"Monsieur le Président je vous fais une lettre
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
je m’en vais déserter."
Que vous lirez peut-être
Si vous avez le temps
Il faut que je vous dise
Ma décision est prise
je m’en vais déserter."
("Le déserteur"- Boris Vian)
François
Rebsamen, ministre de travail, va remettre sa démission au président de la
République. Ce sera sa dernière fourberie. En général, un ministre s’en va dans
la discrétion, c’est l’Elysée qui en fait l’annonce en même temps que la
nomination de son successeur. Pas avec lui : il fait le buzz en annonçant qu’il
va partir mais peut-être pas. Puis qu’il remettra sa démission le 19 août,
mais restera, parait-il, jusqu'au 9 septembre. Et puis non, ce sera le 19, suspens insupportable et guignolesque... Le temps de vérifier qu’il n’a
pas oublié quelques chômeurs dans un placard ou d’achever un dernier
tripatouillage? Espérons, en tout cas, que le personnel de Pôle emploi aura la délicatesse
de lui concocter une petite baisse du chômage en juillet, comme cadeau de
départ…
C'est qu'il a plus
important à faire que de s'occuper des chômeurs français: retrouver son
fauteuil de maire à Dijon. Ceux qui avaient cru que les nouvelles règles contre
le cumul moraliseraient la vie politique en seront pour leur frais. "Moi, président de la République, les
ministres ne pourraient pas cumuler leurs fonctions avec un mandat local",
était l'une des célèbres anaphores du candidat Hollande. Tu parles! On peut
abandonner ses fonctions électives quand on devient ministre mais la
République, bonne fille, vous les garde bien au chaud. Si un remaniement vous
est fatal ou si, tout simplement, vous en avez marre, pas de problème, vous retrouverez votre job. De quoi faire rêver tous les français qui perdent
leur emploi...
Justement, il avait été nommé pour trouver des emplois à ceux qui en cherchent. Son échec aura été total, mais il nous laissera au moins 2 phrases qui encadreront de manière inoubliable son bilan de ministre du chômage :
Justement, il avait été nommé pour trouver des emplois à ceux qui en cherchent. Son échec aura été total, mais il nous laissera au moins 2 phrases qui encadreront de manière inoubliable son bilan de ministre du chômage :
-A son
arrivée, en avril 2014, il clarifie la promesse d'inversion de la courbe : "Il
faut que quand nous arriverons à la fin du quinquennat il y ait moins de 3
millions de chômeurs "(LCI, mai 2014).
-A son
départ, lors de la publication des derniers chiffres du chômage, il explique (Europe 1, 22 juillet 2015) : "Si le chômage augmente, c'est parce qu'on a
un tel dynamisme démographique…" Salops de jeunes! Non seulement ils
nous reprochent la dette mais en plus ils veulent nous piquer
notre boulot! On aurait du agir avec nos enfants comme avec les 35
heures. Moins en faire. Si la France avait moins d'enfants, nous aurions
moins de demandeurs d'emploi. En fait, si l'on a trop de chômage, c'est à cause
des immigrés et des femmes. Les premiers, comme chacun sait, ont beaucoup
d'enfants et ce sont les secondes qui, comme chacun sait, font les enfants. En France, en
tout cas. En Allemagne, non seulement elles font moins d'enfants mais en plus
elles sont moins nombreuses à travailler. Ah, être ministre du
travail en Allemagne!
Rebsamen est
fier d'être de gauche (oui, oui!) et de figurer parmi les très intimes de Hollande. Mais il
préfère s'occuper de la ville de Dijon, 150.000 habitants et 80.000 électeurs. C'est sûrement plus dans ses cordes.
Pendant les 16 mois où il a été ministre du travail, le nombre de chômeurs en France a
augmenté de 200.000...
Au revoir, Monsieur Rebsamen, Adieu plutôt.
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