Entre le 25 décembre 2010 et le 6 mai
2012 nous avons tenu notre premier blog qui s’intitulait "Les 500 derniers
jours du PS, avant les présidentielles de 2012 ". Le titre trouvait sa
justification dans une citation de Hollande lui-même: « Le candidat socialiste devra gagner ou bien le parti risque
vraiment cette fois de disparaître.»
Avec le recul, on se rend compte que
cette simple phrase explique pourquoi la question de la survie du PS se pose à
nouveau bien qu’il ait gagné les présidentielles de 2012 et que le PS ait
remporté, dans la foulée, la majorité absolue à l’assemblée nationale. Il y a,
en effet, derrière cette déclaration, un aveu : seule comptait la victoire
électorale.
Mais il y a surtout une omission, la deuxième phrase, autrement
importante, qui aurait dû être la suivante : « Mais si nous arrivons au pouvoir, il faudra
réformer non seulement le pays mais aussi notre mouvement pour en faire un
parti du vingt-et-unième siècle, libéré des querelles doctrinales et de ses
vieilles lunes idéologiques. »
Hollande a été élu sur un désaveu et
un mensonge. Le désaveu, le candidat socialiste en a usé et abusé, était celui qui
frappait Nicolas Sarkozy. Le mensonge portait promesse de sortir
"Maintenant" la France de la crise.
Quel est aujourd’hui le
résultat ? Sarkozy, à propos duquel Hollande avait répondu à un enfant qui
lui demandait où était l’ancien président : « tu ne le reverras plus », est le chef de l’opposition, tandis
que lui-même est rejeté par les trois quarts des français.
Ce weekend se tenait à Poitiers le
congrès du parti socialiste. Il n’y a pas grand-chose à en dire tant l’atmosphère
était morne et résignée. Le premier ministre lui-même, qui en était la vedette,
s’y ennuyait tellement qu’il s’est enfui dans un avion de la République
("Moi, premier ministre…") pour
aller à Berlin assister au triomphe de l’équipe de son cœur en finale de la
coupe d’Europe de football, le "Barça" bien sûr ! Bien la peine
de critiquer Sarkozy qui était allé quelques jours plutôt au Havre dans un
avion privé affrété par les Républicains pour 3.200 euros. Combien payé par l’état pour
soutenir une équipe espagnole ?
L’affaire agita le congrès jusqu’au moment
où Montebourg acheva de pourrir l’ambiance par une déclaration conjointe avec le
banquier d’affaires Mathieu Pigasse, dans le JDD, où l’on trouve cette jolie
phrase qui ressemble à du Victor Hugo : « Hébétés, nous marchons vers le désastre… » et qui pose la
question qui tue : « Est-il
encore possible d’éviter le désastre politique et moral pour cette gauche de
gouvernement qui semble avoir abandonné la France ? »
Pour achever le moral des
congressistes, le premier secrétaire du parti, J-C. Cambadélis, jugea bon d’affirmer
que : « Le PS subirait une
crise majeure s’il perdait les futures élections » avec ce commentaire
stupéfiant : « si jamais le
parti socialiste venait à disparaître… »
Nous voici donc repartis pour un tour
et le parti socialiste à nouveau menacé dans son existence. Les 700 derniers
jours du PS ?
De fait, le déclin est en marche et le
parti socialiste se vide, observant la sortie du "terrible cortège" de ses soutiens
traditionnels. Solferino fait penser à ces villes des États-Unis (à l’époque de
la grande dépression ; celle de 1929) où l’on voyait des pancartes sur
lesquelles était écrit « Le dernier
qui s’en va est prié d’éteindre la lumière. »
Les fuites viennent de partout.
-les premiers électeurs migrateurs
furent les classes ouvrières et populaires, les commerçants, les petits
entrepreneurs, les agriculteurs…
-plus récent et encore plus inquiétant,
les intellectuels, qui se revendiquent encore de gauche mais qui se font
carrément traiter par les dirigeants socialistes de pseudo-intellectuels quand
ce n’est pas de suppôt du front national. Onfray, Finkielhkraut, Gauchet, Todd,
Debray, Julliard…Tous les jours la liste s’allonge.
-les élus locaux, c’est carrément l’hémorragie.
Pourtant ils ont été la grande réussite du PS ces dernières décennies qui avait
gagné toutes les élections locales, constitué un maillage territorial véritable
ossature du parti et démontré un réel professionnalisme dans la gestion des
communes, des départements, des régions. Des dizaines de milliers de maires, de
conseillers généraux, régionaux étaient implantés dans le pays réel. Aujourd’hui, une grande majorité d’entre eux pointe à pôle emploi ; qui
oserait leur reprocher de déserter Solferino ?
-reste le noyau dur des grands
bataillons de la fonction publique qui soutiennent le parti socialiste, puisque
le parti socialiste les soutient, mais les réformes du collège et des programmes pourraient
faire fuir, à son tour, le monde enseignant et ses syndicats.
Donc, comme à la veille des longs
weekends, il y a du monde à la sortie. C’est d’autant plus étonnant que les
français restent sensibles aux idées de gauche, aux difficultés des plus
défavorisés, aux excès des uns, aux injustices des autres, aux inégalités des
chances. Pourtant, jamais autant de français se sont autant éloignés du PS…
Au fond, cela prouve que l’on peut
être socialiste sans être du parti socialiste ; comme l’on peut être
républicain sans être chez "Les Républicains"…
Mais on ne va pas plaindre ceux qui se
sentent de gauche et en sont malheureux car il y a aussi des français, tout aussi
nombreux, qui se sentent démocrates-chrétiens, ou sociaux-libéraux, et qui
eux-mêmes, depuis fort longtemps, ont perdu leur maison commune.
Parce que, franchement, qu’y a-t-il de
pire, entre se sentir de gauche et devoir voter Hollande ou être social-libéral
et se résigner à voter Bayrou ?
Qu’avons-nous fait au bon Dieu pour
mériter cela ?
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