Ces dernières semaines Hollande a
pris trois décisions. De vraies décisions parce qu’avec lui, il faut savoir distinguer
les vraies des fausses décisions.
On reconnaît les fausses à ce
qu’elles restent des paroles verbales et finissent par aller rejoindre le
cimetière des engagements trahis. Sans remonter au bon vieux temps du "changement maintenant", celui de la renégociation du pacte européen de stabilité, ou
du droit de vote pour les étrangers non européens, plus récemment la célèbre inversion
de la courbe du Chômage pour 2013 ou la promesse, chaque année repoussée, de
revenir sous les 3% de déficits publics. Tout cela, c’est de l’Histoire et on
sait maintenant que c’étaient des histoires.
Restons dans le temps présent.
Parmi toutes les fausses annonces, il y en a une qui a mobilisé tout le pays
derrière le président de la République, la révision de la constitution sur la
déchéance de la nationalité pour les binationaux. Rarement il y eut une telle
unanimité dans le pays et pourtant ce projet va aller reposer dans le lieu que
nous évoquions plus haut. Parce que la droite ne l’a pas voulu ? Ça, c’est
de la blague politicienne. Tout simplement parce que Hollande lui-même a changé
d’avis sous la pression de ses amis qui ont préféré étendre la mesure à tous
les français quitte à rendre apatrides ceux qui ne sont "que"
français. Sa propre proposition "stigmatisait", parait-il, les
binationaux et l'on a bien compris que les conséquences électorales pourraient bien être néfastes à la gauche. Mais il ne faudrait pas y voir le moindre lien avec la question posée par notre référendum...
Et puis, il y a aussi la très
importante loi pour "Les libertés et nouvelles protections pour les
entreprises et les actifs" et que l’on appelle désormais, "la Loi
travail". Elle n’a pas encore rejoint la déchéance de nationalité au
cimetière car elle bouge toujours mais elle a perdu toutes ses souplesses. Que
voulez-vous, avoir de bonnes idées, c’est bien mais risquer de mettre les
jeunes dans la rue, c’est trop grave.
Au fond, il est assez facile de
repérer les annonces qui n’aboutiront jamais, ce sont celles qui touchent,
aussi peu que ce soit, aux avantages acquis. Et encore plus facile de savoir
celles qui aboutiront, ce sont celles qui augmentent les impôts ou les dépenses
publiques. Coup sur coup, dans la période récente, Hollande vient faire tapis
avec une mise totale de près de 10 milliards.
On a utilisé le terme
"mise" car il s’agit bien d’un pari qui pourrait rapporter beaucoup,
beaucoup de voix, mais nous n’en tirons aucune conséquence sur notre sondage…
Donc, le gouvernement a annoncé
deux mesures pour les fonctionnaires : peu de temps après le
"Protocole sur les carrières" (qui n’est jamais qu’une refonte -à la
hausse- des grilles de traitements), voilà l’augmentation générale indiciaire de
1,2%. À cela, il faut ajouter une mesure pour les jeunes : la "généralisation de la garantie
jeune".
Entre ces trois mesures, il y a plusieurs points communs.
D’abord, elles confirment le dicton
de la grand’mère de Martine Aubry : "Quand c’est flou, c’est qu’il y a un
loup". Et c’est vraiment flou. Ainsi, le protocole sur les carrières coûtera 2 à 3 milliards selon l’État (admirons la précision !) mais 5 milliards à partir de 2020 selon la cour des comptes. La hausse de 1,2% du
point de la fonction publique se fera en deux fois 0,60% le 1er
Juillet 2016 et 0,60% le 1er février 2017. Son coût serait de 2,4
milliards par an en année pleine mais l'essentiel pèsera sur 2017 et les années suivantes. La généralisation de la "Garantie Jeunes"
pour les personnes entre 16 et 25 ans fait sauter tous les compteurs. 420
millions en 2017 pour 100.000 jeunes de plus dit l’Etat, 600 millions pour
150.000 bénéficiaires.
Mais l’UNEF, crie
à l’enfumage, il y a un loup car cela coûterait trop cher: 5 milliards pour 900.000 jeunes, ce ne sera donc pas une généralisation. En réalité, sur les 900.000 jeunes entre 16 et 25 ans théoriquement éligibles, "seuls"
500.000 pourraient y prétendre compte tenu des nombreuses conditions,
notamment les ressources de la famille. Si l'UNEF râle c'est qu'elle a compris
que la "généralisation" ne devrait pas concerner les étudiants enfin,
les vrais, ceux qui obtiennent des diplomes et se forment, mais les exclus, qui ne sont pas
de leur clientèle. Ce qui est sûr, c’est que l’indemnité versée sera de 461€
par mois soit 5.532€ par an. Il suffit de faire une multiplication.
Au total, pour ces trois mesures,
une petite dizaine de milliards en année de croisière. Donc c’est très cher et, comme disait Fernand Raynaud, en plus on ne connaît même pas le prix !
Démagogie et incompétence…
Second trait commun, vous l’avez
compris, l’annonce et ses bénéfices, c’est pour maintenant; la facture, c’est
pour après les élections…
Enfin, dernier point commun et le
plus intéressant pour notre sujet d’aujourd’hui, ces cadeaux s’adressent à un
public bien cerné : les jeunes et les fonctionnaires, deux catégories qui
avaient voté Hollande et qui sont en train de le lâcher.
On se souvient de la recommandation
de Terra Nova (Think Tank du PS, dont le nouveau président est François
Chérèque, l’ancien patron de la CFDT), selon laquelle, puisque les classes
populaires ont abandonné le PS, il lui faut absolument retenir les
fonctionnaires et remplacer ceux qui sont partis au Front (national ou de
gauche). Leur cible est toute trouvée : les "outsiders". Terme délicat pour
désigner, par opposition aux "insiders", les personnes en situation exclusion, en
majorité les jeunes sortis du système scolaire sans formation et les personnes
issues de l’immigration non intégrées, les sans-dents, quoi…
Bien entendu, inutile de chercher
ici un lien avec la question posée par notre référendum. La preuve: il n’a pas
annoncé de crédits pour les personnes issues de l’immigration en difficulté.
Et la volte-face sur les
binationaux qu'il ne faut pas stigmatiser, cela concerne qui ? Et pourquoi Hollande est-il allé célébrer
le 19 mars "la journée nationale du souvenir et de recueillement à la
mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des
combats en Tunisie et au Maroc", c’est-à-dire les accords d’Évian et le
cessez-le feu en Algérie suscitant la colère des familles de Harkis et de pieds
noirs. Mais disons-le à nouveau, il n'y a aucun lien avec la question que nous posons par notre référendum.
Vous pouvez penser que Hollande sera candidat ou qu'il renoncera. Oui ou non, c'est votre avis qui compte.
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