Depuis notre dernière chronique,
nous sentons l’angoisse monter en repensant à cette déclaration de
Hollande : « LA TRAHISON, C’EÛT ÉTÉ DE LAISSER LE PAYS DANS L’ÉTAT OÙ JE
L’AI TROUVÉ. » Et s’il était sérieux et s’il pensait vraiment que la
situation de la France était, grâce à lui, meilleure qu’à son arrivée à
l’Élysée, et s'il s'entêtait ?Effrayant !
Nous avons déjà montré
l’excellence de sa politique pour l’emploi qui nous laissera, à son départ, un
bon million de chômeurs de plus. Mais nous avons voulu aller plus loin et faire
un premier bilan des autres priorités de son mandat. Vous vous souvenez sans
doute des tableaux joints à son programme électoral, "Le changement, c’est
maintenant - Mes 60 propositions pour la France". Cinq magnifiques
graphiques sur la croissance, le désendettement, la baisse du déficit, la
réduction de la dépense publique et la maîtrise du taux de prélèvements
obligatoires.
Revisitons-les :
-Croissance : Au cours de son mandat la richesse
nationale devait croître, en cumulé, de 8,7% (1). Dit comme ça, on ne mesure
pas bien mais cela veut dire qu’en 2016, selon l’engagement de Hollande, notre PNB
serait supérieur de 162 milliards à celui de 2011. Ça, c’est le rêve qu’il nous
avait vendu. Dans la réalité, la croissance aura été entre 2012 et 2016 de 3,3%
seulement. Manque à gagner par rapport à
ses engagements : 5,4 points de PIB, soit 115 milliards !
L’état dans lequel il avait trouvé
la France ? Le taux de croissance était de 2,1% pour l’année 2011 ! Un niveau jamais atteint
durant l’actuel quinquennat…
-Dette : En
2011, la dette de la France s’élevait à 1.717 milliards soit 85,8% du PIB. Le dernier chiffre
qui vient d’être publié par l’INSEE l’évalue à 2.137 milliards, soit 97,5% du
PIB (2). D’ores et déjà la facture du quinquennat est de 420 milliards !
- Déficit: Dommage que Hollande ne se soit pas contenté de
se féliciter d’avoir baissé le déficit public. Parce que cela aurait été vrai.
En revanche, il a complétement raté ses engagements qui, d’ailleurs, étaient
ceux de la France à l’égard de l’Europe. Il avait promis de ramener le déficit
à 3% du PIB dès 2013 puis à 0,8% en 2016 avant d’arriver à l’équilibre
en 2017 (3). En réalité, selon le
gouvernement, ce n’est qu’en 2017 qu’il
espère passer sous la barre fatidique des 3 %, avec 4 ans de retard donc, et … après les élections !
-Dépenses publiques (Budgets de l'État, des collectivités territoriales, de la sécurité sociale): Nous entrons ici dans le domaine
du grand baratin. Hollande avait promis de ramener la dépense publique de 56,5%
du PIB en 2012 à 53,9% en 2017.
En 2011, dernière année pleine
du quinquennat précèdent, le pourcentage des dépenses publiques dans le PIB
était de 55,9%. Il s’est élevé
à 57% en 2015. Bien
entendu, la promesse ne sera jamais tenue et les dépenses continueront d'augmenter.
Mais pourquoi, alors, le gouvernement insiste-t-il lourdement sur les économies réalisées ? 15 milliards telle
année, 50 milliards sur le quinquennat… De quoi mettre debout la nuit tous les
frondeurs et casseurs de France. Ce n’est plus de la rigueur, c’est de
l’austérité.
Seulement c’est faux ! Voici les
chiffres officiels du total des dépenses publiques en euros sur la période :
2011 : 1.119 milliards,
ça c’était avant. Sous Hollande : 1.151 milliards en 2012, 1.205 en 2013,
1226 en 2014, 1.243 milliards en 2015,
aucun chiffre n’est évidemment disponible pour 2016 mais la progression devrait
se poursuivre ne serait-ce qu’en raison des promesses électorales qui
s’accumulent (près de 10 milliards depuis le début de l’année). La dernière
année du mandat Hollande on aura donc dépensé au moins 124 milliards de plus que l’année précédant sa prise de
fonction ! Les économies, walou !
Si les dépenses réelles augmentent chaque année, comme on peut le constater dans les comptes de la Nation, que sont alors devenues les fameuses économies, où sont-elles ? La réponse est toute simple ( ?) : les économies dont on se félicite sont des "économies par rapport à un tendanciel d'évolution spontanée des dépenses". Si cela vous parait manquer de clarté nous avons tenté une petite explication en renvoi (5).
Si les dépenses réelles augmentent chaque année, comme on peut le constater dans les comptes de la Nation, que sont alors devenues les fameuses économies, où sont-elles ? La réponse est toute simple ( ?) : les économies dont on se félicite sont des "économies par rapport à un tendanciel d'évolution spontanée des dépenses". Si cela vous parait manquer de clarté nous avons tenté une petite explication en renvoi (5).
-Taux de prélèvements
obligatoires, (impôts, taxes et cotisations sociales).
Nous avons vu que les dépenses publiques n’ont
cessé de croître. Pourtant le déficit public se réduit. Comment peut-on
dépenser plus et diminuer le déficit budgétaire ? Fastoche, il suffit
d’augmenter les recettes c’est-à-dire les impôts. Hollande lui-même avait vu le
piège. Il s’est donc bien gardé de promettre une baisse des prélèvements
obligatoires. Il s’est contenté d’affirmer que le taux de prélèvements
obligatoires resterait inférieur à 47% du PIB (ce qui serait un record mondial
et un niveau jamais atteint en France).
