La zone euro, c’est comme l’Euro de football :
17 nations (16 pour le foot) participent mais à la fin c’est l’Espagne et l’Italie
qui gagnent.
La France a obtenu une
satisfaction de principe avec la formalisation du "Pacte de croissance"
dont nous avons parlé récemment. Tout le monde est d’accord sur les moyens à mobiliser
(ils existent déjà) et sur le fait que l’impact sur la croissance sera négligeable. Mais c’est
un message fort et nécessaire pour les populations : la rigueur doit s’accompagner
de la croissance. Hollande, qui conditionnait son accord à deux exigences prioritaires, les eurobonds et le
financement des Etats par la Banque centrale européenne, fera mine de s’en
satisfaire et finira par faire ratifier le traité de stabilité budgétaire. Tout
est donc pour le mieux.
Mais les grands vainqueurs, comme au
foot, ce sont les espagnols et les italiens. Rajoy et Monti ont totalement bouleversé
le programme du sommet en imposant, d’entrée de jeu, le débat sur les mesures à mettre en oeuvre immédiatement pour combattre
la crise financière. Et eux, ils sont arrivés, comme l'Italie en demi-finale de l’Euro,
à faire plier l’Allemagne qui a dû accepter que le Mécanisme européen de
soutien (le MES) intervienne plus largement que prévu. Pour faire simple, il
pourra apporter un soutien aux banques en difficulté directement, sans passer
par les Etats. Cela peut paraitre technique mais c’est une révolution !
Jusqu’à présent le sauvetage des banques était de la responsabilité des Etats.
A chaque crise bancaire donc, c’etait le pays concerné qui devait supporter le
poids financier des mesures de soutien, ce qui entrainait immédiatement la
défiance des marchés. Toute crise bancaire rendait alors plus difficile et plus
onéreux le financement de la dette des Etats aggravant encore la situation des banques. C’est ce cercle vicieux qui va être
brisé.
A l’avenir, le sauvetage des banques
en difficulté sera assuré directement par le MES qui pourra leur imposer, sans avoir
à passer par les Etats, toutes les mesures de redressement nécessaires et même
chasser les dirigeants responsables. Accessoirement la garantie des dépôts des
particuliers sera assurée non plus par l’Etat mais par l’Europe !
Pour que la rupture de ce funeste lien
Etats-banques soit totale, il a été décidé de créer un mécanisme européen de
surveillance des banques, au niveau de la zone euro, confié à la Banque
centrale européenne. Encore une mission fondamentale retirée aux Etats.
Mais ce n’est pas tout, il a
également été convenu que ce fameux MES (dont il faut rappeler qu’il fait
partie du "paquet" budgétaire) pourra racheter les
obligations des Etats sur le marché secondaire. En français, cela veut dire que
s’il reste toujours impossible de faire
financer par l’Europe les emprunts futurs, le MES pourra acheter des
obligations déjà émises. L’intérêt ? Il est essentiel car cela permettra
de rassurer les marchés (il y aura un acheteur s’ils veulent vendre les
emprunts souscrits), donc de baisser les taux d’intérêt des emprunts (c’est le
cas depuis ce matin) et donc réduire le cout de la dette.
Bien entendu, Merkel a posé ses
conditions : seuls les Etats vertueux et respectant les critères
budgétaires pourront bénéficier de ce soutien.
Pardon, encore une fois pour ces commentaires, certainement trop techniques et sans doute pas suffisamment clairs, mais nous vivons un moment historique dont on ne mesurera que plus tard les bouleversements qui en résulteront. Fort habilement tout le monde a évité le mot qui fâche, celui de fédéralisme. C’est Hollande qui a trouvé la formule : "intégration solidaire". On aurait aimé plus flamboyant mais d’accord, on achète…
Il va donc falloir, maintenant avaler
le Pacte budgétaire. Nous ne tarderons pas en reparler.
En attendant VIVA ESPAÑA ET FORZA
ITALIA !
Quel dommage que la coupe d’Europe ne puisse pas être partagée
entre deux équipes…
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