Pas de panique, nous ne parlerons pas
aujourd’hui de nouvelles taxes décidées par le gouvernement. Plutôt de figures
de style.
Lors de son passage à l’émission
" Capital ", sur M6, Hollande a eu cette phrase qui mérite de rentrer
dans l’anthologie des propos improbables prononcés par les grands hommes
politiques : « ce n'est pas le rythme des réformes
qui est jugé trop lent, ce sont les résultats qui tardent à apparaître. »
On le savait amateur d’oxymores, grand
maître de l’anaphore, le voilà désormais adepte de la parataxe. Au risque d’encourir les foudres des linguistes, nous définirons la parataxe comme le
procédé qui consiste à juxtaposer des phrases sans expliciter le rapport de
coordination qui existe entre elles. Ne pas confondre avec l’hypotaxe qui exprime par un mot de subordination ou de
coordination le rapport de dépendance qui existe entre les phrases.
D’accord, c’est un peu compliqué. Pour
y voir plus clair, essayons de trouver des exemples :
Parataxe : « Il s’est mis
à pleuvoir quand Hollande est arrivé, tout le monde a rigolé. » Le rapport
entre les deux propositions n’est pas évident, grammaticalement en tout cas.
Hypotaxe : « Il s’est mis à
pleuvoir quand Hollande est arrivé, il a alors été trempé et tout
le monde a rigolé. » Ce n’est peut-être pas très drôle mais on comprend
pourquoi tout le monde rigole et on voit bien le rapport.
En revanche, des réformes qui ne
produisent pas de résultats, on ne comprend pas bien ce dont il s’agit. On peut
remplacer " réformes " par " changement " mais si ce
dernier tarde tant à produire des résultats comment continuer de proclamer
qu’il est pour maintenant ?
Certains trouveront la figure de style
politiquement habile. De fait, on peut la décliner à l’infini :
-Ce n’est pas l’endettement qui
augmente, c’est le PIB qui recule…
-Ce n’est pas à cause de
dépenses publiques trop élevées que l’objectif de réduction du déficit
budgétaire n’est pas tenu, ce sont les impôts qui rentrent moins que prévu…
-Ce n’est pas qu’il y a plus de chômeurs,
c’est qu’il y a trop de personnes qui cherchent un emploi…
-Ce ne sont pas les français qui font
perdre toutes les élections partielles aux socialistes, c’est l’abstention…
Ce n’est pas moi qui fais pleuvoir,
c’est Météo-France…
Ça marche tout aussi bien, d’ailleurs,
avec l’hypotaxe :
-J’avais bien vu la crise mais pour la
surmonter il aurait fallu annoncer des mesures impopulaires et je n’aurais pas
été élu…
-J’avais annoncé que je ne ratifierais
pas le traité européen de stabilité mais Merkel n’a pas voulu le renégocier et
j’ai dû m’incliner…
-J’avais promis la fin du cumul des
mandats mais j’ai été contraint d’y renoncer car les élus socialistes s’y sont
opposés…
-J’avais annoncé que je n’engagerai
pas de troupes au sol au Mali mais j’ai dû m’y résigner et envoyer 4.000
soldats combattre dans le désert...
-Je me suis engagé à ne pas toucher
aux 62 ans pour l’âge de départ en retraite mais il faut vraiment que les
français travaillent plus longtemps, alors je vais augmenter la durée de
cotisation et peut-être ne verront-ils pas que cela revient au même…
« Le style est l’homme
même » (Buffon), la figure de style celle de l’homme politique même. Encore une
parataxe !
La parataxe favorite de Hollande, sa
devise en somme, reste la suivante : ce n’est pas ma politique qui est en
cause, c’est la faute de Sarkozy…
Mais nous garderons pour la fin celle
qui nous parait la meilleure, en tout cas la plus adaptée au temps présent. Elle
est d’Edgar Faure : « Ce n’est pas la girouette qui tourne,
c’est le vent. »
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