Nous nous sommes
souvent interrogé sur la logique de cette expression. "Sonner la retraite", on comprend,
on entend même le clairon ordonnant de reculer face à l’ennemi pour lui abandonner
le terrain.
Mais pourquoi
associer "battre" et "retraite" ? Il y a là une
forme d’oxymore : si l’on bat quelqu’un, c’est qu’on l’a dominé ; si on
fait retraite, c’est que l’on est dominé. Logique, non ? Et puis nous
avons compris à quoi servait une primaire et ce que signifiait
l’expression battre en retraite : mettre à la retraite les candidats battus.
Libérer le terrain pour d’autres.
C’est ce que vient
de faire la droite en poussant à la retraite deux de ses plus anciennes et
illustres figures. Certes, le vainqueur n’est pas non plus un perdreau de
l’année mais il fallait bien quelqu’un pour faire le boulot puisqu’il est
apparu que la relève n’était pas encore prête.
Fêtons donc, comme
il est d’usage en pareilles circonstances, le départ de Sarkozy qui l’a fait avec
une élégance telle que l’on pouvait se demander s’il n’était pas soulagé, puis
celui de Juppé, une semaine plus tard, qui paraissait pressé de céder enfin à la tentation de Venise. Ils méritent notre reconnaissance pour avoir si
longtemps servi la France malgré les contraintes et les difficultés. Nous leur
offrons donc ce message que Voltaire pourrait avoir écrit à leur intention
« Une retraite heureuse amène au
fond des cœurs l’oubli des ennemis et l’oubli des malheurs. »
Pour arriver à ce
résultat la droite a pris de gros risques. Nous avions fait part de nos
profondes réserves sur le principe des primaires dont celle de gauche, en 2011,
avait montré l’effet dévastateur qu’elle pouvait avoir sur le vainqueur.
Hollande y a perdu son prestige et elles ont durablement suscité dans son camp
des groupes frondeurs qui auront pollué son quinquennat. Par chance, ou par
sagesse, la droite n’est pas tombé dans ces travers, même si pendant 48 heures
elle n’en est pas passé loin. Mais tout le monde a vite compris que ses
sympathisants n’accepteraient plus les querelles de chefs. Elle l’avait d’ailleurs
montré dès le premier tour en gratifiant Copé de 0.3% de voix…
Maintenant tous les
regards sont tournés vers la gauche. Logiquement elle devrait tirer les leçons
ce ces expériences et mettre immédiatement fin au lamentable spectacle qu’elle
donne avec ses querelles d’ego et ses manifestations de haine recuite.
Dans Le Monde daté
du 29 novembre, Jacques Attali lance un appel « Faites une primaire des
gauches ! ». Cher François, cher Jean-Luc, cher Emmanuel… Au premier,
il demande : « Cher François, est-il raisonnable, d’être candidat à
une primaire, celles des socialistes, qui ne peut désigner qu’un
perdant ? » Sans doute cherche-t-il à lui faire comprendre que mieux
valait battre en retraite dignement que de subir une humiliante défaite. Au
second et au troisième il demande, à l’inverse, de participer à cette primaire
« plutôt que de vous autoproclamer candidat à l’élection suprême sans
avoir d’autres ambitions concrètes que d’être, en fin de course, le premier
battu au premier tour de l’élection présidentielle. »
On a envie
d’applaudir. Quel service, rendraient-ils, en effet, au pays si, en se
présentant unis derrière un seul candidat, ils reléguaient Marine Le Pen à la
troisième place ! Les français auraient alors un choix clair entre une
vraie droite et une vraie gauche. Les débats prendraient de la hauteur.
Malheureusement il
s’agit d’Attali. S’il est toujours clairvoyant dans ses analyses, ses
propositions ne restent jamais que des songes. Il est bien tard pour organiser
cette primaire "des" gauches, bien tard pour que Macron y participe, bien
tard pour que Mélenchon aille dissoudre son capital de voix dans une telle
aventure. Et trop tard pour que Hollande renonce.
Evidemment, ce n’est
qu’un avis et puisque tout le monde donne le sien et que ces derniers temps il
est de bon ton de faire des prédictions erronées, nous allons nous lancer :
nous prédisons donc que Hollande annoncera sa candidature le 6 décembre à 17 heures.
Non, ce n’est pas une blague, nous avons des arguments. Dont on reparlera plus
tard, peut-être …
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