Nous nous étions abstenu de
commenter le retour des otages français du Niger. Le risque
d'instrumentalisation était inévitable et il nous semblait que l'on pouvait se
réjouir d'une bonne nouvelle dans la pudeur et avec réserve.
Mais, comme on l'a constaté, le pouvoir n'a
pas résisté à la tentation d'une célébration publique de l'événement, en direct à la télé, à laquelle les ex-otages
ont refusé de participer. Quant à Marine Le Pen, elle a réduit à néant deux
années d'efforts consacrées à convaincre de sa nouvelle respectabilité par une
seule phrase qui paraissait sortie de la bouche de papa. Ce qui devait être une
joie familiale a donc été gâché par une indécente médiatisation.
Il est encore plus délicat de
commenter le drame de l'exécution de deux journalistes de RFI au Mali. Nous tenons toutefois à dire ici le respect et l'admiration que nous portons à
l'institution et aux équipes de RFI pour les avoir côtoyées pendant de très
nombreuses années, à tous les niveaux,
du sommet jusqu'au terrain. Il y a des entreprises qui ont une âme et
dont le personnel exerce bien plus qu'un métier, une vocation. C'est cela aussi, la françafrique: la voix de la France en Afrique.
Mais pour aussi bouleversant que soit
l'événement, il n'est pas possible de se contenter de considérer qu'il s'agit
d'un accident et de parler des risques du métier. La France
doit s'interroger plus avant sur le sens de ce drame et sur ses implications.
Tous les experts se perdent en
conjectures et balancent entre diverses hypothèses sur les auteurs de ce crime.
Nous nous garderons bien de formuler une opinion.
Deux points simplement.
- une citation : voici ce que nous
écrivions sur ce blog au tout début des opérations, en janvier 2013:
« Autant la décision d’arrêter
l’avancée des terroristes vers le sud du Mali et de défendre Bamako, la capitale
où vivent plus de 6000 français, a été logiquement saluée, autant l’éventualité
d’une guerre de reconquête du nord par les troupes françaises parait très
aventureuse... Le risque serait énorme, les chances de succès infimes et le
coût budgétaire insoutenable face à un ennemi
insaisissable dans un théâtre d’opérations quasiment infini... De fait,
on ne peut pas affirmer, pour l’instant, que l’armée française a, comme l’avait
promis Hollande, " détruit les terroristes "... Combien de temps leur
faudra-t-il pour reconquérir les territoires abandonnés, après le départ des
troupes françaises ?... »
- un fait : cela s'est passé à kidal. Dans le nord donc, mais surtout à
l'épicentre du bourbier malien où l'on croise les différentes factions indépendantistes ou autonomistes Touaregs, les nombreuses branches de la nébuleuse Al-Qaïda
au Maghreb islamique, ainsi que des détachements des armées françaises, maliennes, et
africaines engagées au Mali.
La France y joue une partie compliquée
notamment entre les Touareg (que, pour
de diverses et anciennes raisons, elle ménage et considère comme des interlocuteurs légitimes) et le pouvoir malien dont
on ne mesure mal, ici, à quel point il
supporte mal de n'avoir pas été autorisé à prendre le contrôle de la ville. Son
armée, et la population noire du sud, acceptent difficilement cette situation
qui leur apparait comme une violation de la souveraineté malienne. Il ne faut pas oublier que
des élections législatives auront lieu sur tout le territoire dans trois
semaines.
Bref, l'apaisement n'est pas pour de demain et encore moins le retrait annoncé de nos troupes.
Dans une chronique, écrite également en janvier 2013, consacrée au "triomphe" de Hollande au Mali, nous écrivions à son intention : "momento mori" ("souviens-toi que tu es mortel"), célèbre mise en garde que les romains adressaient au vainqueur d'une bataille pour lui rappeler que rien n'est jamais gagné et que toute les victoires ont un prix.
Les lauriers aussi se fanent...
Dans une chronique, écrite également en janvier 2013, consacrée au "triomphe" de Hollande au Mali, nous écrivions à son intention : "momento mori" ("souviens-toi que tu es mortel"), célèbre mise en garde que les romains adressaient au vainqueur d'une bataille pour lui rappeler que rien n'est jamais gagné et que toute les victoires ont un prix.
Les lauriers aussi se fanent...
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