En général, nous essayons de ne pas
trop tomber dans la politique politicienne, la politique fiction, la politique
people. Mais aujourd’hui une question éminemment politique se pose dont on ne
peut nier la gravité. Nous sommes à l’Heure de vérité !
La vérité c’est que nous sommes entrés
dans une crise politique très sérieuse, dont
il est impossible d’imaginer l’issue.
La vérité c’est que rien ne va plus au
sommet de l’État et que l’exécutif est
sérieusement affaibli. Ce n’est pas qu’une question de sondages, de grands
hommes d’état (Margaret Thatcher, par exemple !) ont affronté, dans la
durée, une forte impopularité qui ne les a pas empêchés de poursuivre leur
politique. L’exécutif est affaibli parce qu’il n’a plus prise sur les
événements tant il est ballotté par les faux-pas, couacs, reculades et
renoncements.
Il y a quelques titres du journal
"Le Monde" qui rentrent dans l’histoire. Souvenez-vous de « la
France s’ennuie », à la veille de mai 68. Le titre du 30 octobre 2013 est
de ceux-là : « Hollande peut-il encore agir ? ».
La vérité c’est que le gouvernement est divisé, discrédité,
inaudible. A-t-il un chef ? Lui obéit-on ? L’écoute-t-on,
simplement ?
La vérité est qu’il n’y a plus de majorité politique. L’aile gauche du PS ne retient
plus ses coups, les communistes votent régulièrement contre les textes du
gouvernement, Mélenchon a élu domicile entre Caracas et La Havane, les
écologistes ressemblent à un ballon de rugby dont on ne sait jamais comment il
va rebondir et dont on attend qu’il se retrouve hors du terrain.
La vérité est que Hollande a fait de
la France ce qu’il avait fait du PS, une ONG, une organisation non gouvernée.
La vérité, est que cela ne peut plus
durer. On ne peut pas faire comme si de rien n’était car nous ne sommes pas en
fin de mandat, encore moins de deuxième mandat et Hollande ne bénéficie ni du
respect dont jouissait Mitterrand, ni de la sympathie que suscitait Chirac.
Voici donc venue l’Heure du changement.
Hollande doit choisir, ce qu’il
déteste, et décider maintenant, ce à quoi il répugne. Il est vrai qu’à force
d’avoir tant louvoyé il ne sait plus quel cap adopter. On en est donc réduit à dérouler
les hypothèses, nouveau jeu dont la presse devient friande :
-Un
referendum constitutionnel sur un sujet emblématique des valeurs de gauche
(laïcité ou droit de vote des étrangers non communautaires, par exemple) ?
Mais Hollande n’est pas aventureux.
-Une
dissolution de l’Assemblée nationale ? Mais Hollande n’est pas
suicidaire.
-Un
remaniement ministériel style IVème république où l’on remplace des
personnalités plus ou moins connues par d’autres choisies en fonction des
sensibilités diverses qu’elles représentent ? La gauche plurielle, quoi...
Mais nous sommes sous la Vème
République et changer de gouvernement est un message politique fort dont
découle le choix des membres. Or, de messages, il n’y en a que deux
possibles :
Soit le grand bond en avant,
c’est-à-dire à droite toute, vers la social-démocratie. L’arrivée du messie, le
jugement dernier et la résurrection.
Soit le grand bond en arrière,
c’est-à-dire le retour vers les valeurs ( ?) traditionnelles de la gauche.
81 après 83, le contraire de Mitterrand...
Les personnalités retenues pour
constituer le nouveau gouvernement dépendront naturellement de la politique
choisie.
Avec la première, les champions de la
dream team s’appelleront Valls, Rebsamen, Collomb, Destot, Vallini...bref des
barons d’un socialisme canada dry, le cercle rapproché du Président, avec,
pourquoi pas, une ouverture au centre (on trouvera bien un ou deux centristes socialo-compatibles).
Dans la seconde, nous verrons s’avancer
au son de la carmagnole, Aubry, Bartolone, Lienemann...bref tous ceux qui n’ont
toujours pas digéré de ne pas être ministres. Se joindront au cortège d’autres
écologistes nommés pour qu’ils se taisent enfin (Vincent Placé ?) et des
communistes pour rappeler le bon vieux temps de l’union de la Gauche
(Marie-Georges Buffet ?)
Dans les deux cas de figure, Delanoë, ambidextre
et que l’on annonce depuis longtemps au gouvernement, fera une entrée
triomphale. A moins qu’il n’hérite du parti ...
Seul problème, aucune des deux branches
de l’alternative ne permettra de surmonter la crise qui, bien au contraire,
risque de devenir paroxystique. Dernière manifestation de la maladie
congénitale du socialisme, cette dyslexie incurable qui l’a toujours empêché de
coordonner sa gauche et sa droite et fait peser sur lui la sombre perspective
d’un pronostic vital engagé.
Alors ? Reste Hollande qui a
compris depuis longtemps que si l’on vous dit "de deux choses l’une
"
il faut immédiatement chercher la troisième. Il y a chez lui la certitude qu’il
a de la chance et que tout finira par s’arranger. Peut-être se dit-il tous les matins en se rasant :
« Pourvu que ça dure ». Mais on a compris que cela ne pouvait plus
durer.
Il est minuit Docteur H !
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