France cessera vraiment de battre.Supplément gratuit:
-Revenir au septennat non-renouvelable
-Réformer le sénat qui sera composé de 3 collèges : un collège citoyen (tirage au sort), un collège des territoires (élus locaux), un collège des forces vives (représentants de la société civile)
-Recruter 40.000 enseignants supplémentaires
-Créer une brigade de lutte contre les discriminations
-Moins rembourser les médicaments de confort (noter qu'il ne s'agit pas de dérembourser mais de moins rembourser ce qui revient à transférer sur les mutuel l'essentiel du remboursement. On a failli avoir peur !)
-Sortir du diesel à l'horizon 2025, pas de panique donc pour ceux qui ont des vieilles voitures diesel, encore 8 ans.)
-Reconnaître le "burn-out comme une maladie professionnelle
-Modifier la composition des conseils d'administration des entreprises : 1/3 d'actionnaires, 1/3 de salariés, 1/3 des parties "extérieures (consommateurs, fournisseurs, collectivités locales, ONG...). La mort du capitalisme ! Les marxistes l'ont rêve, Hamon veut le faire
-Lancer un programme d'investissement de 5 milliards dans le Bio
-Abandonner le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes
-Création d'un droit pour l'état de se substituer aux maires pour construire des logements sociaux
-Créer un SMIC européen
-Ne pas construire davantage de places de prison mais développer les peines alternatives.
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