Il nous faut donc parler des rumeurs
d’un drôle de genre qui courent dans nos écoles. Mais avant, nous vous
suggérons de relire ce que nous écrivions dans notre chronique du 6 aout
dernier (pour cela il suffit de cliquer sur » Le quiz des vacances :
Question N°9 », dans la colonne de gauche « messages les plus
consultés »). Cela permettra, peut-être, de mieux comprendre la polémique
actuelle.
Bien entendu, cette panique parmi les
parents relève du délire et ceux qui agitent le chiffon rouge délivrent un
message pas très ragoutant. Mais se contenter de voir derrière ce mouvement une
« instrumentalisation de l'extrême droite négationniste »(Peillon) est
un peu court.
Dans une récente chronique sur
l’affaire Dieudonné nous évoquions la paradoxale et inquiétante coalition entre
deux antisémitismes, celui de l’extrême droite traditionnelle et celui des
populations d’origine musulmane ou africaine qui trouvent que la shoah laisse
peu de place à la question palestinienne et à la commémoration de l’esclavage.
Force est de constater que cette coalition contre nature se renforce et vient
maintenant de s’étendre à la question du genre.
On veut bien tenter de croire Peillon
quand il réfute tout enseignement de « la théorie du genre » à l'école. Plus
difficilement, quand il déclare que « la théorie du genre n'existe pas. »
On veut bien croire Najat Vallaud
Belkacem quand elle affirme : « On n'arrivera pas à l'égalité si
on ne s'attaque pas à la construction des stéréotypes filles/garçons dès le plus jeune âge. »
On est prêt à ne pas croire ceux qui
disent que « Le Gender est un processus de destruction de la "norme"
hétérosexuelle, considérée comme un conditionnement social, jugée aliénante
pour la femme et discriminatoire vis-à-vis des autres sexualités. (Jérôme
Brunet, porte-parole du mouvement "Manif pour tous".)
Mais l’honnêteté oblige à reconnaître
qu’il y a bien longtemps, qu’à gauche, on donne prise à toutes les
interrogations. D’abord sur le vocabulaire lui-même. Pourriez-vous donner une
définition claire de la théorie du "genre" ? Et même de "stéréotypes" ?
Si l’on avait dit aux français que le
Gender c’est l’affirmation qu’au-delà les différences sexuelles, il existe un
ensemble de masculinité ou de féminité socialement construit et que les
stéréotypes sont des préjugés qui assignent aux enfants des rôles différents en
fonction de leur sexe, on aurait peut-être eu un débat plus serein.
Mais à écouter les uns et les autres
on en vient à douter que ce soit aussi clair pour tout le monde. En fait, le
problème vient de la façon dont a été géré le mariage pour tous « qualifié
de vraie révolution sociétale » par la Garde des sceaux. Si l’on avait
clairement limité le débat à l’union entre deux personnes du même sexe il est
probable que l’on en parlerait plus aujourd’hui. Mais nous avons eu, à la fois,
Hollande se disant favorable à la clause de conscience pour les maires
qui ne voudraient pas marier des couples homosexuels, ce qui était, au minimum,
une façon de reconnaître que l’on pouvait légitimement ne pas être d’accord,
mais surtout des déclarations contradictoires sur la PMA et la GPA. Tout cela
a créé un climat de défiance sur les intentions cachées du gouvernement pour
l’avenir. Avec l’école en ligne de mire: « Cette théorie du genre est
le médicament nécessaire pour faire admettre l'adoption par les couples
homosexuels, qui n'est pas encore entrée dans les mœurs, et la PMA et la GPA,
vers lesquelles nous allons tout droit (Jérôme Brunet déjà cité) ». Paranoïa ?
Peut-être, mais fallait-il que la ministre des droits des femmes agite le
chaudron ?
Petit florilège de ses déclarations :
-Promotion, devant des élèves d'un collège du Loiret, du mariage pour tous- présenté comme une « avancée qui va permettre plus d’épanouissement. Plus de liberté. Plus d’égalité
dans la société » - alors que la loi n'était pas encore votée et faisait l'objet des oppositions que l'on sait.
