Clairement, la
gauche n’en a pas fini avec l’affaire Léonarda. Elle se déchire sur l’expulsion
de la jeune Kosovar, au sein même du gouvernement.
Le désordre est tel qu'elle ne se rend plus compte de ses contradictions.
Devant le
Conseil constitutionnel qui examinait la possibilité pour les maires de faire
jouer la clause de conscience pour refuser de célébrer personnellement ces
unions, le secrétaire général-adjoint du gouvernement a présenté la position de
l’exécutif en ces termes : « Si l'objection de conscience était
reconnue cela reviendrait à autoriser une discrimination contraire à la loi
entre les couples homosexuels et hétérosexuels. » Argument convaincant, en
effet, puisque les officiers d’état civil seraient tenus de
marier les couples de sexes différents tandis que les couples de même sexe seraient soumis à une procédure distincte en
fonction des convictions personnelles de chaque officier d’État civil. C’est
donc logiquement que le conseil constitutionnel vient de trancher, ce matin même, dans le sens
du gouvernement. La loi doit être appliquée totalement. Comme le disaient les romains : « Ubi lex non distingui, nec distinguere debemus. » Là où la loi ne distingue pas, l'interprète ne
doit pas distinguer. On ne peut être plus clair.
Voyons maintenant l'affaire Léonarda. Ce qui est valable pour le mariage pour tous ne le serait pas pour les reconduites à la frontière ?
Valls a beau démontrer que l’expulsion
s’est réalisée dans le strict respect des lois de la République, la moitié du
gouvernement tire à vue contre lui, certains allant jusqu’à demander sa
démission…. Dire que ce nouveau désordre gêne le Premier ministre serait exagéré.
Il s’est empressé de lancer une enquête avec l’espoir que ses conclusions
affaibliraient le ministre de l’intérieur et, qu’avec un peu de chance, le
ridiculiseraient même, en le contraignant à annuler le décret d’expulsion. Avec le
rêve que son principal concurrent soit, devant un tel désaveu, poussé à la
démission !
Mais il y a plus grave. Voici ce qu’a déclaré le 3ème personnage de l’Etat, Claude Bartolone, Président de l’Assemblée nationale, lieu où l’on vote les lois : « Il y a la loi, mais il y a aussi des valeurs sur lesquelles la gauche ne saurait transiger sous peine de perdre son âme » !
Donc les socialistes ont le droit de déroger à la loi républicaine lorsqu’elle heurte leurs propres sentiments. Cela fait vraiment peur et rappelle André Laignel, ministre de Mitterrand en 1981, répondant à l’opposition qu’elle avait juridiquement tort car elle était politiquement minoritaire….
Avez-vous remarqué que personne au PS n’a spontanément proposé de changer la loi plutôt que de déroger à son application ? Si elle est mauvaise, il suffit, en effet, d’un vote du parlement (on pourrait même se contenter de corriger les circulaires d'application relatives aux modalités d'éloignement *), pour se mettre en conformité avec les principes de gauche. Pour une fois, les socialistes pourraient compter sur le soutien du Front de gauche et des Verts. Mais pourquoi se donner cette peine puisqu'il suffit de ne pas appliquer la loi quand elle gêne les bonnes âmes !
Quel est le principal reproche que l'on fait au FN ? De ne pas être un parti républicain. Et celui que la gauche adresse à la droite ? De favoriser la montée de l'extrême droite.
Dans le même temps, le pouvoir considère que la force de la loi passe après le respect des "valeurs de la gauche".
Si c'est ainsi que l'on définit un parti républicain, le Front national n'a pas trop de souci à se faire...
Avis partagé par un député socialiste du Val-de-Marne, Luc Carvounas qui met en garde contre une éventuelle annulation du décret d’expulsion « ce serait un très mauvais signal » et « on continuerait à nourrir les extrémismes ».
« Ceux qui semblent légiférer selon la justice ne s’en tiennent pas eux-mêmes aux lois qu’ils établissent et décrètent. » Esope, "Le Loup et l’Âne".
* Parions que c'est ce que proposera le rapport d'enquête qui doit être publié ce soir et qui pourrait recommander que les activités périscolaires soient incluses dans la "sanctuarisation" de l'école. Un jugement de ... Hollande, comme nous y sommes, maintenant , habitués.
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