À l’approche des fêtes carillonnées les esprits s’échauffent en
France. Le sujet qui divise est d’importance : peut-on accepter que
perdure la tradition des crèches et sapins de Noël dans notre République ?
Certains découvrent, en effet, après plus de 2.000 ans, que ces exhibitions
menacent le principe sacro-saint (!) de la laïcité. Il est vrai que cela
sent le bigot et que le moment parait venu de sonner le tocsin pour appeler la
patrie en danger à détruire les crèches et leur petit jésus, abattre les sapins
de noël et leurs étoiles. Pourtant c’est le moment que choisit le gouvernement pour
relancer le débat sur le travail le dimanche, au nom de la modernité, pour
"déverrouiller" l’économie, provoquant instantanément la révolte des
mêmes bons esprits qui se précipitent au
secours du repos dominical, qu'ils considérent comme un fondement de notre patrimoine culturel...
Dominical ? Dimanche ? Mais c’est bien sûr, il s’agit
du jour de seigneur ! Voilà un coup de goupillon qui ne laisse pas de
nous surprendre. Certes, il n’est pas critiquable de réserver au repos un jour
de la semaine. Mais, tout de même, il s’agit d’une tradition chrétienne,
héritée du judaïsme et repris par l’Islam ! Complot des religions.
Pas étonnant que la Révolution française ait fait table rase de
toute ces bigoteries et institué le calendrier républicain qui supprime le
repos dominical, jour d’oisiveté et de débauche. Il fallut attendre 1906 (et le
gouvernement radical et anti clérical du "petit père Combes", qui
vota également la loi de séparation de l’église et de l’état, allez
comprendre…) pour qu’il soit durablement rétabli en France. Est-ce bien
républicain ? Ne pouvait-on pas choisir un autre jour de la semaine que
celui consacré au seigneur ?
Tout cela est la faute de l’ancien testament qui nous enseigne
que la semaine comporte 7 jours et que le dernier on ne doit pas travailler.
Mais pour le judaïsme, le dimanche est le premier jour de la semaine de travail.
La bible commence par ces premiers mots : « Béréshit bara Elohim éth
hachamaïm vééth aaretz ». Dieu créa le ciel et la terre et ce fut le
premier jour. Le 6ème jour il a terminé la Création. Et le 7ème
il contemple son œuvre et, satisfait, décide d'en faire un jour de repos. Ce septième jour fut
appelé "shabbat", qui signifie en hébreu"abstention". Pas vraiment recommandé pour des élections démocratiques dans une République, surtout lorsque, comme en France, elles ont lieu pendant le repos hebdomadaire…
Les chrétiens vont changer tout cela, le jour chômé sera la
dimanche, jour de la résurrection du Christ et donc jour du seigneur. L’Islam, comme les chrétiens, désignera le lundi comme premier jour de la
semaine, dénommé "al-ahad" (ahad signifie 1 en arabe) mais le jour de repos ne sera pas le septième de la semaine. Ce sera le vendredi, "al-jum’ah", qui signifie "réunion", le jour où l’on
se rassemble pour la prière. Pourquoi le vendredi ? Parce que c’est le
premier jour de l’"Hégire", départ du Prophète et de ses compagnons de la Mecque
vers Médine, le 16 juillet 622, début du calendrier musulman.
Nous voilà donc avec 3 jours de repos, ce qui détruirait à
jamais la productivité de notre économie. Alors, comment choisir entre les
religions et surtout pourquoi privilégier l’une plutôt que l' autre dans le pays de
la laïcité ? Incohérent de se baser sur une célebration religieuse alors que quiconque installe une crèche dans un
espace public se fait sonner les cloches…
Qu’il nous soit permis, dans un unique souci d’apaisement, de
proposer un autre jour, plus neutre, en milieu de semaine, le mercredi. Cela
présenterait bien des avantages.
Mettre fin d’abord à un sujet qui empoisonne l’Éducation
nationale depuis des lustres : que faire des écoliers le mercredi ?
Repos nécessaire en milieu de semaine ? Travail le matin seulement ?
Activités d’éveil ?
Le mercredi férié ramènerait les parents à la maison (surtout
si les magasins sont fermés) et ce serait la journée des enfants. Personne ne
s’en plaindrait.
Mais cela changerait aussi la vie des grands-parents, exemptés du
mercredi et qui pourraient alors reprendre leurs séances de yoga afin
d’être en forme le dimanche pour s’occuper des petits-enfants à leur sortie de
l’école.
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