Dans moins d'un mois c'est la rentrée. La
rentrée politique, le lancement de la campagne pour l'élection présidentielle.
Tout va maintenant aller très vite. Fin août, Sarkozy annoncera sa candidature donnant le signal du combat de la primaire de la droite et du centre, qui aura lieu fin novembre. Dès le lendemain, se posera le problème de son remplacement
à la tête du parti "les Républicains". La campagne durera près de trois mois. Une
éternité pour une lutte sans merci dans laquelle les candidats, au moins les
plus importants, joueront leur survie politique. "Vae victis", mort
aux vaincus. Trois sur quatre, au minimum, disparaîtront : Juppé, ou Sarkozy, ou Fillon, ou Le Maire même si,
en théorie, ce dernier a l'âge auquel l'espoir est encore permis.. Le vainqueur de la primaire, en revanche, aura de grandes chances de se retrouver à l'Elysée en
mai prochain. A peine le candidat de droite désigné c'est à gauche que la
fièvre montera. "Primaire
de gauche de gouvernement" :
qui osera affronter le président sortant ? Primaire écologiste : qui osera
affronter le ridicule ? Contestataires de
l'extrême gauche : qui osera affronter Mélenchon ? Solitaires de tout poil : qui
osera affronter l'infiniment petit ?
Le trop plein disait de Gaulle évoquant les
candidats à sa succession. Sur ce point, aucun risque de se tromper. Mais sur
le fond, sur quoi va se jouer l'élection ? Les personnes ? On sait depuis 2012
que l'on peut être élu sur le rejet de l'adversaire. Mais le "Moi,
président", plus personne ne s'y risquera.
L’économie paraissait s’imposer.
D'ailleurs, c'est Hollande lui-même qui
a choisi ce terrain. En 2012, par des promesses mensongères qui ont tué son
quinquennat. Dès le début de son mandat, sur la courbe du chômage, puis sur la
croissance qui "elle est là", enfin sur le "ça va mieux"
que l'on scrute au microscope. De toute façon, il ne sera pas candidat si le
chômage ne recule pas de manière durable et significative...
Alors, tout le monde empile les propositions
pour relancer l'activité et rétablir les
équilibres économiques. Tout le monde ? Non pas tout le monde. Nicolas Sarkozy,
dont on commence à dire qu’il remonte dans les sondages, joue sur un autre
tempo : Moderato sur l’économie, Lento sur les questions sociétales,
Andante sur la sécurité.
Soyons franc, si l'on a tout faux et que l'on
s'est cruellement trompé, nous ne sommes pas ici les derniers, nous qui avons
consacré tant d'énergie à dépouiller les rapports de la Cour des comptes, les
statistiques de Pôle emploi et de l'Insee, les prévisions de l'Union
européenne, de la Banque mondiale et de l'OCDE, persuadés que c'est sur l'emploi,
le pouvoir d'achat et les impôts que les français se détermineront pour le
choix de leur futur président.
Pas absurde, d'ailleurs, puisque c'est de la
vie quotidienne de nos compatriotes qu'il s'agit. Seulement, désormais, c'est
leur vie tout court qui est en jeu. Nous pensons évidemment aux attentats et
aux victimes dont le nombre ne cesse de croître. La
France, il faut le reconnaître, a réagi de manière admirable. Pas de panique,
pas de stigmatisation, pas de violence en réaction. Compassion, dignité,
recueillement. C'était une belle réponse à la sauvagerie.
Mais à la fin, trop c'est trop. Surtout quand le
drame s'accompagne d'une peur grandissante et de l'horreur face aux méthodes
utilisées au nom d'une folle barbarie. Les armes lourdes, les explosifs, les
camions, les couteaux, les machettes... Quant aux victimes, personne n'est
épargné : il y a eu les élèves juifs, les soldats musulmans, les jeunes, les
enfants, les familles, les policières, les personnes âgées, les prêtres..., à
chaque fois une étape supplémentaire dans l'horreur est franchie . Mais il n'y a
pas que les morts, les blessés, les parents et les amis, il y aussi des dégâts dans
les esprits chez chacun de nous, causés par les visions insoutenables des
massacres et les témoignages glaçants des rescapés qui défilent en boucle sur
tous les médias. Ce sont nos fils et nos compagnes que l'on vient égorger jusque
dans nos bras.
Alors, la compassion des autorités, les
monticules de fleurs, les minutes de silence, ne pourront pas continuer de constituer
la seule réponse face à ce que, pourtant, l'on n’hésite plus à appeler une
guerre et dont on a fini par se résoudre à nommer l'ennemi : l'extrémisme islamiste.
Quant aux interventions extérieures, si elles affaiblissent ce dernier dans ses
bastions éloignés, elles ne contribuent en rien à réduire les actions
terroristes sur le territoire national.
Que l'on nous comprenne bien, nous ne faisons
ici le procès de personne. Ce serait trop facile alors que l’on sait bien qu’il
n'existe pas, aujourd'hui, de solution miracle. Mais nous posons une question :
combien de temps le peuple français acceptera-t-il qu'on lui répète que le
risque zéro n'existe pas sans en déduire que la tolérance zéro s'impose,
qu'il est inutile de continuer à faire des lois contre le terrorisme, qu'il
n'est pas question de réviser la constitution et que le respect en tout temps et
en tout lieu des droits de l'Homme reste la priorité absolue et incontournable
?
On a le droit de le penser mais il n'empêche
que les français ne s'en contenteront sûrement pas plus longtemps. Même si leur
colère est intérieure et s’ils n’osent pas encore l’exprimer publiquement.
Nous en arrivons ainsi à la question de cette
chronique : si les attentats continuent et il n'y a aucune raison d'espérer le
contraire, les français resteront ils
sans réagir ? Écartons les violences entre communautés ce qui serait
évidemment le drame absolu et l’objectif recherché par les djihadistes. Dans une démocratie, les armes ce sont les urnes et l'on constate que le terrorisme, les flux
migratoires et les extrémismes religieux occupent une place de plus en plus
importantes dans le vote des citoyens.
On a pu déjà le constater à l'étranger,
pourquoi la France serait-elle épargnée alors qu'elle est probablement le pays
le plus menacé ? Et si donc l'on avait tout faux et que la prochaine
présidentielle se jouait de manière déterminante sur ces sujets de sécurité,
d'identité, d'immigration ?
On peut toujours se boucher le nez et
s'indigner mais l’on ne peut pas l’écarter d'un geste de mépris. On a déjà vu
l'élection présidentielle en Autriche, le Brexit outre-Manche, Trump aux
États-Unis. Et nous, nous disputerions du plafonnement des indemnités
prud'homales et du travail le dimanche ?
Et si le prochain président de la République,
ou la prochaine présidente, était élu(e) sur les seuls critères de ses positions
contre le terrorisme et de la fermeté de son caractère ?
Nos candidats feraient bien d'y réfléchir
avant de cultiver leurs ambitions personnelles. Il leur faut être clairs,
courageux et crédibles sur ces sujets, rassembler le plus largement possible, au-delà
des partis et des idéologies, sur un plan concret et cohérent pour éradiquer
l'ennemi. Se poser enfin, la question des conséquences que pourraient avoir les
candidatures de division ou de vanité qui profiteraient avant tout aux extrêmes populistes sans qu'ils aient même à mener une vraie campagne.
Chacun les reconnaîtra...
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