On n’y comprend plus rien ! Elle s’est
inversée ou elle ne s’est pas inversée, la courbe du chômage ? Face à la
cruauté des chiffres, Hollande avait fini par reconnaître qu’il avait perdu son
pari et son ministre du travail avait été contraint de fixer un nouvel objectif
: que le chômage soit moins élevé fin 2014 que début 2014. Nous étions, enfin, libérés de ce stress mensuel qui nous
contraignait à compter, à l’unité près,
le nombre de chômeurs, comme l’on égraine les secondes à l’orée du nouvel an...
Et voilà que l’INSEE annonce, un peu
gênée, puisqu’elle avait pronostiqué l’inverse, que le taux de chômage avait
baissé de 0,1% au quatrième trimestre ! Bon, 0,1%, ce n’est pas ébouriffant
mais cela permet de dire que le président a gagné son pari.
Mais comment fait l’INSEE, pour
annoncer une baisse, là où pôle emploi avait publié des chiffres en hausse (confirmés
par une nouvelle augmentation en janvier) et pour recenser 500.000 chômeurs de
moins que pôle emploi ?
Il parait que c’est très clair :
les deux organismes n’utilisent pas les mêmes méthodes. Pôle emploi se contente
de compter bêtement le nombre d’inscrits sur ses registres tandis que l’INSEE
calcule le taux de chômage (nombres en chômeurs en pourcentage de la population
active) à partir d’une enquête effectuée par téléphone ou par visite à domicile
auprès d’un échantillon de 110.000 personnes. Une sorte de sondage, en somme.
Cette méthode est utilisée par le Bureau international du Travail, c’est la
raison pour laquelle on parle doctement de taux de chômage "au sens du BIT".
Normalement le gouvernement devrait
défendre les chiffres de pôle emploi, puisque c’est un établissement public
sous tutelle du ministère du travail et que les chiffres officiels du chômage
sont établis sous la responsabilité d’une direction du même
ministère, la DARES (direction de l'animation de la recherche, des études et
des statistiques). Mais Michel Sapin s’est empressé d’affirmer que les
statistiques du chômage "au sens du BIT" étaient les plus sérieuses :
« La statistique regardée par le monde, par l'Europe, et reconnue par le
FMI et la Commission, c'est celle publiée ce matin par l'Insee »). Ses services
apprécieront.
Pourtant, on sent comme une gêne du
côté de l’Insee. Non seulement ses propres dirigeants relativisent: « On peut
avoir des gens découragés qui disent à nos enquêteurs ne plus faire de
recherche active d'emploi tout en restant inscrits à Pôle emploi. »(Le
Monde du 06/03/2014).
Mais en plus, l’Institut publie un "Avertissement"
: « Au 1er trimestre 2013, le questionnaire de l’enquête Emploi a été rénové,
en particulier pour faciliter le déroulement de l’enquête sur le terrain grâce
à des questions aux formulations plus simples. Certaines reformulations du
nouveau questionnaire ont modifié la teneur des réponses d’une petite
proportion de la population enquêtée. Ceci a un impact sur la mesure en niveau
des principaux indicateurs. »
Pour le coup, tout devient moins clair
...
Au fond, peu importe. Si le gouvernement,
parce qu’il faut à tout prix prouver que le chef avait raison, décide que le
bon thermomètre est désormais "le sens du BIT", va pour l’enquête
trimestrielle de l’INSEE. Mais ce qui est dit est dit et on se fixe désormais
sur cet indicateur. Tant pis si le trimestre prochain, ou le suivant, il enregistre
une hausse alors que pôle emploi constaterait une baisse...
Ce serait plus clair, non ?
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