Depuis quelque temps nous partageons sur Facebook les chroniques "du règne de François II".
De nombreux amis nous ont rejoint et un grand nombre d'expatriés sont devenus nos lecteurs. Nos plus fidèles lecteurs partagent nos articles et cela fait toujours plaisir de voir que l'on est suivi alors que l'on n'est pas connu. Et oui, nous avons décidé de combattre le FN. Non pas sur ses idées nauséabondes mais sur le tort qu'il fait courir à la France. Racistes, antimondialistes, démago, on savait, mais toucher à notre niveau de vie, à notre patrimoine, renoncer à nos avantages financiers et sociaux, pas question.
Que voulez-vous, les français ont le cœur accolé au portefeuille. Touche pas au grisbi ! Il faut donc les convaincre que sortir de l'euro et dénoncer les traités européens, est le chemin le plus direct vers la décadence. Et la ruine...
Que voulez-vous, les français ont le cœur accolé au portefeuille. Touche pas au grisbi ! Il faut donc les convaincre que sortir de l'euro et dénoncer les traités européens, est le chemin le plus direct vers la décadence. Et la ruine...
Nous avons donc publié deux chroniques sur le sujet, sans grand espoir il faut bien le dire.
Et puis, divine surprise, de nombreux lecteurs ont partagé nos textes. Des personnalités politiques, comme José Rossi, et des professionnels de l'économie, tels que Philippe Crevel et Philippe Dessertine. Ce dernier nous a dressé un commentaire long et argumenté que nous nous devons de porter à la connaissance de ceux qui ne pratiquent pas Facebook. Nous nous permettons de le reproduire ci-après car il mérite réflexion:
"Enfin : "débats"
Combien vaudra notre argent après l’explosion de l’euro ?
Pour l’universitaire, une sortie de la monnaie unique,
proposée par Marine Le Pen, entraînerait une rupture tant avec nos partenaires
commerciaux qu’avec nos créanciers.
En clair, le choix des électeurs pour un programme
totalement aventureux en matière de dépenses ou, pire encore, annonçant la
possibilité de quitter l’euro entraînerait une double rupture, d’avec nos
partenaires et d’avec nos créanciers. Les pays forts de la monnaie unique,
Allemagne, Benelux par exemple, n’auront d’autre choix que celui de sauter le
pas et de se désolidariser d’une France autant boulet qu’inconsciente. Sur les
marchés, les grands acteurs financiers n’auront pas besoin qu’on leur donne le
signal de départ : comme pour l’Italie, ils vont « shorter » la dette
française, c’est-à-dire la vendre à découvert en misant sur son effondrement
certain. Qui pourrait le leur reprocher, quand le pari est quasiment gagnant à
tous coups ? Jusqu’à présent, seule la solidarité allemande a permis aux
Français de bénéficier de taux d’intérêt en total décalage avec l’inanité de
leurs politiques publiques. Ce n’est pas nous qui quitterons l’euro, c’est
l’euro qui va nous quitter.
Concrètement, que signifie ce séisme majeur à l’échelle
du monde ? Intéressons-nous au seul versant français puisque la survenance d’un
tel événement serait le résultat d’une volonté de ne plus se préoccuper de nos
voisins et de privilégier nos seuls intérêts. L’effondrement de notre monnaie
redevenue autonome obligerait d’abord à un blocage des comptes bancaires et
d’épargne par le gouvernement, pour contrer la fuite des capitaux qui
d’ailleurs commencerait dès l’entre-deux tours. Cette fois, la référence historique
dont se souviennent les générations plus âgées est celle des années 1981-1983,
quand les dévaluations se succédaient les unes après les autres et que le
ministère des Finances assistait, impuissant, à l’effondrement de la devise
française sur les marchés. Il faudrait parer toutes les attaques à la fois. Le
contexte de mai 2017 sera quoi qu’il en soit hyper inflammable en raison d’une
combinaison inédite de facteurs de risques, avec entre autres le Brexit, la
nouvelle Administration américaine, la tension géopolitique alimentée par le
Russe Poutine et le Turc Erdogan, la menace migratoire et terroriste, sans
parler de l’inconnue chinoise ou nord-coréenne.
La France devrait donc faire face simultanément à un
énorme renchérissement de ses importations et à un étranglement financier. La
référence que fait au passage Mme Le Pen à Donald Trump pour la politique
qu’elle souhaiterait mettre en œuvre est de ce point de vue totalement
surréaliste : le « trumpisme » n’est possible que grâce à l’autonomie énergétique
des États-Unis depuis moins de trois ans grâce au pétrole de schiste, d’une
part. D’autre part, les États-Unis peuvent toujours compter sur le dollar, la
pierre angulaire du commerce mondial que la communauté internationale doit bon
gré mal gré soutenir ; d’autant plus qu’en période de tensions il devient la
monnaie refuge et entraîne un rapatriement général des fonds vers Wall Street.
Enfin, last but not least, le marché américain est le plus dynamique du monde
et peut suffire à lui seul (dans une certaine mesure) à soutenir une économie
décidant d’un principe isolationniste. Non seulement la France ne dispose pas
de ces atouts, mais il s’agit même en creux de ses handicaps les plus forts.
Les taux français atteindraient très vite un niveau
insoutenable. Pour ne pas faire défaut vis-à-vis des prêteurs étrangers, il n’y
aurait d’autre solution que de bloquer indéfiniment la dette détenue par les
Français, l’assurance-vie, l’épargne et les comptes courants importants (le
scénario grec mais sans l’Europe). La très forte hausse de l’inflation
entraînerait une perte gigantesque de pouvoir d’achat tandis que des pénuries
sur de nombreux biens se feraient sentir, brisant net toute perspective de
croissance au moment même où le plus grand des enjeux est d’investir dans le
nouveau modèle économique. Au moins, l’égalité serait rétablie, tous y
perdraient : les épargnants, les gros revenus encore en France, les petits
revenus, les entreprises et les administrations. Un vrai concept égalitaire ;
un vrai choix politique, c’est le moins que l’on puisse dire.
PHILIPPE DESSERTINE
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