Cette fois, il a largué les amarres, il s’est mis En Marche !,
il est parti pour la grande traversée. Jusqu’où ira-t-il ? Saura-t-il
éviter les vents contraires ?
Arriveras-tu là-bas, bateau fantôme, vers ces îles dont tu
rêvas ?
Devant 3.000 admirateurs tassés sur les quais de la Mutualité,
notre Manu a prononcé un long discours, en marche, seul sur scène et sans
papier. Comme toujours lors de ce genre d’événements, on retiendra deux choses
essentielles : le lieu et la date. L’un et l’autre délivrent un message.
Le lieu, c’est la Mutualité, temple de la gauche française ;
mais pas seulement, c'est là que Sarkozy reconnaîtra sa défaite le soir du
deuxième tour en 2012.
La date, c’est deux jours avant le traditionnel discours du
président de la République, le 14 juillet, dont on attend beaucoup cette année
puisque ce sera le dernier du quinquennat. Double provocation donc !
Certes, il n’y eut pas de déclaration formelle de
candidature à la présidentielle mais cela y ressemblait beaucoup. Tout le monde
a compris que Manuel Macron était prêt et qu’il avait pris le large : «
Ce mouvement rien ne peut plus l’arrêter. Ce mouvement, parce que c’est le
mouvement de l’espoir, nous le porterons jusqu’en 2017 et jusqu’à la victoire ! »
Difficile d’être plus clair.
Plus confus, en revanche, sa position vis-à-vis de Hollande.
Va-t-il le quitter, démissionner, l’affronter ? En réalité, pas si confus
que cela si Macron pense que Hollande ne sera pas
candidat à la prochaine élection présidentielle. Soit, le rejet de sa personne restant toujours aussi fort, il n’est pas parvenu à
redresser son image et il
renonce à la primaire socialiste. Le choc serait tel au parti socialiste que l’on voit mal le maintien d’une primaire où Valls serait opposé à Montebourg, Hamon, Bennahmias, de Rugy, et d'autres. Si c'était le cas malgré tout, Valls désigné par défaut, remplaçant au pied levé le président sortant éliminé pour cause de rejet, en sortirait bien affaibli pour affronter un Macron parti bien avant lui et qui n'ayant pas participé à la primaire ne serait pas tenu de s'effacer devant le vainqueur. Soit, Hollande est tout simplement battu à la primaire. Inimaginable ? Tout est possible en politique, par exemple si les frondeurs et contestataires parvenaient à présenter un candidat commun. La voie serait alors libre pour Macron. Ni de droite ni de gauche,
moderne, sympathique et surtout neuf.
C’est pourquoi il multiplie les marques de respect à l’égard
du président. Il ne veut pas être le traître qui aurait porté le coup fatal et s’il
devait quitter le gouvernement ce serait à cause du méchant Valls.
Mais s’il ne veut pas tuer le père, il lui a déjà préparé un
bel enterrement et son éloge funèbre est prêt : « Le président
de la République m’a fait confiance et je ne l’en remercierai jamais assez… »
Comme il est gentil l’assassin de papa !
Même l’héritage ne lui convient pas vraiment : « Pendant
deux ans, il y a eu beaucoup de choses faites.» Deux ans c’est la durée de son
ministère mais les deux années d’avant aux côtés du président à l’Élysée ?
Ah, si on l’avait écouté : La loi travail ? "Ce n’est plus le combat
d’aujourd’hui" ; La transition énergétique ? "Nous devons aller
plus loin". Lui veut "porter un programme, porter une vision, changer le pays".
Maintenant qu’il est son propre capitaine, il peut hisser la grand-voile et vogue la galère.
Maintenant qu’il est son propre capitaine, il peut hisser la grand-voile et vogue la galère.
Bien sûr, rien n’est joué et il risque d’attirer toutes les
foudres sur lui. Il a beau dire : « L'élection présidentielle de
2017, ce n'est pas un vote contre, c'est l'occasion d'avancer… C'est cela notre
bataille pour les prochains mois. Et dans cette bataille nous allons donner
toutes nos forces, nous allons prendre tous les risques, et je les prendrai
avec vous. » Il doit s’attendre qu’à quelques coups de tabac.
Bah ! Il navigue sur sa route…
Des jours et des jours tu dériveras, Peut-être que jamais tu
n'arriveras, Mais au moins, Manu, tu rêvas.
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