-Entretien au magazine Têtu: « Il faut passer en revue les
manuels scolaires à propos de l'homosexualité : aujourd'hui, ces
manuels s'obstinent à passer sous silence l'orientation LGBT (lesbienne, gay,
bi et trans.) de certains personnages historiques ou auteurs, même quand elle
explique une grande partie de leur œuvre comme Rimbaud. »
-Visitant une crèche où l’on confie
aux filles des activités de garçons (bricolage) et aux garçons des jeux de
filles (dinette), en compagnie de la ministre de la famille, elles déclarent à
tour de rôle : « C’était mon premier projet en arrivant à ce ministère »
et : « Cette démarche doit devenir un réflexe naturel dans l’ensemble des
crèches. »
Et fallait-il lancer - quasi
clandestinement, car qui en avait entendu parler ? – le programme "ABCD Égalité"
dans 600 classes et 10 académies, dont il faut absolument consulter les 50 "séquences
pédagogiques" proposées aux enseignants, qui vous inquiéteront sans doute (contrairement à ce qui est dit, on n'y parle pas seulement d'égalité femmes/hommes) mais qui vous
apporteront, par ces temps maussades, des moments de réjouissance inoubliables.
Un seul exemple, le jeu « Gendarmes
et Voleurs ».
-« Ce sont les garçons, le plus
souvent, qui investissent la cour de récréation, la majorité des filles "préférant"
des jeux plus "calmes"… Faire des jeux collectifs impose d’aménager
les règles pour permettre à tous, et en particulier aux filles de jouer. En
EPS, les jeux traditionnels ne peuvent être utilisés de manière classique, où
les plus faibles sont éliminés, c’est contraire à l’éthique de l’école.
Il faut donc concevoir des jeux où les
perdants ne sont pas éliminés … La seule solution pour qu’ils progressent est
qu’ils jouent dans une solution
facilitante : on peut jouer avec
des effectifs réduits, donner plusieurs vies ou, si ce n’est pas suffisant,
donner un statut de "joueur invincible" c’est-à-dire un nombre
illimité de vies. » (Il y en a 49 autre autres du même tabac! Et l'on nous dit que l'Éducation a un problème de moyens ?)
Voilà donc ce à quoi on prépare nos enfants :
un monde de bisounours asexués, protégés de l’effort et où l’on ne perd
jamais ! Il se peut, hélas, que cela corresponde à l’état d’esprit de certains
français. Mais il y a un hic. Nos intellectuels bien-pensants commencent à
avoir du mal à gérer des certitudes contradictoires. En l’occurrence, ils ont
oublié la directive « TERRA NOVA » : lâcher les classes
populaires devenues racistes, et parties trop à droite, pour se focaliser sur
les nouveaux entrants, les exclus, les discriminés. Il s’agit, vous l’aurez
compris, des immigrés, des populations musulmanes ou d’origine africaine.
Allez maintenant leur demander de
s’intégrer, de voter socialiste, dans un pays où l’on veut supprimer toute
distinction entre les hommes et les femmes, habiller les uns comme les autres
et amener leurs filles voir un match de foot pendant que leurs garçons font la
cuisine ! Et qui redoutent, pour adopter la terminologie du genre, que
cela n’aboutissent à donner à leurs garçons une féminité socialement construite…
Revenons-donc à ces rumeurs émanant
« de l'extrême droite négationniste ». Ces fameux SMS qui vident les
classes dans les quartiers populaires sont majoritairement adressés aux
familles issues de l’immigration.
Qui est à l’origine de ce
mouvement ? Notre vieille extrême droite nationaliste ? On aimerait
bien, mais l’impulsion vient de Farida Belghoul, initiatrice en 1984 de la
seconde marche des beurs, aujourd'hui proche de l'essayiste Alain Soral, le
mentor de Dieudonné.
Voici donc l’alliance diabolique des
deux extrémismes !
Puisque Hollande aime les pactes,
celui-là devrait donc le faire réfléchir, lui qui avait promis une France apaisée…
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