Nous avons déjà eu
l’occasion de parler du "Point Godwin". Selon cette loi, il s’agit du
point que l’on marque quand, au cours d’une discussion qui dégénère, on en
vient à invoquer le nazisme ou Hitler pour noircir son contradicteur, le
disqualifier définitivement. Pour quelqu’un qui se plaignait du peu de place que
lui accordaient les médias, Peillon vient de réussir en quelques mots le plus
beau point de la primaire socialiste et sûrement de la présidentielle.
Sur France 2, hier
soir, Vincent Peillon a donc évoqué le "fascisme rampant" de Marine Le
Pen, en liant le sort des musulmans aujourd'hui à celui des juifs pendant
l'Occupation nazie. « Certains veulent utiliser la laïcité, cela a déjà été
fait dans le passé, contre certaines catégories de population … C'était, il y a
40 ans, les Juifs à qui on mettait des étoiles jaunes. C'est aujourd'hui un
certain nombre de nos compatriotes musulmans qu'on amalgame souvent avec les
islamistes radicaux. C'est intolérable. »
Ça, pour être
intolérable, c’est vraiment intolérable… Selon lui donc la laïcité serait
responsable de l’antisémitisme d’abord et de l’anti-islamisme ensuite ! On en
reste pantois ! D’abord, nous en avons ras le bol de toutes ces discussions douloureuses
pour les mouches sur les différentes conceptions de la laïcité,
"fermée" ou "ouverte", "accommodable", raisonnablement ou pas. Tenons-nous en plutôt aux règles fixés par la
constitution : la liberté de conscience et la liberté de culte, la séparation
des institutions publiques et des organisations religieuses, et l’égalité de
tous devant la loi quelles que soient leurs croyances ou leurs convictions. Et
basta ! Mais tout de même, Pétain chantre de la laïcité, il fallait le faire…
Avant de passer au
second point et hésiter entre le rire et la colère une information
complémentaire s’impose : Monsieur Vincent Peillon est agrégé de philosophie et
ancien ministre de l’éducation nationale ! Le dernier ouvrage qu’il vient de
publier s’intitule : "Un Chinois à Paris" (Stock, 2017). On se disait bien qu’il
débarquait de loin en lisant la seconde partie de sa déclaration : « C'était,
il y a 40 ans, les Juifs à qui on mettait des étoiles jaunes! »
Il y a quarante ans,
en 1976, le chancelier allemand passait les troupes en revue en compagnie du
président Giscard d’Estaing mais c’étaient des soldats français et le
chancelier était son ami Helmut Schmidt…
Si Monsieur Peillon voit autre chose c'est qu'il a abusé du cannabis ! D’ailleurs, ses
amis montent à la rescousse : ce n’est qu’un lapsus, il voulait dire Vichy et
les années 40 !
Vraiment ? Un peu
d’histoire, Monsieur le professeur.
Le commandement
militaire allemand en France rend le port de "l'étoile jaune"
obligatoire en public le 7 juin 1942, pour les juifs de zone occupée
de plus de six ans, français ou étrangers.
Mais Vichy refusera de l’imposer aux Juifs de la zone libre et il ne
sera pas étendu à la zone sud après son invasion par les forces allemandes, le
11 novembre 1942. Certes, le régime de Vichy a multiplié les actes et textes
antisémites (c’est ainsi que le mot "Juif" sera apposé sur les cartes
d'identité et les cartes d'alimentation) mais, Monsieur le professeur,
l’insigne que l’on portait volontiers à Vichy à l’époque c’était une décoration
que Mitterrand lui-même arborait, la "Francisque".
Ce n’est pas ici que
nous défendrons Vichy (même si nous n’avons toujours pas compris le lien avec la laïcité qui n’était
certainement pas une préoccupation pour Pétain) mais enfin, pour quelqu’un qui
est professeur agrégé et qui prétend à la fonction suprême, tout cela parait
fort inquiétant.
Le Conseil
représentatif des institutions juives de France (Crif), a lui-même vivement
condamné dans un communiqué "la comparaison faite (...) entre le sort des
juifs sous l'Occupation et la situation actuelle des musulmans de France".
De telles déclarations, écrit-il, "ne servent que ceux qui cherchent à
réécrire l'Histoire" et il demande "une clarification et un correctif
immédiat de la part de Vincent Peillon.
Pour quelqu’un à qui
l’on reprochait de n’avoir aucun programme, il en a maintenant un : tenter de
faire oublier les âneries proférées !
Pourquoi riez-vous,
Monsieur Valls ?
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