Vous en avez assez,
hein, de cette bande ? Eh bien on va vous en débarrasser.
Ce n'est plus un ancien président qui parle, il a été
lui-même balayé. Il ne s'agit pas non plus de voyous mais des grands leaders
politiques karcherisés par les électeurs eux-mêmes, toutes tendances
politiques confondues, qui ont entrepris d’éliminer tous les éléphants qui occupent la
place depuis des décennies.
À tout seigneur tout
honneur, commençons par le président de la République contraint par des
sondages à l’abdication, sans avoir désigné son héritier. Une primaire va s’en charger dans quelques
semaines mais elle fera sûrement des dégâts chez les battus. Le premier ministre qui vient de démissionner
pour affronter cette primaire sera-t-il à son tour éliminé ? Après le
monarque, le dauphin ? En tout cas la conspiration bat son plein qui
multiplie les candidatures destinées à l’abattre.
À droite, la
question est déjà réglée. Alors que tous les yeux étaient rivés sur le combat
mortel que devaient se livrer les deux cracs, ils ont été, au moment décisif,
devancés par un mâle isolé qui les a supplantés par surprise. Il n’en reste donc
plus qu’un mais il devra se méfier des soupirants évincés.
Les verts nous ont
offert une pure comédie à l’issue de laquelle la grande favorite a été éjectée
dès le premier tour de leur primaire au profit d’un quasi-inconnu alors qu’un
dissident ira affronter la primaire socialiste en même temps que le ridicule.
Les communistes,
poursuivent leur descente aux enfers en nous présentant un spectacle
inimaginable : alors que le secrétaire national du PC avait décidé de
soutenir leur ancien allié du Parti de Gauche (c’est-à-dire d’extrême gauche), il a été désavoué par les cadres du parti réunis en une conférence
nationale qui s’est prononcée pour une candidature interne ; ils ont été
par la suite eux-mêmes contredits par l’ensemble des militants qui ont décidé
de revenir au choix de leur secrétaire national. Mon pauvre Lénine, ils sont
vraiment devenus fous…
Le centre ?
Disons-le tout net, il n’y en a plus. Ou, plutôt, il y en a tellement, éparpillés
en une myriade de pseudo-partis, que l’on ne sait plus où donner de la tête. On
en vient même à redouter que notre candidat historique, réduit à diriger un
parti sans adhérents et dont les électeurs tombent les uns après les autres
sous le charme d’un jeune séducteur, qui multiplie les conquêtes à droite et à gauche, renonce
à une quatrième candidature.
Ils sont et seront
donc nombreux à pouvoir dire : « La primaire m’a tuer ! »
Nous n’avons pas
oublié le FN mais chacun sait que ce n’est pas un parti, c'est une Famille qui
choisit le parrain dans sa lignée. Pourtant, il n’est pas lui-même épargné par
les mouvements tectoniques qui font trembler tous les partis. Lui aussi est
traversé par une faille qui le divise en deux camps irréconciliables, le FN
dédiabolisé, d'une part, défenseur des faibles et le FN canal historique, d'autre part, libéral en économie
et conservateur sur les sujets de société -la tante et la nièce- et qui pourrait
menacer son unité après la présidentielle si, comme les sondages le disent
aujourd’hui, le score du FN n’était pas aussi élevé que l’on fait mine de la
redouter. La droite extrême, comme l’extrême gauche, ne sont plus ce qu’elles
étaient...
En fait, les deux
candidats qui montent et qui pourraient faire grand tort aux partis
traditionnels sont précisément des candidats sans partis qui gèrent eux-mêmes leur
petite entreprise.
Mais les hommes
abattus ne sont que des arbres qui cachent la forêt. La vraie question
désormais est de savoir à quoi servent les partis politiques.
Un parti politique à
deux fonctions essentielles. La première est de définir une idéologie, de fixer
la ligne politique et de proposer aux électeurs un programme de gouvernement.
La seconde est de désigner le candidat qui les représentera aux élections, l'élection présidentielle évidemment mais pas seulement. Or, avec les primaires, ce sont les
citoyens, des millions de votants (sans que l'on sache si ce sont des militants,
des sympathisants engagés ou des adversaires cherchant à éliminer celui qui
leur parait le plus dangereux), qui choisissent le candidat. Ce dernier aura
donc été désigné pour représenter un parti sans qu'aucune instance de ce
dernier ni ses adhérents n’aient eu leur mot à dire. Quant au programme ce sera
celui décidé par le vainqueur, pas celui rédigé par le parti. D'ailleurs, l'heureux élu devient ipso facto le patron du parti qu'il peut réorganiser à sa
guise, sans rendre compte à personne.
En fait, comme l'on
vient de le voir avec la primaire de la droite et du centre, les partis, LR
notamment mais ce sera aussi le cas du PS, ne se sont même pas donné la peine
d'élaborer un programme. On a vu le tort que cela a causé à Hollande puisque
c'est la véritable raison des frondeurs, ceux qui avaient voté pour Aubry ou
Montebourg, et qui n'ont jamais accepté de voir leur propre programme jeté à la
corbeille par leur candidat élu. Le même risque pourrait menacer le candidat de
droite favori des sondages.
Les partis
contribuent à l'expression du suffrage universel dit la constitution. Tu parles
! N'est-ce pas plutôt un moyen d’ouvrir la voie aux populistes ?
Alors ils servent à
quoi les partis ? Une pompe à fric, tout au plus.
Et dire que nous
aurons consacré sept longues années à suivre la lente agonie du parti
socialiste …
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