Nous avons au moins un point commun
avec Alain Juppé (en plus du prénom) : la tentation de Venise. Voici ce qu'il
écrivait dans l'ouvrage éponyme : " Un jour à Venise [ ] j'ai imaginé y
prendre retraite [ ]Je me suis vu prendre chaque après-midi, le vaporetto,
traverser le Grand Canal, débarquer sur la piazzetta, aller m'asseoir à la
terrasse du Florian, y vivre les premières heures de la soirée tout en
regardant passer les jolies filles et en savourant un Bellini..."
Nous l'avons fait et c'est du Florian
que nous postons cette chronique. Ce ne sera pas, hélas, une longue
expatriation et, d'ailleurs, nous nous sentons plutôt dans la peau d'un exilé.
Pas fiscal, encore une fois hélas, moral
plutôt.
Nous n'en pouvions plus du mauvais
temps, de la tristesse des gens et de l'épouvantable ambiance politique qui
règne en ce moment en France.
Une courbe qui ne veut pas baisser la tête, un
budget dont on ne peut boucher les trous, des sondages présidentiels en berne,
une opposition qui confond ses amis et ses adversaires, un leader d'extrême
gauche qui traite le ministre de l'économie de salopard. Et le pitoyable
spectacle qui se donne sur la scène judiciaire: un ministre du budget contraint
à la démission suite à l'ouverture d'une enquête judiciaire, une perquisition
au domicile de l'ancienne ministre des finances et actuelle présidente du FMI,
une députée en correctionnelle pour détournement de fonds publics, un sénateur
du même département pour association de malfaiteurs et maintenant
l'ancien président de la République mis en examen pour "abus de
faiblesse" par un juge lui-même soupçonné de manquer d'objectivité.
Conformément à la règle que nous nous
sommes fixés, nous évitons de commenter les affaires, qu'elles soient judiciaires
ou qu'elles concernent la vie privée.
A propos de cette dernière affaire, nous
nous contenterons donc d'une citation qui prend aujourd'hui toute sa valeur : « la justice [ ] n’est pas celle que je porterais au podium [
] Évidemment, par rapport au public, montrer que l’on traite ainsi un homme
puissant et considérable [ ] électoralement c’est payant. On dit la justice
égale pour tous : plaisanterie, dérision… »
L'auteur est Robert Badinter. La
justice dont il est question est la justice américaine et l'homme puissant et
considérable dont il parle, c'est... Dominique Strauss-Kahn! Comme dirait Uma
Thurman: " Hey! What dit you expect
? "
Certes, ce pas en Italie que nous
trouverons le modèle idéal de la démocratie mais Venise, c'est différent, elle
mérite bien son nom de Sérénissime. Un peu de sérénitude, c'est bien ce qui
manque aux français en ce moment...
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