Applaudissez citoyens ! Habemus auctum, nous avons la croissance
ou, comme l’on dit en hollandais : « la croissance, elle est là ».
C’est l’INSEE qui l’annonce : la
croissance, en France, a été de 0,6% au premier semestre. Grosse surprise,
excellente nouvelle. D’autant plus que si cette reprise concerne la
zone euro, elle y est, en moyenne, moins forte que chez nous (0,4%). Pire (ou
mieux) encore elle n’est que de 0,3% en Allemagne et au Royaume-Uni. Nous avons
toujours dit que l’important était de faire aussi bien que les autres, eh bien,
pour une fois, nous faisons mieux que les autres (sauf l’Espagne : +0,9%). Alleluia !
Mais ne nous emballons pas. Felix potuit rerum cognoscere causas, heureux
celui qui a pu pénétrer le fonds des choses.
Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement, demande de « débrancher
les rabat-joie et les grincheux ». Irritare
crabones, irriter les frelons n’est
sans doute pas recommandé mais il convient, ne lui déplaise, de chercher à comprendre ce qu’il
y a derrière ce beau chiffre de + 0,6%.
Il faut d’abord savoir qu’en même
temps que l’INSEE faisait cette annonce elle révisait à la baisse de +0,4% à
+0,2% la croissance de 2014. Un peu moins d’un côté, un peu plus de l’autre…Reste
qu’un rayon de soleil après un long hiver est malgré tout bon à prendre.
Ce qui mérite réflexion ce sont les causes de cette hausse du PIB. On se souvient de la conversion de Hollande
en faveur d’une politique de l’offre qui consiste à favoriser la production pour relancer la demande. D’où le CICE et le Pacte de responsabilité qui devaient
restaurer la compétitivité des entreprises. Or ce n’est pas du tout ce qui s’est
passé.
Si l’on regarde la composante du PIB c’est
la consommation des ménages qui a augmenté entraînant une reconstitution des
stocks des entreprises tombés au plus bas. L’investissement, en revanche, est en recul et la balance commerciale se détériore sous l’effet d’une forte
hausse des importations.
On pourrait se dire : De minimis
non curat praetor, peu importe le détail ce qui compte c’est la hausse du PIB.
Sauf que la hausse de la consommation des ménages tient à des phénomènes
extérieurs, la baisse du pétrole et de l’euro, qui ne se reproduiront pas et
qui, d’ailleurs, ont commencé à s’inverser (le baril vient de passer de 45 à
60 $ et l’euro qui était revenu quasiment à parité avec le dollar le dollar est
remonté au-dessus de la barre des 1,10). La cause n’est donc ni reproductible
ni durable. En revanche, que l’investissement ne reprenne pas et que les
importations progressent fortement prouve que l’augmentation de la consommation
ne profite pas suffisamment à notre économie et que la compétitivité n’est pas au rendez-vous.
C’est Eurostat qui le dit « Le doute demeure sur la capacité de la France à
produire une expansion décente, compte tenu des problèmes de compétitivité
sous-jacente.»
In
cauda venenum,
le pire est à la fin : l’INSEE nous dit dans la même étude que l’emploi marchand a
diminué de 13.500 postes au premier trimestre.
Les choses sont donc plus compliquées
que l’on voudrait nous le faire croire et il faudra être attentif aux
prochaines statistiques si l’on veut éviter d’y perdre son latin.
Mihi
cura futuri :
ma préoccupation c’est le futur.
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