Le maréchal Joffre, vainqueur de la bataille
de la Marne, disait : « Je ne sais pas qui l’a gagnée mais je sais qui l’aurait
perdue. » Dans le psychodrame hellène personne ne
s’étant sincèrement soucié de l’intérêt des citoyens grecs on sait
que ce sont eux les grands perdants. Mais les principaux acteurs qui ont tous
joué un rôle uniquement personnel, dans l’intérêt de leur propre carrière
politique, sortent-ils vainqueurs pour autant ? On le saura plus tard mais
d’ores et déjà des évidences apparaissent.
Barak Obama : grand vainqueur mais hors
compétition est resté durant toute la pièce d’une discrétion exemplaire.
Partout il est sur la défensive, en Afghanistan, en Irak, en Syrie,
en Palestine, contre Daech, en Ukraine face à Poutine, dans Balkans… si la
Grèce tombe elle risque d’entrainer tous les autres. Il était donc impératif qu’elle reste amarrée à l’Europe et il l’a fait clairement savoir à Angela Merkel qui a bien
reçu le message. Bonne semaine donc pour lui qui engrange, le même jour, un
accord avec l’Iran.
Tsipras, le héros déchu ? Vedette éphémère d’un reality show international, il a fait rêver toutes les midinettes de l’extrême gauche européenne avant de terminer son
spectacle, épuisé, abattu, vaincu, soupirant devant ses collaborateurs : « Je vais même devoir leur donner ma veste.» Bilan calamiteux ! Non seulement il n’a pu
tenir sa promesse de soulager son peuple des misères de l’austérité mais il a
leur a imposé des sacrifices bien plus considérables que ceux prévus dans le
plan qu’il leur avait demandé de refuser par référendum! Il ne se trouvera personne pour
défendre ses prédécesseurs mais, au moins, les sacrifices qu'ils avaient acceptés avaient
produit des effets positifs en termes de croissance et de déficit. Tout est
gâché, la situation de la Grèce est aujourd’hui bien plus mauvaise que quand il est arrivé au pouvoir. Il a joué, il a perdu… et en plus il est mauvais joueur. Il n'a pas hésité à
déclarer, en effet, que c'était un mauvais accord
"imposé par la force à la Grèce, seul moyen de maintenir le pays dans la zone
euro ...J'assume totalement mes responsabilités, pour mes fautes
et mes erreurs de jugement, et pour avoir signé un texte auquel je ne crois pas
mais que je suis contraint de mettre en œuvre." Comment lui faire
confiance ? Comment croire en la pérennité de l'accord ? Parions que l'on n'a
pas fini de parler de "Grexit"...
Hollande : Tsipras pourrait dire comme son antique cousin Antigone II, roi de Macédoine:"Mon Dieu, protégez-moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge." Il fut donc un vrai ami qui a tout fait pour que la Grèce reste dans la zone euro, allant jusqu’à lui préparer les termes de sa reddition face aux exigences allemandes. Il lui a fait accepter tout ce qu’il avait refusé jusque là, lui promettant que de telles propositions ne pourraient être repoussées. Comment Tsipras n’aurait-il pas cru le spécialiste des engagements non tenus et des prévisions non réalisées ? Ce qu’ils n’avaient pas prévu c’est que le rôle de mentor que s’est attribué Hollande n’a fait qu’irriter encore plus l’Allemagne et les pays du nord qui ont profité de l’occasion d’adresser un message à la France : cela pourrait être bientôt votre tour! Pour la Grèce, cela s’est traduit par des conditions encore plus draconiennes et une humiliation publique. Certains se félicitent que Hollande ait affirmé son "leadership" en Europe. Il est indiscutable qu’il a joué un rôle déterminant dans le maintien de la Grèce dans l'euro mais à quel prix ? La France, aux yeux de nombreux pays européens, a confirmé sa mauvaise réputation de laxisme (elle n’est pas considérée le modèle de bonne gestion…) et a porté un sérieux coup à la solidité du couple franco-allemand. Quant au maintien de la Grèce, s’il a obtenu satisfaction sur la direction, ce n’est pas lui qui a fixé le chemin et la route choisie sera bien différente de celle que Hollande avait indiquée à Tsipras. Curieusement, il est le seul à considérer que c'est un "bon accord". Mais ce n’est pas ce qui compte. L’important pour lui, c’est la victoire politique remportée en France. Il a rangé derrière lui tous les contestataires de sa gauche, ce qui renforce sa position pour l’élection présidentielle.
