La Cour des comptes tire le signal
d’alarme : la dette publique de la France va bientôt dépasser les 95% du
PIB, ce qui représente 30.000 € par
français ! "Tous à poil", n’est donc pas, comme on aurait pu
le penser, un plaidoyer en faveur du nudisme à l’usage de nos chers bambins
mais une description de la situation financière des français que l’on doit à la
Cour des comptes. Cette dernière vient, en effet, de publier son rapport annuel
dans lequel elle met à nu la politique budgétaire du gouvernement.
On se souvient de l’engagement du
candidat Hollande : déficit ramené à 3% en 2013, puis à 2,3% en 2014. Il
lui a fallu solliciter une dérogation de Bruxelles sur des niveaux plus
élevés : 4,1% en 2013 et 3,6% en 2014. Mais Didier Migaud n’y croit pas.
Le résultat définitif sera supérieur aux prévisions révisées pour 2013 et il
considère que celles relatives à l’année en cours sont, pour le moins,
incertaines.
Comment est-ce possible ? On nous
annonce une croissance de près de 1% en 2014, une baisse des dépense publiques
de 15 milliards pour cette même année et malgré cela on n’atteint pas nos
objectifs ?
En fait, on connait le truc, nous en
avons déjà parlé (1). Pour le gouvernement la baisse des dépenses publiques ce
n’est pas quand leur total est moins élevé que l’année précédente, c’est quand
elles n’augmentent pas autant qu’elles auraient dû. A cause de la
"hausse tendancielle", c’est-à-dire l’augmentation automatique de
certaines dépenses (par exemple, les salaires des fonctionnaires qui augmentent avec l’ancienneté - d'où le débat actuel sur le gel des avancements dans la fonction publique-).
Cette hausse tendancielle est de l’ordre de 1,5% chaque année. C’est ainsi que
la baisse de 9 milliards en 2013, annoncée par le gouvernement, ne
se traduira pas par une diminution du total de la dépense publique mais par une
stabilisation. Et c’est ainsi que ni les 15 milliards de baisse des dépenses
prévues pour 2014, ni les 50 milliards entre 2015 et 2017, annoncées à grand
bruit par Hollande comme deuxième volet du Pacte de confiance, ne permettront
une baisse de la dépense totale. C’est la Cour des comptes qui le dit : «Si l'effort prévu sur la dépense – soit 50
milliards d'euros entre 2015 et 2017 – est sans précédent, il ne conduira pas à
réduire la dépense publique mais à en limiter la progression. » Didier
Migaud enfonce le clou : « La
dépense publique continuerait d'augmenter, en valeur, de quelque 2 % par an,
c'est-à-dire plus vite que l'inflation estimée à 1,5 % ». Et pour être
encore plus clair : « il est
prévu que la dépense publique augmente de 70 milliards d'euros sur l'ensemble
des trois années 2015 à 2017, au lieu de 120 milliards... » Vous avez maintenant compris d'où viennent
les 50 milliards de Hollande : 120 milliards de hausse tendancielle
"naturelle" moins 70 milliards de hausse effective = 50 milliards de baisse de la dépense
publique !
Gros mensonge direz-vous ? Arithmétiquement,
c’est évident. Dommage, car il s’agit tout de même, d’un véritable exploit. Jamais
dans l’histoire récente, la France n’avait accompli un tel effort budgétaire. On
aurait salué la performance si le du gouvernement s’était contenté de parler de
ralentissement, ou de progression limitée, des dépenses. C’est ce
qu’il a fini par dire sur le chômage après avoir été obligé de reconnaître
qu’il n’y avait pas eu d’inversion. Pourquoi chercher à tout prix de faire
passer des vessies pour des lanternes ? C’est idiot, parce que si l’effort
est encore insuffisant il mérite vraiment d’être salué…
Une vraie baisse de la dépense
publique est possible dit la Cour des comptes mais elle impose de changer de
méthode. Nous ne pouvons plus continuer à rogner sur toutes les dépenses de
l’État (34% du total de la dépense publique), cela pourrait menacer le fonctionnement
des services publics. Selon elle, il faut maintenant s’attaquer aux dépenses
sociales (46%) et à celles des collectivités locales (20%).
À poil tout le monde !
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