S’il n’en restait qu’un ce serait lui. Hamon est un
socialiste primaire. Non pas au sens péjoratif du terme mais comme on le dit
d’une forêt primaire qui a conservé la pureté de ses origines, qui n’a pas été
influencée par le temps ni par les hommes, immuable.
Hamon c’est pareil. On a l’impression qu’il est né au
congrès de Tours en 1925. Son physique même rappelle les premiers socialistes.
Pas les grandes figures comme Jean Jaurès, ce colosse à la barbe fleurie, ni Pierre
Maurois à la prestance impressionnante. Tous les deux orateurs d’exception,
idoles des meetings. Non, Hamon c’est le militant socialiste de base que l’on
s’attend à croiser au bistrot à la sortie de l’usine en compagnie de
syndicalistes de chez Renault et de camarades du parti. L’homme est simple et sympathique,
quand il voyage en seconde classe pour tenir réunion en province il ne met ni
costume ni cravate mais se réchauffe sous un Kway. Et quand il parle son
discours parait tout droit sorti des archives de l’INA avec des mots et des
expressions qui font revivre le socialisme des origines. Hamon, c'est la gauche
vintage…
Au moins, la
primaire de la gauche aura eu un intérêt, celui de retrouver un Hibernatus socialiste
qui aurait peut-être disparu s’il n’avait pas eu le courage de présenter sa
candidature. La plus grande découverte depuis celle de Lucy, l’Australopithécus
africensis, par Yves Coppens en 1974. C’est toujours pareil, au début les
experts ont tendance à ricaner puis la vérité finit par s’imposer : le
socialisme primaire n’a pas disparu !
Il a survécu aux
grands bouleversements des temps modernes. La mondialisation, il ne connaît pas.
La libre circulation des hommes et des capitaux, il ne sait pas ce que cela
représente. Que l’État soit obligé de faire des économies lui parait une idée
étrange. Les déficits publiques sont dans la nature des choses. Comment, d'ailleurs, l’État
pourrait-il être en déficit ? Encore moins en faillite. La dette publique,
voyons, n’est pas faite pour être remboursée et elle est sans limite ! Il ne veut pas croire qu’il
y a désormais dans tous les espaces publiques, dans les communes de gauche
comme dans les autres, des caméras pour surveiller et filmer les citoyens. Ce
sont des idées de réactionnaires. Il ne croit rien de tout cela parce qu’on lui
a toujours répété que les faits n’existaient pas et que seules comptaient les
idées.
Alors il se frotte
les yeux, se réveille et il se met à
faire ce qu’il a toujours fait, il parle. Un torrent de mots que rien n’arrête.
On ne comprend pas tout parce que nous n’avons pas su, nous, échapper à
l’évolution et que nous avons été pollués par le monde extérieur, mais on
reconnaît des mots ou des formules qui reviennent régulièrement et qui évoquent
en nous quelques échos.
Fermons les yeux et
écoutons le bon son grésillant des vieux 78 tours : baisse et partage du
temps de travail, émancipation des travailleurs, revenu universel protégeant de
la précarité (350 milliards au minimum, 700 selon Montebourg !), droit de
veto des salariés dans les entreprises sur les décisions stratégiques, composition
des conseils d’administrations en trois tiers : salariés, consommateurs,
actionnaires, chèque syndical, privilégier l’économie sociale et solidaire,
revalorisation du SMIC, des minima sociaux, du point d’indice de la fonction
publique, recrutement de fonctionnaires, droit inconditionnel au temps partiel avec
compensation salariale, retour à l’ancien code du travail sauf pour y intégrer
les nouveaux droits. Tout cela, depuis le temps, on l’a déjà entendu.
Mais arrêtons-nous
sur une proposition qui permet de comprendre le logiciel socialiste vintage.
Nous sommes confrontés à une évolution qui risque de devenir une révolution
dans le monde du travail : l’apparition des robots intelligents qui vont
prendre les emplois des salariés. Heureusement qu’il n’y a pas que les robots
qui sont intelligents ! Hamon a la parade : taxer les robots comme
s’il s’agissait d’employés. La croissance a résulté de la mécanisation qui a
augmenté la compétitivité. Mais pour préserver la compétitivité il n’est pas
possible de taxer encore plus le travail, donc on va taxer les machines. Pas
bête ! Avec un risque toutefois : et si les robots se mettaient en grève
pour obtenir les mêmes droits de travailleurs ? Bah, de toute façon il
faut réorganiser complétement le modèle de production et ne plus faire de la
croissance une priorité.
Une France
indépendant et protectrice : sortons de la contrainte de la dette et
décidons de l’annulation des emprunts contractés par les pays de l’UE les plus
endettés, pour l’avenir introduisons la mutualisation totale de la dette
européenne, décidons d’un SMIC européen équivalent à au moins 60% du salaire
moyen. Ouvrons-nous aux réfugiés en décidant d’une répartition autoritaire
entre les pays membres de l’Europe et accompagnons cette mesure d’une
allocation d’insertion. Enfin, pour en finir avec l’Europe de la rigueur,
déclarons un moratoire sur le Traité instituant le Pacte de stabilité de façon à
mettre fin aux règles actuelles sur les déficits. Mais ne nous y trompons pas,
Hamon ne songe pas un instant au Frexit. Il tient à l’Euro, il est
européen ! Faudrait pas confondre avec Mélenchon…
Passons
rapidement sur les bouleversements institutionnels qui modifient la durée et la
nature du mandat présidentiel, supprime le sénat pour le remplacer par un
chambre dans laquelle composée à parts égales de représentants de la société
civile, d’un collège citoyen ( ?) et d’un collège des territoires.
Nouvelle version des trois états d’avant la Révolution.
Et puis, aussi, liberté pour les parlementaires d’amender le
budget pour en augmenter les dépenses sans recettes supplémentaires en
contrepartie, le 49.3 qui devient "citoyen" (1% du corps électoral
pourrait suspendre l’application d’une loi jusqu’à un an après sa promulgation
pour qu’elle soit soumise à référendum), et encore annulation de toute élection
si le taux d’abstention additionné au vote blanc dépasse 50% et tant d’autres
projets encore… Si vous ne vous sentez pas bien fumez un petit joint, le
cannabis est légalisé !
Alors, votez
Hamon ! Ce sera comme si vous y étiez…
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