Rebsamen est
en train de devenir le personnage le
plus en vue de la comedia del arte qui se donne depuis des mois, la comédie du
chômage. Il s’est composé un rôle sur mesure inspiré de Scapin, le petit futé
qui se moque du monde, et Polichinelle, le grincheux rusé et menteur. En rire
ou en pleurer ?
Nous avons toujours dit que le chômage finirait bien par baisser. Quelle que soit la profondeur de la piscine, à
force de couler, on parvient toujours à toucher le fond. En fait, cela ressemble plus
encore au saut à l'élastique où, quelle que soit la hauteur de la chute, quand
on arrive au maximum de tension de l'élastique (à condition qu'il ne casse
pas !) le sauteur finit par remonter mais jamais jusqu’au niveau de
départ. C'est ce qui va arriver à Hollande. Le chômage, à force de tirer sur la
ficelle, va repartir en sens inverse. Mais jamais il ne retrouvera le niveau de
chômage dont il a hérité quand il est arrivé aux affaires, ni même le niveau
atteint quand il avait promis l'inversion de la courbe. Dans le meilleur des
cas, il terminera son mandat avec un million de demandeurs d’emploi (toutes
catégories confondues) de plus qu’à son arrivée. Il pourra toujours faire valoir qu'à
certains moments de son mandat il y en a eu encore plus mais on se
demande qui pourra l'en féliciter. En tout cas, il aura du mal à justifier une
nouvelle candidature par la baisse du chômage.
Nous n'aurions donc pas commenté les mauvais
chiffres du mois de mai si le ministre du travail ne s'était pas, comme à
chaque fois, livré à de nouvelles fourberies.
On se souvient de ses explications comiques
sur les mauvais résultats précédents : moyenne mobile sur trois mois, comparaison
des deux derniers mois avec une période antérieure, "moindre accroissement
de la hausse"… , il nous a habitués au grotesque.
Mais cette fois on atteint le sublime.
Pôle emploi annonce que le nombre de chômeurs
a augmenté de 16.200 en mai. Explication de François Rebsamen : « Le
chiffre a été doublé en raison d'une procédure inhabituelle dans le mode de
calcul de l'agence, qui rend les chiffres non interprétables. »
Il faut traduire parce que cela en vaut la
peine. Pourquoi le chiffre n'est-t-il pas "interprétable" ? Parce qu'au mois de mai
on a enregistré moins de radiation pour non mise a jour de leur situation par
les demandeurs d'emploi(*). Chaque mois ces derniers doivent expliquer comment
leur situation a évolué. Faute de réponse, ils sont radiés et disparaissent du stock des chômeurs. Que s'est-il donc passé pour que les
chiffres soient "non pertinents" ? Eh bien, pôle emploi à fait plus de relances auprès des chômeurs négligents et il a donc
obtenu plus de réponses. Ce qu’on devrait dire c’est que pôle emploi a mieux travaillé et que les chiffres de mai
sont plus proches de la réalité. Ce que veut dire
Rebsamen, c’est que si ses propres services n'avaient pas fait de zèle,
n'avaient pas procédé à des relances, on
aurait eu moins de réponses et donc enregistré moins de chômeurs !!! Il y
en a qui vont en prendre pour leur grade et qui vont être priés de ne pas
chercher à améliorer le taux de réponse. Plus il y aura, en effet, de chômeurs
qui, par lassitude, négligence ou ignorance, n'aurons pas rempli les
bons formulaires à temps et moins les chiffres seront mauvais.
Non, vraiment, on ne peut pas en rire. Le
ministre du travail qui considère que des statistiques sont non interprétables
parle qu’elles se rapprochent un peu plus de la réalité ! Cynisme, mépris
ou incompétence ? En tout cas c'est scandaleux.
Tout ce qu'il a gagné c'est que maintenant
on regardera avec attention les nombre de chômeurs radiés chaque mois pour "non
actualisation de leur situation" et l'on saura si pôle emploi continue de mieux
travailler ou si, au contraire, il a cessé ses efforts pour permettre aux
chômeurs de préserver leurs droits. Et ce qu’a gagné Hollande c’est que lorsqu'il nous annoncera la baisse du chômage on ne le croira pas...
Les fourberies de Rebsamen ont cessé de nous
faire rire.
(*)Avertissement
de pôle emploi :
"Chaque mois, les demandeurs
d’emploi doivent actualiser leur situation pour rester inscrits à Pôle
emploi ; 5 jours avant la clôture de cette campagne d’actualisation, un
message de relance est envoyé aux demandeurs d’emploi qui ne l’ont pas encore
fait.
Au mois de mai 2015, constatant que le
nombre de demandeurs d’emploi ayant actualisé leur situation à la suite de la
relance habituelle était sensiblement plus faible que d’ordinaire, Pôle emploi
a procédé à deux relances supplémentaires.
Ces particularités de la période
d’actualisation de mai 2015 ont contribué à la baisse inhabituellement forte
des sorties de catégories A, B, C pour défaut d’actualisation (qui atteint 160
600 en mai 2015) et, par conséquent, à la hausse du nombre de demandeurs
d’emploi en catégories A, B, C enregistrées ce mois-ci. Par comparaison avec
les évolutions passées, on estime que cet impact serait en mai 2015 de l’ordre
de 28 000 à 38 000 sur le nombre de sorties de catégories A, B, C pour défaut
d’actualisation. En l’absence de ces particularités, la hausse du nombre de
demandeurs d’emploi en catégories A, B, C en mai 2015 aurait été de l’ordre de
32 000 à 42 000, contre +69 600 observé et celle du nombre de demandeurs
d’emploi en catégorie A de l’ordre de 7 000 à 10 000, contre +16 200 observé."
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