On a vraiment le sentiment que le
socialisme aujourd’hui n’existe plus que dans et par les mots.
Ecoutons d’abord le premier secrétaire
du parti socialiste, à La Rochelle : « Nous ne sommes pas
socio-libéraux. Mais nous ne sommes pas non plus néo-communistes.» Mais alors,
ils sont quoi ?
La vérité est qu’ils ne le savent plus
eux-mêmes et qu’ils cachent cette infirmité congénitale derrière des astuces de
langage. Deux figures de rhétorique, en particulier, sont sensées combler le
vide de la pensée.
L’affirmation négative. Telle est
aujourd’hui la pratique du socialisme français. On vient de voir Cambadélis
définir la doxa socialiste par ce que n’est pas le PS. Citons maintenant Manuel
Valls (discours prononcé lors du vote de confiance) : « Réformer, ce
n’est pas réduire le Smic. Réformer, ce n’est pas supprimer le CDI. Réformer,
ce n’est pas diminuer les salaires dans la fonction publique. Réformer, ce
n’est pas casser notre modèle social. » Réformer c’est quoi, alors ?
Et l’ONPP, vous connaissez ? Un
vieux tic de Manuel Valls : « On Ne Peut Pas… ». Sur internet on
trouve des tas d’ONPP valsiennes :
« On ne peut pas importer le
conflit du Proche-Orient en France… »
« On ne peut pas face à
l’antisémitisme et au racisme et à la violence se laisser aller… »
« On ne peut pas démondialiser
(ça c’était pour Montebourg)… »
« l’antisarkozysme ne peut pas suffire
(tiens ?...)
La liste est longue. Désormais nous y prêterons
attention chaque fois qu’il parlera.
Sur le fond, On Ne Peut Pas dire qu’il ait tort mais alors on peut quoi ? On fait quoi?
En fait, le mal vient de la tête.
Souvenez-vous de Hollande lors de sa fameuse série d’anaphores au cours du
débat avant le second tour de la présidentielle :
« Moi, président, je ne serai pas
le chef de la majorité (il est vrai que telle est bien la situation aujourd’hui !)…
Moi,… je ne traiterai pas mon premier
ministre de collaborateur…
Moi,… je ne nommerai pas les membres
du parquet…
etc, etc …
Mais ils ne sont pas idiots et ils
savent bien que ni la négation ni la dénégation ne font un projet, encore moins
une pensée. Alors, ils ont recours à un deuxième artifice de langage.
Le changement c’est demain. Etre de
gauche, c’est croire que tout ira bien demain. Ce n’est pas nouveau. Vous
connaissez Jaurès, n’est-ce pas ? Seriez-vous capable de dire, sans aller
sur Wikipédia, ce qu’il a fait de concret. Le journal l’ "Humanité"
et une fin tragique... Ce qui reste vraiment c’est sa parole, des mots.
Ce n’est pas rien ? Certes, mais
écoutons Clémenceau, "le père la victoire" : « On reconnaît un
discours de M. Jaurès à ce que tous les verbes sont au futur. M. Jaurès parle
de très haut, absorbé dans son fastueux mirage ; mais moi, dans la plaine, je
laboure un sol ingrat qui me refuse la moisson (…). J’ai l’air de rabaisser mon
rôle ; dans ma pensée, je le grandis, car vos palais de féerie s’évanouiront en
brouillard au contact des réalités, tandis qu’un jour la grande cathédrale
républicaine lancera sa flèche vers les cieux. »
On se souvient évidemment du "changement,
c’est maintenant" et des promesses d’avenir chiffrées par Hollande. On a
vu ce qui en était advenu (cf. la chronique précédente).
Mais aucune conséquence n’en a été
tirée. La dernière trouvaille c’est l’engagement de respecter les 3% de déficit
en …2017, c’est à dire sur les comptes
publics 2017 qui seront connus en 2018, un an après les présidentielles !
On pourra dire alors que c’est de nouveau la faute à Sarko ou à Trucmuche, ou à
Duchemolle…
On comprend maintenant pourquoi
Mitterrand avait un faible pour Dalida :
Encore des mots toujours des mots
les mêmes mots
Rien que des mots…
Des mots faciles des mots fragiles
C´était trop beau
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