On pourrait se demander pourquoi, sur ce seul
point, il annonce des chiffres exagérément pessimistes. Mais on le sait bien : il veut
faire payer les riches et son ennemi, c’est la finance. Il n’allait pas
promettre une baisse des impôts ! Il ne s’est donc pas gêné...
La dernière année pleine du mandat
de Sarkozy, en 2011, le taux de prélèvement
était de 42,6%. Il a atteint 44,7% en 2015, chiffre qui devrait se stabiliser en
2016 (espérons-le), soit 2,1 points de PIB supplémentaires. Nous sommes sur le point de
dépasser le Danemark, champion toutes catégories.
On entend d’ici les
protestations : croyez-vous que Sarkozy aurait fait mieux ? Pas la
moindre idée ! Il est vrai que cela n’a pas été facile pour lui non plus
mais, au moins, il avait l’excuse de la grande crise de 2008/2010 en
comparaison de laquelle celle de l’euro, d’ailleurs également subie par
l’ancien président les deux dernières années de son mandat, ressemble à un long
fleuve tranquille. Mais là n’est pas la question. Si Hollande avait
déclaré : « je ferai mieux que Sarkozy » on aurait pu refaire le
match. Mais il promet de laisser le pays en meilleur état que celui dans lequel
il l’a trouvé en arrivant ! Sacré bobard mais personne n’est dupe…
Monsieur le Président, merci pour
ces moments. Il vous reste quelques mois à profiter du Palais de l’Élysée.
Profitez-en mais, surtout, s’il vous plait, ne touchez plus à rien.
Tous les chiffres
proviennent des comptes nationaux de l’INSEE, consultables sur son site. Ils
sont la référence mondiale pour les comptes de la France. Seule critique, les
résultats définitifs de 2016 ne seront publiés qu’après les élections
présidentielles. D’ici là, la machine à promesses et à enfumage peut
fonctionner à plein régime…
(1) 0,5% en 2012, 1,7% en 2013, 2% en 2014, 2% en 2015
et jusqu’à 2,5% ensuite. Soit un total de 8.7% entre 2012 et 2016. En réalité, la croissance aura été de 0,2% en
2012, 0,6% en 2013, 0,6% en 2014, 1.3% en 2015 et, au mieux, 1,6% en 2016, soit
sur cette même période un total de 3,3%. Petite erreur de 5,4% PIB, soit plus
de 115 milliards de manque à gagner en 2016 et les années suivantes. C’est sur
de tels engagements qu’il a été élu…
(2)Dans son programme Hollande avait annoncé qu’il
ramènerait la dette publique de 85,8%% du PIB en 2011 à 83,4% en 2016. Entre
2011, dernière année pleine de Sarkozy et 2016, dernière année pleine de
Hollande, le taux d’endettement de la France sera passé de 85,8% à 97,5%, soit
11,7 points de PIB de plus que la dette qu’il avait trouvée !
(3)La réalité est beaucoup plus sombre : - 4,8% en
2013, - 4% en 2014, -3.5% en 2015. Les dernières prévisions du gouvernement
sont les suivantes : -3,3% du PIB en 2016, -2,7% en 2017. Ces
prévisions sont "affectées de fragilités majeures", estime la
Cour des comptes dans son rapport sur la situation et les perspectives des
finances publiques publié le 29 juin 2016. Ce qui signifie qu’elle n’y croit
pas une seconde. De toute façon, les
résultats de 2017 ne seront connus qu’en 2018...
(4) Si votre banquier vous convoque parce que vos dépenses
explosent lui répondriez-vous : "Pourtant je fais des économies, en
tout cas sur de nombreux postes. Mais le loyer et les charges augmentent, les
impôts aussi, l’électricité … et ce sont des dépenses auxquelles je ne peux
échapper. Alors je rogne partout où je le peux mais au total, je dois le
reconnaître, mes économies restent inférieures à mes dépenses supplémentaires. J’économise
beaucoup mais je dépense plus."
Eh bien, c’est
ce fait l’État sauf qu’il se garde bien de reconnaître que ses dépenses
augmentent. Le nombre de fonctionnaires ne baisse pas, leur salaire progresse,
par ancienneté et au mérite, multiplication des emplois jeunes, formations pour chômeurs et les cadeaux qui se multiplient pour ceux qui sont
censés voter pour vous. Dépenser n'est pas mauvais en soi, c'est mentir qui est diabolique! Au total, c’est incontestable, on dépense plus. Mais en
France, la réalité se cache souvent sous le vocabulaire. Donc on parle d’"économies
par rapport à un tendanciel d'évolution spontanée des dépenses". En clair, faire des économies, c’est dépenser un peu moins que ce que l’on aurait dépensé
si l’on n’avait pas réduit, ici ou là, quelques dépenses. Imaginez la tête de votre banquier, elle ressemble à celle que nous font nos partenaires européens…
Quant à la
Cour des comptes, voici ce qu’elle écrit dans son rapport : "L’examen
des hypothèses retenues par le gouvernement révèle qu’elles conduisent à une évaluation
plutôt élevée de la croissance tendancielle et à majorer d’autant les économies
affichées". Elle conteste donc (mais qu’en termes élégants ces
choses-là sont dites…) l’évaluation de la fameuse croissance tendancielle et ne
croit pas plus que nous à la baisse réelle des dépenses publiques…
(5) Prélèvements obligatoires en pourcentage du
PIB :
2011 : 42,6% - 2012 : 43,8% - 2013 :
44,8% - 2014 : 44,8% - 2015 : 44,7%.
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