La question que nous posons ici n’est pas de
savoir si la Grèce va sortir de l’euro, ni quand. Mais comment peut-on se
retirer de la zone euro ? Pour ceux que le sujet rebute, ils pourront se
contenter de cette simple réponse: personne n’en sait rien. Ou s’en tenir à la
réponse juridique: c’est impossible! Ce n’est pas prévu par le Traité de
Lisbonne, la constitution européenne. Une fois que l’on est entré dans la zone
euro, on ne peut plus en sortir…
En revanche, le Traité prévoit (art.5) qu’un
Etat peut se retirer de l’Union européenne mais c’est une procédure très longue
(il est prévu une période transitoire de 2 ans) et très compliquée qui implique
la négociation d’un accord fixant les modalités du retrait, lequel doit être
accepté par le Conseil européen à la majorité qualifiée (55% des membres
représentant 65% de la population européenne), après approbation du Parlement
européen. Il est clair que cette procédure est inenvisageable dans le cas de la
Grèce à qui le temps est compté.
Comment les choses pourraient-elle donc se
passer?
Soit, les généreux mécènes (on les appelle la
Troïka: Union européenne, BCE et FMI)
continuent de payer à fonds perdus ce qui entrainerait une très forte hausse de
la dette des Etats membres. Alors, oui, on pourra se passer de Pacte de
stabilité budgétaire ; alors, non, inutile d’envisager un pacte de
croissance. C’est la récession garantie.
Soit, ayant constaté que la Grèce n’est pas en
mesure d’appliquer les plans de redressement qui lui sont imposés et l’on coupe
le robinet de l’aide. Tout irait alors très vite, l’Etat grec se trouvant
immédiatement en cessation de paiement, ne règlerait plus les salaires des
fonctionnaires, ni aucune autre dépense publique, d’ailleurs. Dans le même
temps, le système bancaire qui a subi un retrait massif des dépôts,
s’effondrerait, paralysant la vie économique.
Impensable évidemment. Alors on oublie les
traités et, de manière unilatérale la Banque centrale de Grèce reprend son
autonomie et émet sa propre monnaie nationale: la nouvelle drachme. Cela
remettrait de la liquidité dans l’économie et permettrait à la machine de
repartir mais les conséquences seraient dramatiques: dévaluation massive,
inflation galopante, doublement de la dette en euro. La Grèce se trouvant en
défaut sur le paiement de sa dette perdrait toute capacité d’emprunt sur les
marchés internationaux et redeviendrait un pays sous-développé.
L’union européenne aurait alors à régler un
sérieux problème : que fait-on de la Grèce ? Le traité prévoit qu’un pays
peut se retirer de l’union mais ne prévoit aucune possibilité d’exclusion.
Evidemment on pourrait conclure un nouveau traité sans la Grèce mais il
ressemblerait fort à un avis de décès.
Donc ? Et bien il faudra faire preuve
d’imagination, de réactivité et de courage. Comme Nicolas Sarkozy et Gordon
Brown en 2008, qui ont en quelques jours sauvé le monde de la plus grave crise
financière jamais connue. La parole sera aux politiques et ils devront composer
avec le droit et les traités pour trouver une solution dérogatoire pour la
Grèce.
Ca coûtera combien? Là non plus personne n’en
sait rien. Difficile de mesurer la facture pour les Etats membres. Assurément
plusieurs centaines de milliards d’euros auxquels il faudra ajouter les
pertes du secteur privé, banques, assurances, entreprises…
Evidemment, un tel choc se répercutera
immédiatement au niveau mondial qui subira, à son tour, les conséquences de la
crise européenne, comme nous avions, en 2008, supporté les conséquences de la
crise bancaire américaine. Sauf que, maintenant, il n’y a plus de réserves ni
de marges d’endettement.
Certains penseront que nous
exagérons et que le pire n’est jamais sûr. C’est possible. D’ailleurs, il aura
suffi d’observer les visages hilares des grands de ce monde sur le Super-huit
du Park de loisirs de Camp David pour être rassurés. Enfin, sauf Angela qui
avait l’air terrorisé sur le toboggan… Pour elle, les montagnes russes sont
devenues des montagnes (de dettes) grecques.
Mais pas de panique, pour
l’instant on se concentre sur la croissance et l'on va donc renégocier le
Pacte budgétaire afin d’y inclure un volet croissance.
Il vaudrait mieux y introduire
une "clause d’exception", technique que connaît bien Hollande. Parce
si quelqu’un croit vraiment que l’on sera à 3% de déficit budgétaire en 2013 et
0% en 2017 qu’il lève le doigt.
On sait, pourtant, depuis
l’antiquité, qu’il ne faut jamais recevoir ni faire de cadeaux aux grecs (1)…
(1) voir :
http://www.agv-solferino2012.com/2011/11/timeo-danaos-et-dona-ferentes.html
(1) voir :
http://www.agv-solferino2012.com/2011/11/timeo-danaos-et-dona-ferentes.html
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