Il y a de bons esprits, celui du 11
janvier, et de mauvais, celui du 17 février, qui restera un échec majeur du quinquennat avec le recours à l'art. 49-3 de la constitution.
Péripétie parlementaire ? Non, séisme
politique. Rappelons que l’article 49-3 permet au
gouvernement d’éviter un vote négatif des députés en les contraignant à choisir
entre une motion de censure qui entrainerait la dissolution ou accepter
que la loi soit approuvée sans qu’ils n’aient à se prononcer. En réalité, le
mécanisme est parfaitement régulier et, sinon de pratique courante, du moins
justifié par de nombreux précédents. Mitterrand et Rocard, notamment, y ont eu
recours à de multiples reprises mais ils avaient l’excuse de ne pas disposer d’une
majorité suffisante.
Rien de tel aujourd’hui : le PS détient
à lui tout seul la majorité absolue et l’ensemble de la gauche devance largement
la droite avec 324 sièges sur 577.
Sarkozy qui disposait également d’une
majorité parlementaire n’a pas une seule fois, au cours de son quinquennat, eu
recours au 49-3. Mais c’était avant…
Ce qui vient de se passer est à la
fois un aveu et un désaveu. L’aveu : le gouvernent n’a plus de majorité.
Le désaveu : Hollande et Valls sont contestés dans leur légitimité. Pas par
l’opposition de droite, ce ne serait pas républicain comme l’on dit aujourd’hui,
mais par l’opposition de gauche. Ce qui ressemble à une crise politique.
Après un accident, il faut faire un
constat. Quels sont les dégâts pour le couple exécutif ? Trois adjectifs
viennent à l’esprit.
-Baratineurs.
Qui a dit ? : « Le 49.3
est une brutalité, un déni de démocratie, une manière de freiner
ou d'empêcher le débat parlementaire. » Hollande (2006).
Qui a proposé de limiter le recours au 49-3 aux seuls projets
de lois de finances ? Valls (2008).
-Dégonflés.
Comment qualifier autrement des
dirigeants politiques qui ne s’engagent que quand ils sont certains de gagner
et qui n’osent pas mettre les frondeurs de leur propre camp en face de leurs
responsabilités ?
-Courageux.
Cela peut paraitre contradictoire. Et pourtant… Autant c’est bien le courage qui aura manqué à Hollande, lui qui désormais préfère
occuper la scène internationale plutôt que de s’engager en politique intérieure,
autant cet épisode douloureux aura démontré que Valls n’en manquait pas. Il
fallait sauver la loi et le soldat Macron, il a assumé.
Clemenceau disait :«Quand
les événements vous dépassent, feignons d’en être les organisateurs.» C’est
cela être un chef. Affaibli, mais chef.
La morale de ce vaudeville ? L’esprit
du 11 janvier a fait long feu.
La morale de la morale ? L’adversaire
le plus redoutable vient le plus souvent de son propre camp.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire