Cette déclaration
faite par Hollande dans l’interview qu’il a donnée aux Échos le 30 juin est un
magnifique cadeau qu’il vient de nous faire. D’abord une immense rigolade que
nous n’arrivons toujours pas à réprimer ! C’est vrai qu’il est drôle…
Mais, surtout, il
nous offre la possibilité d’un nombre incalculable de chroniques en réaction à
ces propos. Il ne sera pas bien difficile de démontrer que sur la plupart des
grands problèmes la situation de la France a empiré. Ah, si la France
pouvait se retrouver en 2017 dans la situation qui était la sienne il y a 5 ans en matière de dette, de chômage, de dépenses publiques, de pression fiscale, de
sécurité, sans parler de l’état du PS, du niveau du FN et de la division du
pays qui n’a jamais été si profonde ! Nous aurons donc l’occasion d’y revenir
point par point.
Commençons aujourd’hui par le chômage.
Hollande annoncera,
parait-il, sa candidature à un second mandat en janvier 2017 (si toutefois, il
n’a pas renoncé à se présenter d’ici là). Il s’y est engagé, il ne sera
candidat que s’il y a "une baisse
continue, sur plusieurs mois, du
chômage ".
Pour juger du caractère continu il faut évidemment retenir une
date de départ et une date d’arrivée.
-Premier point possible de départ : son élection en mai 2012.
Quand il est arrivé à l’Élysée il y avait en France 2.920.000 chômeurs. C’est sûr
que si l’on retient ce critère il ne laissera pas la France dans l’état où il
l’a trouvée…
-Second point de départ : l’annonce de l’inversion de
la courbe du chômage en septembre 2012. Il y avait alors 3.058.000 chômeurs.
Pas bon non plus…
-Troisième point de départ : 31 décembre 2013, date
limite fixée par le président pour que l’inversion soit une réalité. Hélas,
les chômeurs étaient 3.303.000. Oublions …
-Quatrième point de départ : janvier 2016. Ce sont les
12 mois qui restent pour remettre la France dans l’état où il l’a trouvée avant
de faire l’annonce de sa candidature. Aujourd’hui nous connaissons les
statistiques du ministère du travail sur les 5 premiers mois de l’année.
Baisse continue
tout au long de l’année et régulière ? En réalité, nous avons
enregistré trois baisses et deux hausses. Pour l’instant, nous avons plutôt une
baisse "discontinue et irrégulière", ce qui n’est pas tout à fait la
même chose…
Baisse significative ?
3.581.000 en
janvier, 3.520.000
en mai soit 61.000 chômeurs de moins. À ce rythme, il pourrait y avoir 3.435.000 chômeurs
fin 2016. Ce serait une baisse sans aucun doute, et bonne à prendre, mais c’est
encore beaucoup, beaucoup plus mauvais que la situation qu’il avait trouvée en
arrivant.
Baisse crédible ?
Il faut préciser que les chiffres jusqu’à présent cités ne concernent que la
France métropolitaine. Si l’on ajoute les DOM, ce qui est la moindre des choses
quand on parle de la France, le total à fin mai monte à 3.776.000.
Enfin
"total", c’est vite dit puisque nous n’avons encore parlé
que des chômeurs de catégorie A (sans aucune activité, tenus de rechercher
activer un emploi). Si l’on ajoute les catégories B et C (c’est-à-dire les
personnes qui cherchent un emploi mais qui en attendant ont dégoté des petits boulots à
temps partiel), on monte à 5.428.000 en France métropolitaine et 5.726.000 en
France.
Mais ce n’est pas
fini. Pour avoir un bilan complet du chômage il faut ajouter les catégories D
(non tenus de chercher un emploi, sans emploi ; ici se trouvent les chômeurs
envoyés en formation dont le gouvernement a décidé d’augmenter le nombre de
500.000) et E (non tenus de chercher un emploi, en emploi ; ici sont
enregistrés les divers et nombreux emplois aidés, par exemple les emplois
d’avenir). Toutes catégories confondues, il y a donc 6.152.000 demandeurs d’emploi en
métropole et 6.484.000 en France.
Baisse sincère ?
Nous avons eu l’occasion à de nombreuses reprises de relever les manipulations
auxquelles on a procédé pour faire baisser les chiffres du chômage. Nous aurons
l’occasion d’y revenir. Pour aujourd’hui nous nous contenterons d’observer que
le total des demandeurs d’emploi en catégories D et E a augmenté de 110.000 entre
mai 2012 et mai 2016. C’est dans ces catégories que l’on recense les chômeurs
en formation, les emplois jeunes, les stages… S’il n’y avait pas eu cette
augmentation on aurait 110.000 chômeurs de plus en catégorie A. Et le
gouvernement va accroître le nombre de formations par centaines de milliers qui
permettront de dégonfler d’autant la catégorie A ! Retenons donc qu’à
fin mai, 723.000 demandeurs d’emploi étaient recensés en D et E. À suivre …
Ce qui est
incontestable, c’est que sous le mandat de Hollande, en 4 ans, le nombre de
personnes inscrites à Pôle emploi a augmenté en France métropolitaine de :
-600.000 en catégorie A
-1.081.000 en catégories A, B, C
-1.192.000 toutes catégories confondues
Deux
conclusions : Primo, sa déclaration selon laquelle il ne laissera pas la
France dans l’état dans lequel il l’a trouvée, signifie en réalité qu’il la
laissera dans un état bien pire. Ce n’est pas une trahison, c’est un désastre…
Secundo : le
match avec Sarkozy dont on n’a pas fini de parler, est assurément plié, au
moins en matière de chômage. On peut toujours critiquer l’arbitre, évoquer
l’état du terrain, les conditions climatiques mais cela n’a jamais changé le
résultat.
À ce stade, Hollande est éliminé.
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