Nous aurions pu également titrer :
« Quand on n’a pas de Projet on a des idées ».
Comme chacun peut le constater, il ne
se passe pas un jour sans que ne sorte du gouvernement une proposition nouvelle.
Il est maintenant trop tard pour en faire la liste exhaustive tant leur durée
de vie est généralement brève. Comme elles suscitent immédiatement l’opposition
d’un autre ministre, ou l’ire des alliés de gauche, elles ont tendance à tomber
dans les oubliettes… avant de ressortir parfois sous une autre forme. Quelques
exemples, tout de même, à titre d’illustration.
-Suppression de la ½ part fiscale pour
les étudiants,
-augmentation de la taxe sur diesel
et/ou prime à la reconversion,
-mise sous condition de ressources des
allocations familiales, plafonnement et/ou fiscalisation, suppression du supplément
à partir de 3ème enfant…
-progressivité des impôts locaux en
fonction du revenu,
-confirmation de l’obligation d’avoir
un éthylotest dans sa voiture mais pas de sanction en cas d’absence,
-dépénalisation du cannabis et salles
de shoot,
-suppression de la journée de carence
pour les fonctionnaires,
-amnistie des délits liés à des
activités syndicales ou représentatives,
-taxation à 75% des revenus au-dessus
de 1 million, par personne ou par ménage, sur le bénéficiaire ou sur l’entreprise,
au taux de 65%, avec bouclier fiscal,
-augmentation de la TVA, modulée,
étalée dans le temps,
-réforme institutionnelle : congrès ou
referendum à QCM, cumul des mandats à
effet immédiat ou repoussé, droit de
vote des étrangers sous condition de réciprocité…
-exploitation du gaz de houille,
- vérification de la parité par décompte
du nombre de femmes assassinées chaque soir dans les séries télé (Filippetti)…
-réforme du congé parental afin d’en
augmenter la part dévolue au père (pardon,
au deuxième parent…),
-augmentation du coût des amendes pour
financer le Grand Paris (confirmation géniale de ce que l’impôt est bien une
sanction).
On pourrait continuer comme cela encore
longtemps. Ce qui est extraordinaire c’est que le bruit médiatique est inversement
proportionnel à sa durée. La meilleure illustration de ce phénomène de péremption
est donnée par le projet de mariage pour
tous. On se souvient du battage médiatique des débats à l’Assemblée nationale.
Mais on ne dit pas que le texte voté est en cours de réécriture au sénat qui s’est
rendu compte qu’il était juridiquement inapplicable, notamment en ce qui concerne
la filiation. Quand Taubira frime, le Sénat trime…
Quelle est l’explication de cette
frénésie réformatrice (quand on se souvient que l’on reprochait à Sarkozy d’être
" anxiogène" !) dont a bien du mal à saisir la
cohérence mais qui fleure bon l’impréparation, voire l’incompétence ?
La première explication nous ramène au
syndrome de Christophe Colomb (cf. :
http://www.francois-2.com/2013/01/le-nouveau-modele-francais-les.html).
Les socialistes ne savent pas où aller, comment y aller, ni où trouver l’argent
pour payer le voyage. Avec, de surcroît, un capitaine qui a bien du mal à
commander son équipage…
La seconde serait plus subtile, du pur
Hollande donc : la gravité de la situation impose réformes et sacrifices
impopulaires. Mais, comme on ne l’a pas dit aux français avant, on détourne
leur attention sur des leurres pendant qu’on leur prépare l’amère potion.
Ce qui est clair, c’est que nos
ministres sont en plein désarroi. Leur situation ne correspond vraiment pas à
ce qu’ils attendaient. Il y a si longtemps qu’ils rêvaient d’un portefeuille et
qu’ils imaginaient les grandes réformes sociales et sociétales qui porteraient leur
nom ! Et les voilà sommés de gérer la rigueur et d’engager des réformes contraires
à ce qu’ils ont toujours proclamé. Il est normal qu’ils allument tout plein de
petites lanternes pour tenter d’occulter les sombres vessies…
Pourtant, si l’on y regarde de plus près,
et nous sommes convaincus que c’est ce que fait Hollande, la situation n’est
pas aussi défavorable, politiquement, qu’elle n’y parait. Les français sont de
plus en plus nombreux à accepter les
efforts et depuis Archimède on sait bien que plus on approche du fond et plus
on a de bonnes chances de remonter.
Dommage qu’il se soit trompé sur le
timing : il aurait dû, dès le début, dramatiser la situation, accélérer les
mesures fortes et impopulaires, puis
attendre des jours meilleurs. C’était du gagnant-gagnant. Soit les choses continuent d’aller mal et il l’aurait
dit dès le début (on lui reprocherait de ne pas l’avoir fait pendant la
campagne ? Les français ne sont pas si naïfs !) Soit la situation s’améliore
et il pourrait s’en attribuer le mérite. Tandis que là, il donne l’impression
de tergiverser, de n’agir que sous la
contrainte, d’obéir à Bruxelles. Et lorsque les choses finiront par aller mieux,
on dira que c’est grâce à la conjoncture internationale.
Il devrait être plus allant sur les
grandes reformes (retraite, compétitivité et flexibilité, sécurité sociale).
Mais, surtout, il devrait démontrer que sa politique s’inscrit dans un grand dessein pour la France.
Et maintenant, on va où ?
Une vision politique ne peut se
limiter à des chiffres. Ce n’est certainement pas ici que l’on sous-estimera l’impérieuse
nécessité de réduire les dettes et déficits, mais encore faut-il expliquer ce
que l’on trouvera à l’arrivée. Un projet politique c’est d’abord un mode de vie
en société, des valeurs communes, une morale partagée.
D’ailleurs, même Harlem Désir le dit :
« Qu'est-ce que le hollandisme ? Il faut écrire ce récit, c'est un des
grands enjeux de la gauche. »
Par chance pour lui, et nous savons
que Hollande en a, il n’est pas encore trop tard. Il est, en effet, très aidé
par une droite qui, au lieu de faire son travail d’opposition -jamais elle n’a
eu un tel boulevard devant elle- continue de se regarder le nombril.
Allez, François, un petit coup de "Rêve
français" ! On en a bien besoin…
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