On peut penser que l’alternance
politique, dans une démocratie, permet de prendre, tour à tour, le meilleur de
la droite et le meilleur de la gauche et de gommer ainsi les excès idéologiques
de l’une et de l’autre.
Pas en France. Chez nous, la droite
finit par être battue parce que l’on désespère de la voir mettre en œuvre les
réformes qu’elle préconise et elle est remplacée par la gauche, élue sur un
autre programme mais qui finit par prendre les mesures que la droite n’a pas
osé appliquer. Ce qui lui vaut d’être systématiquement battue aux législatives suivantes...
Voilà donc, qu’après avoir découvert
que la France était confrontée à la plus grave crise depuis un siècle, compris qu’il
n’avait d’autre choix que de ratifier le traité européen signé par son
prédécesseur, Hollande reconnaît enfin que les entreprises françaises souffrent
d'un manque de compétitivité et que les charges qui pèsent sur elles sont trop
élevées. Troisième reniement !
Arrêtons-nous, juste le temps de se
pincer : « le coût du travail est trop élevé en France » ! C’est bien
ce que dit désormais la gauche (enfin le PS, et encore, pas tout le PS) ...
S’il est trop élevé, c’est qu’il
supporte trop de charges, la preuve : elle vient de décider de les baisser. Mais aussi que les salaires sont trop élevés, la preuve :
le rapport Gallois vante « la modération salariale » pratiquée
en Allemagne ces dix dernières années.
Pour se justifier, les socialistes
disent que c’est la faute de la droite qui a exercé le pouvoir pendant dix ans sans
rien faire pour préserver la compétitivité.
Pas complétement faux, mais que penser d’un candidat qui se
fait élire sur le déni de la crise et le refus de reconnaître que le coût du travail
pose problème ? De deux choses l’une.
Ou bien il ne savait pas, ce qui est très
inquiétant pour quelqu’un qui s’est préparé si longtemps à gouverner. Les
chiffres, en effet, tels qu’ils sont cités dans le rapport, montrent que la
perte de compétitivité remonte à loin (1) et il devait bien y avoir quelqu’un
dans son entourage qui a dû entendre parler de tout ce qui a été écrit et dit sur le
sujet, en France ou à l’étranger, depuis le temps...
Ou bien il savait et c’était un stratagème
de campagne. Il s’est fait élire en cachant la vérité.
En faveur de la première hypothèse, le
fait qu’il ait annulé dès son arrivée les mesures prises par la droite qui
allaient dans le bon sens, même s’il s’agissait de demi-mesures (la détaxation
des heures supplémentaires) ou si elles étaient bien tardives (la TVA anti
délocalisation).
En faveur de la seconde hypothèse, le
fait qu’il n’aura pas fallu attendre plus de 24 heures après la remise du
rapport pour l’annonce de mesures fortes de baisse de charges sur les
entreprises. On peut espérer que, compte tenu de gravité et de la complexité du
sujet, le gouvernement a pris tout son temps pour peser le pour et le contre
avant de procéder à un tel changement de pied. Donc il savait et Gallois n’est
que la lumière qui a attiré les insectes. Oui, Martine, il était là le loup...
L’alternance ne serait-elle donc pas,
tout simplement, le châtiment du reniement ?
En attendant, voici Hollande lancé sur
les traces de Schröder. Ce que la droite n’avait jamais osé faire !
" En vérité, je te le dis, avant
que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. " Marc - 14 :30
(1)Extraits du Rapport Gallois :
-« En 30 ans, la France a perdu
plus de deux millions d'emplois industriels. Ce type d'emploi (hors
construction) englobait 26% de l'emploi salarié en 1980, soit 5,1 millions de
salariés). Ils étaient 3,1 millions, soit 12,6%, en 2011. »
-Au chapitre des « faiblesses
structurelles », Louis Gallois dénonce « le poids de la fiscalité lié au niveau
élevé des dépenses publiques » et « le fonctionnement défectueux du marché des
services, marqué par le poids des professions réglementées ». « Le millefeuille
administratif et la superposition des structures déconcentrées (Etat) et
décentralisées, le culte de la réglementation, couplé avec son instabilité,
constituent un vrai handicap »(Les Echos du 05/11/2012.)
" Que celui d'entre vous qui est sans péché lui
jette, le premier, une pierre ! "
Jean - 8 :7
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