Nous évoquions mercredi les
négociations entre Merkel et son opposition sur la ratification du pacte
budgétaire et du Mécanisme de Secours (MES) qui l’accompagne, conçus, rappelons-le,
par Sarkozy et Merkel.
Eh bien ! Cela n’aura pas
tardé. L’accord a été conclu jeudi
avec les principaux partis allemands, dont les socialistes du SPD (et
les Verts aussi, d’ailleurs).
Comme prévu, la chancelière accepte la taxe sur les
transactions financières, sur le modèle proposé par la commission européenne.
Cet impôt sera effectif dès lors que neuf Etats de la zone euro l’auront
également adopté.
L’accord prévoit l’augmentation des moyens de la BEI et
les "Project bonds " (voir notre chronique de mercredi). Il
confirme également l’instauration d’une règle d’or budgétaire, avec des
sanctions en cas de non-réalisation des objectifs qui entrera en vigueur le 1er
janvier 2013, si douze Etats au moins l’ont, à cette date, également adoptée.
Pas question, en revanche, des Eurobonds pour mutualiser
la dette ni de compétences nouvelles de la Banque centrale européenne pour lui
permettre de prêter aux Etats, deux exigences prioritaires de Hollande.
Tout a donc été verrouillé avant la réunion des chefs
d’Etat et de gouvernement les 28 et 29 juin (avant également la rencontre
Merkel, Hollande, l'espagnol Rajoy et l'italien Monti, à Rome ce vendredi, réunion organisée pour ...préparer le sommet !).
Rien ne sera donc changé dans le texte qu’avait signé
Sarkozy. Et Hollande ne tiendra pas son engagement de renégocier le traité. Il
lui faudra bien procéder à sa ratification tel qu’il est.
De quoi va-t-on alors parler lors du sommet ? Du plan
d’accompagnement des investissements de 120 milliards que nous évoquions mercredi
(BEI et Project bonds). En réalité, son montant dépendra de la mobilisation du
secteur privé au profit de qui ces facilités seront offertes.
On pourra aussi discuter du nom à lui donner ("Pacte de
croissance", ce serait bien). L’honneur est sauf.
Vraiment ?
Pour notre part, nous considérons que le verrouillage
préalable et unilatéral par l’Allemagne est une humiliation pour la France.
Quel dommage de jouer « petit bras » ! Il
est encore temps. Il y a, pour la France, une opportunité historique.
Plutôt que de refuser la rigueur et de chercher à faire
payer l’Allemagne, doublons-la sur son propre terrain. Elle veut plus de
fédéralisme ? Banco !
Proposons-lui une véritable union, monétaire, bancaire,
fiscale, budgétaire.
L’Allemagne fait peur et n’est pas aimée mais on se souviendra
que la France est à l’origine de l’idée européenne.
Jamais un gouvernement n’a eu autant les mains libres pour
faire enfin l’Europe et sortir de l’impasse actuelle par le haut.
Allons même plus loin, proposons aux allemands ce qui leur
manque pour être une vraie grande puissance. Offrons-leur de partager notre
force nucléaire dans un « Pacte de défense ».
Sur une seule initiative, la France redevient maître du
jeu en Europe.
Monsieur le Président, nous vous en conjurons. La campagne
électorale est terminée. Vous avez prouvé que vous étiez un bon politique. Vous
pouvez, aujourd’hui devenir un homme d’état.
Il vous
reste à inventer le socialisme français.
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