A
priori cela parait plutôt rébarbatif. Pourtant, c’est la meilleure chose qui
puisse arriver aux français.
-0,80%,
c’est le taux de croissance que le gouvernement annonce pour
2013.
-3%,
c’est le maximum de déficit budgétaire, rapporté au PNB, que la France
s’autorise en 2013.
-10%,
c’est le nombre de chômeurs, comparé à la population active en
métropole.
Les
optimistes et les crédules penseront que ce ne sont pas des vœux extraordinaires
puisqu’il est certain qu’ils se réaliseront. François Hollande et son
gouvernement s’y sont engagés.
Alors,
pourquoi faire mine de souhaiter qu’ils se réalisent ? C’est comme si l’on
annonçait que les impôts allaient continuer d’augmenter en
2013...
Malgré
tout, nous souhaitons sincèrement qu’à la fin de l’année la croissance soit de
0,80%, le déficit de 3% et le taux de chômage de 10%. Même si aucun de ces
chiffres ne mérite que l’on s’en félicite. Même s’ils sont, tous les trois,
improbables.
Une
croissance de 0,80%, il n’y a que Hollande et Ayrault pour y croire... si
tant est qu’ils y croient ! La moitié, ce serait déjà très bien. Et, même,
éviter ce que l’on appelle joliment « une croissance négative » (surtout, ne
jamais parler de récession) ne serait pas si mal.
Un
déficit budgétaire de 3% ? Pour y parvenir il faudrait augmenter encore
plus les impôts et réduire, cette fois drastiquement, les dépenses. Pour le
coup, ce serait la récession assurée. Mais tout le monde sait que ce n’est pas
ce qui arrivera. Alors, chacun guette celui ou celle (Angela, Christine ?) qui
prendra la responsabilité de permettre au gouvernement français de « renoncer »,
pour le bien de tous, à son engagement. Ces 3%, Hollande lui-même n’y a jamais
cru. Il attend simplement que l’Europe ou le FMI proposent que l’on modifie
l’objectif. On dit 3,5% ?
Pour
le chômage, la question est plus complexe. La courbe va-t-elle s’inverser
dès 2013 ? Il faut, à ce sujet bien écouter ce que dit Hollande : « La volonté
qui est la mienne, c’est qu’à la fin de l’année 2013, et ça va être long, il y
ait une inversion de la courbe. » Ce qui veut dire ? Que le chômage « à ce
moment régressera », dit-il. Essayons de décoder.
Fin
2013, le taux de chômage est d’environ 10%. Le chômage « ne va pas cesser
d’augmenter pendant un an » précise notre président. L’INSEE, de son côté,
annonce que ce taux atteindra 10,5% en milieu d’année et l’on évoque près de 11%
fin 2013.
Pour
autant, il ne faut pas confondre « inversion de la courbe » et « réduction du rythme d’accroissement » du
chômage. Ce serait le retour de l’oxymore...
Pour
comprendre le distinguo, prenons un exemple concret : entre juin et décembre
2012 le pourcentage de français ne faisant pas confiance à Hollande est passé de
37% à 61%, soit une hausse de 24 points. Si au cours des 6 prochains mois le
nombre de mécontents s’établit à 65% il aura encore augmenté de 4 points. Mais
c’est une réduction du rythme d’accroissement. Si, en revanche, il baisse de 4
points, les mécontents passant de 61 à 57%, peut-on parler d’inversion de
courbe ? Etymologiquement oui, puisqu’il s’agit d’un retournement de tendance.
Le niveau d’impopularité aura cessé d’augmenter, il aura, incontestablement,
baissé au cours des 6 derniers mois (peu probable toutefois que cela soit
considéré comme un exploit)...
On
voit donc que pour constater une inversion de courbe il est indispensable de
disposer de deux points définissant la période de référence. Pour mesurer la
tendance de la popularité de Hollande on a d’abord retenu la fin des 6 premiers
mois suivant son élection, puis la fin des 6 derniers mois.
Comment
calculer alors, l’inversion de la courbe du chômage ? En toute logique, en
comparant la situation de décembre 2013 à celle de décembre 2012, puisque
Hollande promet cette inversion dans un an.
Tout
semble donc clair : dans un an le taux de chômage ne devra pas être supérieur à
10% et le nombre de chômeurs à 3,1 millions.
Récapitulons :
0,4% de croissance, cela pourrait être pire ; 3,5% de déficit, on fera avec ;
quant au chômage, pour parler d’inversion, il faudra qu’au minimum la situation
ne soit pas plus mauvaise dans un an qu’aujourd’hui.
Rien
qui justifie de célébrer joyeusement le changement. Malgré tout, les choses étant ce que le candidat
socialiste n’avait pas vu qu’elles étaient (1), ce sont bien les meilleurs vœux
que l’on puisse formuler pour la France.
Alors,
bon courage et BONNE ANNÉE !
A ceux qui y croient malgré
tout, nous recommandons la lecture de l’Éditorial du Monde daté du 28
Décembre :
« La responsabilité de
cette dégradation accélérée - 247 500 chômeurs de plus entre mai et novembre -
ne peut être imputée entièrement à l'actuel gouvernement. Mais l'argument de
l'héritage va bientôt faire long feu… »
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