Lors du derniers G20, au Mexique, le Premier
ministre britannique a déclaré : «Quand la France instituera un taux de
75% pour la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu nous déroulerons le
tapis rouge, et nous accueillerons plus d’entreprises françaises, qui paieront
leurs impôts au Royaume-Uni …Cela paiera nos services publics et nos écoles».
Humour britannique, message à
l’intention des français candidats à l’exil, façon d’attirer encore plus
d’investissements en Grande Bretagne, ou offensive de la droite européenne
contre les socialistes français dont la victoire constitue une menace ?
Tout cela sans doute, plus une bonne dose de mauvaise éducation.
Hollande et Sapin se sont essayé à
l’humour français et ont tenté de traiter cette sortie par l’indifférence mais
Cameron a touché là où ça fait mal.
Parce qu’il n’y a pas que la droite
européenne qui s’interroge sur la politique du nouveau pouvoir français, c’est
à peu près unanime tant du côté des institutions européennes que des
organisations internationales et des sociaux-démocrates de tout poil. Ils sont
partagés entre l’incrédulité et l’amusement, quand ils ne sont pas atterrés,
tout simplement. Voilà un pays frappé par la crise, sans croissance et avec un
chômage qui ne cesse de croître. Un pays qui a le record en matière de dépenses
publiques, de charges sociales, de fiscalité et dont les priorités sont de
revenir sur l’âge de départ à la retraite, d’embaucher des fonctionnaires,
d’augmenter les charges qui pèsent sur les entreprises et les impôts, sans jamais
envisager de baisser les dépenses. Franchement, est-il étonnant que cela nous
vaille quelques réflexions ?
Parce qu’il n’y a pas que le mot de
Cameron. Merkel est à peine plus diplomate et encore plus sévère quand elle accuse
les «donneurs de leçons» coupables de
vouloir relancer la «croissance à la pompe» : «Le faux débat entre la
croissance et la rigueur budgétaire, c'est n'importe quoi!», quand, à propos de
la proposition française de lancer des
euro-obligations pour mutualiser la dette, elle indique que cela «mènerait
l'Allemagne à la médiocrité». Et, pour être sûre d’avoir été bien comprise,
elle ajoute : « L'Europe doit discuter des différences croissantes
entre les économies française et allemande », précisant que l'Allemagne est
le « pôle de stabilité et le moteur de la croissance » en Europe.
Difficile de prendre cela pour de
l’humour.
S’attirer une volée de bois vert par
l’Allemagne et la Grande-Bretagne, un mois après son arrivée au pouvoir, n’est
pas banal. On peut toujours considérer que c’est nous qui avons raison et
revendiquer l’antériorité de Cambronne. Mais on ne peut pas prétendre que
Waterloo fut une victoire française.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire