La gauche française a les yeux de
Chimène pour Tsipras et son parti Syriza. Pourtant il a dévoré le PASOC (le
parti socialiste panhellénique), renié les engagements interna-tionaux de la
Grèce, ne veut plus rembourser les emprunts que son pays a sollicités, relancé
la machine à dépenser remettant le pays sur la voie des déficits et de la
banqueroute. Mais la gauche est contente. Les grecs se sont exprimés, ils
sont souverains: on doit les écouter. 50 députés socialistes ont donc adressé à
Hollande un appel public à "respecter le vote des Grecs".
Donc le peuple grec s'est exprimé.
Quel est le score réalisé par Syriza pour obtenir cette victoire historique qui
va, parait-il, changer le pays et la donne en Europe ? Environ 36% des voix.
Suffisant pour gagner les élections, enfin presque, puisqu'il lui a fallu
s'allier avec le parti nationaliste des "Indépendants Grecs" (plus à
droite, il n'y a que le micro parti néo-nazi "Aube Dorée"). Alliance
de l’extrême droite et de l’extrême gauche, cela ne vous rappelle rien ?
Mais enfin, nous sommes démocrates, Tsipras est donc légitime.Point!
Combien pèse aujourd'hui le FN en France ? Environ 30% si l'on en juge par les sondages sur Marine Le Pen et le résultat obtenu par le candidat frontiste au premier tour de l'élection législative du Doubs. De gauche à droite, un seul cri d’horreur : la République est en danger ! Ces voix ne sont pas comme les autres, elles ne représentent pas le peuple souverain. Tout le monde doit s'allier dans une croisade pour faire barrage aux candidats du front national, partout, en toutes circonstances et à tous les échelons de représentation nationale. Cette association à but répulsif n’a pas vocation à former un gouvernement de coalition, c’est une société informelle à objet social unique : empêcher le FN d’avoir des élus.
Rien à voir avec Tsipras et, surtout, ne vous aventurez pas à faire remarquer que sur l'Europe et sur les questions économiques et sociales, Syriza et le FN ont des programmes similaires (comme le front de gauche, d'ailleurs). On dira qu’au moins Tsipras ne fait pas de l’immigration un combat et ne pratique pas la xénophobie; c’est vrai. Ce volet-là, il le laisse à son allié des Indépendants Grecs, avec l’antisémitisme en prime. On pourrait en rire si le sujet s’y prêtait.
Combien pèse aujourd'hui le FN en France ? Environ 30% si l'on en juge par les sondages sur Marine Le Pen et le résultat obtenu par le candidat frontiste au premier tour de l'élection législative du Doubs. De gauche à droite, un seul cri d’horreur : la République est en danger ! Ces voix ne sont pas comme les autres, elles ne représentent pas le peuple souverain. Tout le monde doit s'allier dans une croisade pour faire barrage aux candidats du front national, partout, en toutes circonstances et à tous les échelons de représentation nationale. Cette association à but répulsif n’a pas vocation à former un gouvernement de coalition, c’est une société informelle à objet social unique : empêcher le FN d’avoir des élus.
Rien à voir avec Tsipras et, surtout, ne vous aventurez pas à faire remarquer que sur l'Europe et sur les questions économiques et sociales, Syriza et le FN ont des programmes similaires (comme le front de gauche, d'ailleurs). On dira qu’au moins Tsipras ne fait pas de l’immigration un combat et ne pratique pas la xénophobie; c’est vrai. Ce volet-là, il le laisse à son allié des Indépendants Grecs, avec l’antisémitisme en prime. On pourrait en rire si le sujet s’y prêtait.
Alors, on continue avec le front
républicain ?
Ou l’on essaye plutôt de réfléchir en
se posant deux questions : qu’est-ce que le Front national aujourd’hui et qui
sont vraiment ses électeurs ?
Difficile de dire ce qu’est devenu le
Front national. Il est évidement tentant de faire comme si Papy était toujours
le patron. Avec lui, de "détail de l’histoire" en "four
crématoire", il était inutile d’argumenter, la nausée constituait le
meilleur rempart. Fifille est plus habile. Pas gagnés les procès en racisme,
antisémitisme et islamophobie… On peut, certes, lui reprocher des liaisons
douteuses et souhaiter longue vie à Jean-Marie. Mais l’efficacité n’est plus
garantie. Avant, il était admis que le FN était le mal absolu et ses électeurs
des beaufs égarés. Seulement, voilà : à moins de 10% les électeurs FN sont
des fachos mais plus de 30% ce sont des français.
Quant à attaquer le FN sur ses
propositions, personne n’a encore trouvé le bon angle. L’ennui est, en effet, que le FN n’a pas de programme (officiellement il en a un, il est même publié
sur son site, mais qui l’a lu et qui en fait la critique ?). Il n’a pas
vraiment d’idées non plus, il a simplement des sujets qui font mouche. Au FN on
n’a pas de projets, on a des rejets. Et ça marche…
Ceux dont c’est le métier n’ont pas
encore trouvé comment attraper cet oursin, ce n’est donc pas ici que l’on
donnera la solution. Nous nous contenterons d’évoquer les principes de bon sens
du combat frontal qu’il va bien falloir mener puisque le FN ne fait plus
mystère de sa détermination à détruire à la fois la droite et la gauche
parlementaires. Voici donc nos cinq piliers de la sagesse politique.
-Premier pilier : rassembler son
camp. La gauche plurielle doit être reconstituée. La droite doit s’allier au
centre, Modem compris (le Bayrou, c’est comme l’huile de foie de morue :
difficile à avaler mais nécessaire pour la croissance.)
-Deuxième pilier : Régler
sans tarder la question du leadership. Droite et gauche doivent se donner
rapidement (avant que les postulants ne se soient autodétruits) un chef
incontesté et incritiquable. Cette condition est nécessaire, si non, autant
abandonner tout de suite. Mais elle n’est pas suffisante. En théorie, l’enjeu
est clair : les électeurs de droite veulent se débarrasser de Hollande,
ceux de gauche ne veulent plus de Sarkozy. Primaire ou non, ils
choisiront donc comme candidat celui qui, le moment venu, aura le plus de
chance d’arriver placé au premier tour et gagnant au second. La gauche devra se
méfier car elle pourrait très bien choisir un candidat susceptible de se placer
au premier tour mais d'être battu au second par Marine Le Pen. Responsabilité
historique...
-Troisième pilier : Cesser de
trembler devant Marine. En démocratie il y a toujours un avatar populiste,
démagogue et bouffon à la fois. Tsipras ce serait plutôt Mélenchon mieux luné tandis que Marine fait plutôt penser à Beppe Grillo, ce comique
italien qui, confronté aux réalités du pouvoir grâce à ses 163 sièges au
parlement gagnés en 2013, n’a pas tardé à apparaître pour ce qu’il est,
ridicule. Tel est leur destin... Inutile donc de se focaliser sur elle et encore moins la suivre dans ses
délires. Même pas peur…
-Quatrième pilier : Respecter les
électeurs qui votent ou envisagent de voter FN. On disait jadis que tout le
monde a été, est ou sera gaulliste. Voilà ce qu’il faut absolument éviter avec
le lepénisme. Cela implique de chercher à connaître leurs motivations, les
écouter, leur proposer d'autres solutions, à chaque fois, et sur tous les sujets,
sans langue de bois. Ils existent et au final, ce sont peut-être eux qui
décideront pour la France.
Cinquième pilier : Relire
Machiavel et l’art de la guerre. Il faut une stratégie pour battre
l’adversaire. Hollande a été élu grâce à l’antisarkozysme. Exactement ce qu'il faut éviter avec Marine Le Pen qui n’ayant jamais rien fait peut
difficilement être attaquée sur un bilan. Ne pas non plus chercher à contrer le
FN sur les terrains de l’immigration, de la nationalité, de l’identité, de
l’islamisme. Maintenant que la gauche a levé l’interdiction que la
bien-pensance lui imposait et qu’elle fait son coming out, le débat est ouvert
en France. Le Front national n'a plus le monopole, n’est plus
l’interlocuteur incontournable. C’est sur l’économie et le social qu’il faut le
contrer. Sortir de l’Euro, rétablir les droits de douanes sur les importations,
augmenter le smic de 200 euros, ramener l’âge de la retraite à 60 ans, baisser
les prix du gaz et de l’électricité, la liste des propositions délirantes est
sans fin. Facile de démontrer que nous regretterons rapidement le taux actuel
du chômage, aussi élevé soit-il, le niveau de vie des français, qui s’est
malgré tout maintenu depuis le début de la crise et la stabilité de la monnaie.
La majorité des français est persuadée que les prix ont augmenté avec l’euro.
Avec le "franc-fn" la d'évaluation sera immédiate et dévastatrice
(20/30% dès les débuts ). Si vous avez envie d’un IPhone, achetez-le tout de
suite…
Le slogan est bien médiocre, nous en
convenons. Et certains penseront qu’il n’est pas digne de jouer avec les
peurs, même si le Front national en a fait sa spécialité. Ce n’est pas faux.
Mais à la guerre, il faut d’abord
faire front… et ensuite le percer.
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