Nous sommes décidément un pays bien étrange, avec un gouvernement bien bizarre. C’est sans doute que
nous le valons bien…
La méthode (1) repose sur un principe simple :
tirer d’abord, viser ensuite.
Hollande
veut prouver qu’il gouverne donc il décide des réformes. En général, les sujets
n’ont pas été sérieusement étudiés, on n’en n’a pas mesuré les effets ni défini
les modalités. C’est cela la méthode, on commence par l’annonce puis on voit
comment faire. Trois exemples :
-Il y a
quelques mois on a élu des conseillers
départementaux sans savoir à quoi ils allaient servir. Dans quelques mois on va
voter pour des conseillers régionaux dont les compétences ne sont pas encore
définies. Le regroupement des régions pourra être modifié et l’on ne sait
toujours pas quelles seront les capitales régionales ni où seront regroupés les
services administratifs. Le projet de réforme territoriale (la loi NOTRe), est encore
en discussion au parlement mais la campagne a démarré, on va voter. On adore
voter…
-On a lancé
la grande réforme des collèges et des programmes. Le projet est très détaillé,
il prévoit jusqu’au nombre d’heures consacrées à chaque discipline, le
caractère obligatoire ou facultatif des enseignements, le pourcentage exact de
temps laissé à l’initiative des établissements. Mais, dans le même temps, on
annonce que rien n’est figé et que des discussions sont ouvertes…
-On décide d’instaurer
le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu sans savoir quels revenus
seront concernés, comment se fera le passage de l’ancien au nouveau mécanisme,
quelles seront les conséquences sur les contribuables et pour les finances
publiques. Que l’on se rassure, comme la question est très complexe on va
prendre le temps de l’étudier. La décision est irréversible mais elle s’appliquera
sous le prochain quinquennat…
Le discours (2) : Les autres, quoi, les autres ?
Les français
pratiquent la maxime de Descartes : « employer toute ma vie à
cultiver ma raison, et m'avancer autant que je pourrais en la connaissance de la
vérité ». C’est ce
souci de raison et de vérité qui les rend si difficiles à convaincre. Mais
Hollande a un discours -double- pour y parvenir :
-Un jour, le
gouvernement nous dit que s’opposer, c’est être conservateur, ringard quoi. Regardez
ce qui se passe ailleurs ! En Europe, tout le monde (sauf la Suisse) pratique le
prélèvement à la source et nous serions les seuls ? Inutile de faire
remarquer que la France est aussi le seul pays à avoir un système de quotient
familial à la fois progressif et plafonné…
– Le
lendemain, ou le même jour, sur un autre sujet, on s’insurge. Pourquoi la France
devrait-elle faire comme les autres ? Elle est particulière, c’est
sa force, elle a son modèle social, sa spécificité culturelle… Nous sommes le seul
pays au monde à avoir les 35 heures, à avoir inventé le vote pour un couple homme/femme, nous détenons le record d’Europe des prélèvements
obligatoires (ça y est nous avons rattrapé le Danemark !)…
Et alors ? Nous
sommes la France.
On évoque ce
que font les autres quand cela nous arrange et on invoque le
particularisme français pour justifier nos dérives.
Les français
ne croient plus en la politique ? Tu m’étonnes…
(1) "Ce
que l'on conçoit bien s'énonce clairement,
(2) Et les mots pour le dire arrivent aisément."
(2) Et les mots pour le dire arrivent aisément."
Nicolas
Boileau
Aucun commentaire:
Publier un commentaire