Hollande : Tsipras pourrait dire comme son antique cousin Antigone II, roi de Macédoine:"Mon Dieu, protégez-moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge." Il fut donc un vrai ami qui a tout fait pour que la Grèce reste dans la zone euro, allant jusqu’à lui préparer les termes de sa reddition face aux exigences allemandes. Il lui a fait accepter tout ce qu’il avait refusé jusque là, lui promettant que de telles propositions ne pourraient être repoussées. Comment Tsipras n’aurait-il pas cru le spécialiste des engagements non tenus et des prévisions non réalisées ? Ce qu’ils n’avaient pas prévu c’est que le rôle de mentor que s’est attribué Hollande n’a fait qu’irriter encore plus l’Allemagne et les pays du nord qui ont profité de l’occasion d’adresser un message à la France : cela pourrait être bientôt votre tour! Pour la Grèce, cela s’est traduit par des conditions encore plus draconiennes et une humiliation publique. Certains se félicitent que Hollande ait affirmé son "leadership" en Europe. Il est indiscutable qu’il a joué un rôle déterminant dans le maintien de la Grèce dans l'euro mais à quel prix ? La France, aux yeux de nombreux pays européens, a confirmé sa mauvaise réputation de laxisme (elle n’est pas considérée le modèle de bonne gestion…) et a porté un sérieux coup à la solidité du couple franco-allemand. Quant au maintien de la Grèce, s’il a obtenu satisfaction sur la direction, ce n’est pas lui qui a fixé le chemin et la route choisie sera bien différente de celle que Hollande avait indiquée à Tsipras. Curieusement, il est le seul à considérer que c'est un "bon accord". Mais ce n’est pas ce qui compte. L’important pour lui, c’est la victoire politique remportée en France. Il a rangé derrière lui tous les contestataires de sa gauche, ce qui renforce sa position pour l’élection présidentielle.
Merkel : Pour elle, la partie a été aussi
rude que pour Tsipras. Au plan interne, elle a sauvé l’essentiel, sa majorité de coalition, et évité de se faire déborder par ses concurrents, de son propre camp et des ses alliés socialistes.
Au plan international, elle vient de prendre la place qu’occupait jadis Mme Thatcher, celle du père fouettard. On dit du football que
c’est un sport qui se joue à deux équipes de onze joueurs chacune et qu’à la
fin, c’est l’Allemagne qui gagne. Avec l’Europe, c’est pareil. Les allemands ne
sont pas très aimés mais à la fin ce sont eux qui gagnent.
S’il est donc difficile de trouver le vainqueur
officiel, pour les perdants, en revanche, il n’y a pas photo. L’élection de
Tsipras avait annoncé la veille du grand soir pour l’ ultra-gauche et l’extrême-droite,
anti-européennes, anti-rigueur, anti-euro. Le front de gauche (Mélenchon et ses amis
communistes) et le front national voyaient arriver le vent qui allait gonfler
leurs voiles. Terminée l’austérité, oublié le traité de stabilité, abattue la
dictature de l’euro. Interdit d’interdire, mai 68 à Bruxelles… Complètement raté ! Tsipras va (peut-être!) appliquer des mesures encore
plus draconiennes que ses prédécesseurs et en totale contradiction avec ses promesses
électorales. Merci à la gauche radicale, elle a prouvé qu'elle était un parti
comme les autres: ce n'est pas parce qu'on a fait des promesses que l'on doit
les tenir ! Quant à l'extrême droite, le front national, comment
pourra-t-il continuer à préconiser l'abandon de l’euro quand, malgré toutes les désillusions, il n’y a plus que 2 grecs sur 10 qui sont prêts à y renoncer. C'est qu'ils ont pu, eux, mesurer la catastrophe
qui en résulterait. Le FN devra trouver autre chose : il plus facile
de détruire sa famille que la zone euro...
L’euro, précisément, dans quel état sort-il de la crise grecque ? Eh bien, cela peut paraitre paradoxal, mais pas
si mal que cela. Mieux en tout cas que ce que l’on annonçait et que la sortie de route que certains espéraient. Certes, la zone euro a donné un médiocre spectacle :
cafouillages, rodomontades, empoignades, reculades, brutalités de langage et de
mesures. Mais il est toujours là, sa parité avec le dollar est presque idéale
et l’exemple grec a démontré que malgré tous ses défauts il était devenu
indispensable. Il n’y a que les allemands qui pourraient, sans trop de dégâts,
s’en passer ; pour les autres, France y compris, ce serait un grand saut dans l’austérité, le chemin vers la pauvreté. Est-il donc le vrai
vainqueur ? En tout cas, il sera désormais regardé d’un autre œil.
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