Une France divisée, un gouvernement
désavoué… Un vrai gâchis !
À l’origine, la question était
pourtant relativement simple, si l’on n’avait pas voulu jouer au plus fin. Il
s’agissait de donner les mêmes droits aux homosexuels. Le PACS avait été une
avancée mais il restait de nombreuses questions en suspens, notamment de nature
patrimoniale. On aurait pu l’améliorer en créant une union civile qui
procurerait les mêmes effets que le mariage classique. Mais le principe
d’égalité impliquait une seule institution du mariage. Va donc pour le mariage
pour tous.
S’est alors posé la question de
l’adoption. Comment la refuser aux couples homosexuels dès lors qu’ils sont
mariés sous le même régime que les hétérosexuels ? Va donc pour
l’adoption.
Idem pour la PMA. Logique de l’étendre
aux nouveaux couples aux mêmes conditions légales que celles qui la régissent
actuellement, en aménageant la notion du caractère pathologique de
l'infertilité.
Restait la GPA. Interdite aux couples
hétéros, la question n’avait tout simplement pas sa place dans une loi sur le
mariage.
Certes, il y aurait eu des oppositions
légitimes de la part des partisans du mariage classique : un homme, une
femme. Mais on aurait pu avoir un débat en toute clarté et respectueux des
opinions de chacun. Le gouvernement devait essayer de convaincre que l’on ne
faisait que donner aux familles homosexuelles les mêmes droits qu’aux familles
hétérosexuelles, sans rien retirer à ces dernières. Mais il aurait fallu être
clair, dès le début, sur le contenu du projet, ne pas donner l’impression de
finasser et, surtout, respecter les opposants.
Or nous n’avons eu, de la part du
gouvernement et de la majorité, que du mensonge et du mépris. Être opposé au
mariage pour tous, c’était être conservateur, au mieux, réactionnaire, plutôt, homophobe, sûrement et, tant qu’on y est, fasciste. S’opposer au mariage
pour tous menaçait la République. Pas de dialogue avec ces gens-là !
Dire la vérité et s’y tenir ?
Quelle bonne blague ! Depuis le début, les promoteurs du mariage pour tous
avancent masqués.
Hollande le premier, qui, dans ses 60
propositions, promet le mariage pour tous mais sans PMA ni GPA. Ce qui ne l’a
pas empêché de déclarer dans un magazine (Grazia, en février 2012), à propos de
la PMA : « Une femme doit
pouvoir y recourir, soit parce qu’elle ne peut pas avoir d’enfant, soit parce
qu’elle ne souhaite pas avoir de relation avec un homme. »
Pas étonnant, dès lors, qu’en décembre
2012, lors de la discussion du projet de loi, 136 députés socialistes aient
voté un amendement ouvrant la PMA aux couples de femmes mariées.
Il faudra un nouveau mensonge
d’Ayrault pour s’en sortir : prendre l’engagement que la PMA sera inscrite
dans le futur texte sur la famille, celui, précisément, qui devait être déposé dans les
prochains jours.
De fait, à la veille du nouveau
rassemblement de la "Manif Pour Tous", le gouvernement se veut droit
dans ses bottes : la loi sur le mariage pour tous a été votée, elle
s’applique. La loi sur la famille ne traitera ni de la PMA ni de la GPA. Alors
où est le problème ?
Le problème, c’est que plus personne
ne croit le gouvernement. Ni chez les partisans de nouvelles avancées en
matière de filiation - qui fourbissent leurs armes en coulisse, persuadés qu’ils
y arriveront, au détour d’un amendement, au prix d’un reniement, grâce aux
recommandations d’un comité d’éthique revu et corrigé par le gouvernement- ni
chez les opposants qui sont persuadés que le pouvoir mène les français en
bateau.
Comment pouvait-il en être autrement
avec un président vraiment très mou sur ces questions et dont personne ne sait ce
qu’il en pense vraiment ? Comment ne pas avoir de doutes sur la sincérité
du gouvernement quand on sait que les partisans de la GPA sont nombreux et
influents dans la majorité? Les déclarations en ce sens abondent et s’il en
fallait une seule preuve la voici : une tribune dans Le Monde (13/12/2010),
intitulée « Gestation pour autrui : un cadre contre les dérives »,
dans laquelle les auteurs et signataires proclament que « Parenté et filiation n’ont rien de naturel,
ce sont des liens institués. Ce ne sont pas de liens génétiques mais la
manifestation de la volonté d’être parents…C’est la raison pour laquelle nous
proposons de fixer le cadre qui permettra aux femmes de porter un enfant pour
d’autres parents sans voir leurs droits menacés. » Le projet est très
élaboré puisqu’il va jusqu’à demander la prise en charge par la société du coût
de la grossesse !
Ceux qui n’avaient pas eu connaissance
de ce texte penseront qu’il y des extrémistes partout et qu’ils ne sont qu’une
petite minorité. Alors voici le lien qui leur permettra de lire cette tribune
et de prendre connaissance de la liste des signataires :
Il y a vraiment du beau monde :
ministres du gouvernement, députés et sénateurs de la majorité, intellectuels, scientifiques,
associations…
Vous y trouverez, évidemment, Najat-Vallaud Belkacem qui vient de déclarer aux français, les
yeux dans les yeux, à propos de « ces peurs qui n’ont pas lieu
d’être » : « Le
gouvernement a été particulièrement clair sur le fait qu’il n’y aurait ni la
GPA, ni la PMA. » Si c’est elle qui le dit…
Mais voilà que le gouvernement décide de battre
en retraite. C'est le premier ministre qui annonce que « le gouvernement ne présentera pas de projet de loi de la famille
cette année. » Ayrault, pas Hollande. Un simple communiqué de l’Élisée
justifiera cette reculade par « la
nécessité de se concentrer cette année sur les questions économiques et
sociales, sur le pacte de responsabilité et sur la réduction des dépenses. » Avec le retrait du projet de loi sur la famille, la colère change de camp et
ce sont des parlementaires socialistes et les autres partis de gauche qui
manifestent bruyamment.
La "Manif Pour Tous" a donc
gagné ? Pas si sûr, en tout cas pas celle que l’on définit comme
catho-réac et blanc-bourgeois.
Si la "Manif" a produit son
effet ce n’est ni par son nombre, ni par ses égéries, ni même par ses slogans. C’est
en raison de deux images : celle de l’Archevêque de Lyon défilant bras
dessus bras dessous avec le recteur de la Grande Mosquée de Lyon et celle de
banderoles en arabe contre les projets du gouvernement sur la famille et
l’éducation.
Nous avions évoqué, dans une
précédente chronique, les "insiders" de Terra Nova, les nouveaux
électeurs du parti socialiste. Si eux aussi fichent le camp…
Suite au prochain numéro.
Suite au prochain numéro.
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