On nous dira qu’il faut attendre
dimanche prochain, que rien n’est joué, que les français peuvent se mobiliser,
amplifier ou corriger…En fait, le résultat est clair et il est peu probable que
le second tour inverse les résultats du premier. On en vient à se demander si ce
n’est pas une mauvaise idée que d’organiser, à une telle date, cette élection,
qui aura pollué la vie politique française et bridé l’action du nouveau
gouvernement (en dehors des mesures électoralistes) tout au long des 6 semaines
qui auront suivi l’élection présidentielle.
Quelques constatations et
commentaires :
Première constatation, la victoire de
l’ensemble des forces de gauches est incontestable : plus de 47% des voix
contre 34%, ce qui leur donnerait, selon les estimations, entre 320 et 360
sièges à l’Assemblée.
Deuxième constatation, le PS est en en
passe d’obtenir, à lui tout seul, la
majorité absolue de 289 sièges (les estimations lui donnent entre 283 et 329
sièges).
Troisième constatation, la droite limite largement la
casse : elle obtient un nombre de voix équivalent à celui du PS, aux
alentours de 34%, avec une projection de sièges comprise entre 218 et 248.
Quatrième constatation, la
bipolarisation politique de la France est plus forte que jamais. PS ou UMP
restent l’unique alternative. Les autres mouvements sont réduits à l’état soit de
supplétifs soit de forces de nuisance. Les verts (5,3%) et le front de gauche
(6,6%) ne sont que des réserves de second tour pour le PS et le front national
(13,8%) n’a pour véritable ambition que de nuire à l’UMP.
Les commentaires :
1/ Si, comme c’est très probable, le
PS obtient à lui tout seul (avec les radicaux
et les chevènementistes), la majorité absolue, Hollande disposera de
tous les moyens pour mettre en œuvre sa politique. C’est une bonne
nouvelle : il en sera seul responsable et ne pourra invoquer aucune
excuse. Même pas la crise puisque la crise c’était Sarkozy et, comme le dit joliment Hollande, il
a déjà « anticipé » toutes les mauvaises nouvelles à venir. Cette
fois il aura du mal à nous faire le coup du « bilan ».
2/ Si l’on en croit les projections,
et même en retenant le haut de la fourchette, la gauche réunie n’aura pas la
majorité des 3/5èmes au congrès (députés et sénateurs). La France reste donc à
l’abri de mauvais coups constitutionnels. Pour des réformes idéologiques (ou
électoralistes) il faudra consulter le peuple par référendum. C’est la deuxième
bonne nouvelle.
3/ la droite n’est pas laminée, elle
fait même jeu égal avec le PS. C’est la confirmation de la surprise des
présidentielles et du score plus élevé qu’attendu de Sarkozy. Quand on se
souvient que le PS a axé sur campagne sur une condamnation violente et absolue
de Sarkozy et de l’UMP, responsables de « l’abaissement de la
France » on se demande ce qu’il faut penser d’un vainqueur qui soulève si
peu d’enthousiasme. Pourquoi alors une telle différence en nombre de sièges ?
Parce que le PS reçoit sans rechigner
les voix des verts, dont il est loin de partager le programme et du front de
gauche, avec qui il n’a rien en commun sauf le qualificatif de gauche. L’UMP,
en revanche, ne peut bénéficier des reports de l’extrême droite ce qui aboutit
à stériliser près de 20% de l’électorat. Malgré tout, il y aura une opposition
forte au parlement et c’est la troisième bonne nouvelle pour la démocratie.
4/ Enfin une dernière bonne nouvelle.
Notre démocratie mérite mieux beaucoup mieux que ce que l’on en dit souvent. Il
y a une constante dans la vie politique française : si l’on examine, au
niveau individuel, les politiciens et les citoyens on est tenté de se désoler
mais quand on regarde globalement les choix des français on a de bonnes raisons
de se consoler. Non seulement ils ont la logique de confirmer, sans excès, aux
législatives le résultat des présidentielles mais ils se préparent à
sanctionner trois chefs de parti qui l’ont bien mérité. Si tout se passe bien,
les Dupont et Dupond du populisme et de l’extrémisme, Mélenchon (c’est déjà
fait) et Le Pen (croisons les doigts), ainsi que Bayrou (l’homme qui a tué le centre en France),
seront privés de parlement.
C’est cela, la morale en politique.
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